Superprofits : après ExxonMobil, Shell enregistre un record absolu

Les « superprofits » des compagnies pétrolières, que Bruno Le Maire avait jugé ne pas exister, se confirment de plus en plus chaque jour. Après l’américaine ExxonMobil, dont les bénéfices 2022 ont été critiqués par Joe Biden en personne, la britannique Shell fait plus fort. Le groupe a enregistré le plus haut bénéfice annuel de son histoire longue de plus de 100 ans.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 3 février 2023 à 10h18
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Superprofits : après ExxonMobil, Shell enregistre un record absolu - © Economie Matin
120 DOLLARSEn mai 2022 le prix du baril de pétrole a dépassé les 120 dollars.

ExxonMobil double son bénéfice en 2022

L’invasion de l’Ukraine par la Russie, et la guerre qui s’en est suivie et qui continue depuis quasiment un an, font le bonheur des compagnies pétrolières. Cumulée à la reprise de l’activité économique mondiale à la suite de la fin des restrictions concernant la Covid-19 (mais pas de la pandémie qui continue), la situation géopolitique permet aux compagnies pétrolières d’enregistrer des superprofits et de battre des records historiques.

ExxonMobil, le 1er février 2023, confirme la tendance. Le pétrolier américain a enregistré en 2022 un bénéfice net de 55,7 milliards de dollars. Or, c'est un record historique : le bénéfice est plus que doublé. En 2021, le résultat net du groupe avait été d’un peu plus de 22 milliards de dollars.

Mieux : le précédent record d’ExxonMobil datait de 2008, au début de la crise économique des subprimes. Mais là aussi, rien de comparable avec les superprofits de 2022. Le record de 2008 est battu de 10 milliards de dollars en 2022.

Superprofits : Joe Biden s’en mêle, contrairement au gouvernement français

Si les pétroliers voient leurs bénéfices exploser, c’est à cause de la hausse des prix du pétrole. En 2022 ils ont atteint des records, franchissant régulièrement les 100 voire 120 dollars le baril. Pour Joe Biden, président des États-Unis, c’est simple : c’est parce que les compagnies pétrolières veulent verser des dividendes aux actionnaires qu’elles n’augmentent pas la production de pétrole. Et ce serait pourtant la solution : augmenter la production reviendrait à faire baisser le prix du baril en Bourse, et donc les prix des carburants par la même occasion.

La Maison Blanche s’est même dite « outrée » par les bénéfices des pétroliers. Une position diamétralement opposée de celle du gouvernement français. Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, avait assuré devant le Medef ne pas savoir ce qu’était un « superprofit ».

Finalement, et parce que l’Union européenne est intervenue sur le sujet, une « contribution de solidarité sur les profits des groupes énergétiques » a été mise en place. Au grand dam de l’exécutif français et du Sénat, à majorité de droite, qui étaient opposés au principe.

Shell confirme à son tour l’ère des superprofits

Reste que l’Union européenne a vu juste. Le pétrolier britannique Shell a publié à son tour des résultats record pour l’année 2022, le 2 février 2023. Le bénéfice net atteint 39,9 milliards de dollars : le double de 2021. Le résultat est même tout simplement le plus élevé depuis… 115 ans, et la création de l’entreprise.

Au Royaume-Uni, la publication des résultats record de Shell a pris une toute autre ampleur à cause du Brexit. Sortis de l’Union européenne, les Britanniques ont été moins protégés face à l’explosion du prix des carburants, de l’électricité et surtout du gaz. La facture énergétique moyenne annuelle a été plafonnée, mais à un niveau élevé : 2.500 livres sterling, soit 2.800 euros, en 2022. Un plafond attendu à la hausse dès avril 2023. Il pourrait atteindre 3.000 livres, soit plus de 3.300 euros.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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