L’engorgement de la chaine de logistique constitue un des plus gros défis économiques actuels. Depuis ces deux dernières années, les capacités de production et de transport sont soumises à rude épreuve et semblent être impactés par des causes diverses.
La chaine d’approvisionnement continue de s’essouffler
Vers un mouvement de bascule de la Supply chain
Le confinement à Shanghai a provoqué un mouvement de repli sur la province du Zhejiang. Pointant au sommet du classement mondial en matière d’exportation de marchandises depuis 2009, le port de Ningbo-Zhoushan s’efforce de maintenir la cadence. Sur tout le pourtour de la mer du Nord, de nombreux paquebots contenant d’importantes cargaisons stationnent le long des ports à Antwerp, Rotterdam, Bremehravan, Hambourg. Cette situation de sursaturation des ports voisins a entrainé un appel d’air en direction des ports français, qui ont progressivement enregistré un trafic à la hausse. Le Trésor Public enregistre avec un sursaut de +16%1 des importations de produits électroniques en provenance de Chine.
Le conflit en Ukraine détient également un certain degré d’implication dans la bonne marche de la supply chain. Les sanctions et embargos sur certaines matières premières rendent la situation encore plus délicate actuellement et sur le long terme. Ainsi, les activités maritimes sont fortement impactées par la situation et de la même manière, la production de Gaz de néon dans la région de l’Odessa pour laquelle le marché des processeurs est dépendant a été frappée d’un arrêt complet de la production.
La production européenne qui resserre les rangs
Les situations de crise systémiques de cette envergure sont annonciatrices de grands bouleversements qui généralement affaiblissent les capacités de production. L’état de l’offre reste complexe à analyser pour le moment tant elle résulte d’une multitude de facteurs en jeu.
Les entreprises européennes qui sont sensiblement dépendantes de matières premières, de produits intermédiaires et de divers composants n’ont pas d’autres choix que d’anticiper la réalité du marché et de planifier autant à l’avance que possible. Ainsi, en 2021, 43% des industriels européens2 ont mentionné que la crise de la logistique avait sévèrement impacté leur modèle de production. Face à ce constat généralisé, les industriels français démontrent une certaine résistance en absorbant les risques financiers et en faisant levier sur un niveau de production qui semble limiter les risques.
Les entreprises en Italie, Autriche et Pays-Bas présentent un constat nettement plus alarmant avec des modalités d’arrêt forcé de production en Suisse. L’Allemagne semble être particulièrement pessimiste au regard de la situation. À la différence d’une moyenne de 11% pour les entreprises européennes, 20% des entreprises allemandes ne voient pas d’immédiats signe d’encouragement à l’horizon.
Sur la méthode du juste à temps, les Européens restent assez sceptiques. Les gros industriels français s’orientent vers une stratégie de robotisation pour compenser sur la perte de compétitivité liée aux prix des matières premières et réduire l’exposition aux risques liés aux déséquilibres de la logistique.
Quelles alternatives face à cette logistique déliquescente ?
Diversifier la chaine de logistique reste tout à fait possible pour certains produits, mais dans la majorité des cas il s’agit d’un processus de longue haleine. Décider d’opter pour un nouveau fournisseur en processeur est une action qui peut prendre jusqu’à une année à monter.
Par conséquent, certaines entreprises ont pris les devants et ont décidé de gonfler leur niveau de stock. Le poids de l’urgence climatique et les revendications grandissantes des consommateurs viennent à impulser un nouvel élan plus éco-responsable. Selon un rapport de Generix 87% des consommateurs français désirent investir dans des modes de livraisons plus soucieux de l’environnement.
Des initiatives de productions locales ont émergées en France mais se sont très vite répandues au niveau européen pour protéger les industries des incertitudes liées à la fragilité de la logistique telles que l’utilisation de l’intelligence artificielle pour optimiser la gestion des stocks et pour repenser le modèle de production en un circuit local ainsi que la relocalisation de la production en France et en Union européenne.
L’environnement économique post-covid qui est offert aux entreprises françaises et européennes reste une situation à multiples variants. En effet les causes sont multiples et pour la plupart difficiles à prévoir ni même à éviter. Le marché de l’électronique, de toute évidence n’a pu passer au travers des mailles du filet. Cependant, les industries françaises ont su cerner l’importance de se concentrer sur les éléments dont ils ont le contrôle afin de s’adapter rapidement aux nouvelles réalités du marché. L’étendue des perturbations amène vraisemblablement une dégradation des infrastructures et du marché de l’énergie. Mais cette réalité réinvente les modèles et invite les opérateurs économiques à se diriger vers une production plus intelligente, plus robotisée, plus connectée et plus courte. La réponse proviendra probablement d’un élan européen à la hauteur du défi.
Sources :
Les ports européens inquiets de la congestion du trafic maritime à Shanghai (rfi.fr)
Pourquoi les ports français doivent changer de catégorie (usinenouvelle.com)
Ukraine : l’arrêt de la production de néon inquiète le monde de l’informatique - Le Point
La digitalisation de la logistique est indispensable pour la rendre responsable (journaldunet.com)
En 2022, la visibilité sera la clé de l'efficacité de la supply chain (journaldunet.com)
2 Selon une étude reichelt elektronik