Avec une dette qui explose et un déficit public qui dérape en 2023, le gouvernement a annoncé que les Français devront se préparer à un budget d’austérité. S’il refuse d’utiliser le terme, préférant jouer sur les mots entre « État-providence » et « État protecteur », le principe est le même : l’exécutif veut faire des dizaines de milliards d’euros d’économies entre 2024 et 2025. Quant aux superprofits des entreprises, notamment les énergéticien et le CAC 40, ils continuent d’être protégés par le gouvernement.
Superprofits : toujours pas de taxation à l’horizon
Les superprofits : faut-il les taxer ?
La taxation des superprofits est revenue sur le devant de la scène après les résultats record du CAC 40 qui a versé, en trois ans, plus de 400 milliards d’euros de dividendes aux actionnaires. Ce concept, qui semble à première vue offrir une solution pour contrer le déficit public record, a été évoqué par Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale. Macroniste, elle prend le contre-pied du discours de l’exécutif… ce qui n’a pas manqué de faire réagir le gouvernement.
Yaël Braun-Pivet, a repris à son compte l’idée de taxer davantage les entreprises bénéficiant de marges exceptionnelles, notamment dans le contexte actuel de reprise économique post-COVID-19, afin de créer une source de revenu supplémentaire pour l'État. En bref : la taxation des superprofits n’est plus taboue chez elle, alors que le gouvernement était allé jusqu’à déclaré qu’il ne savait pas ce qu’étaient ces superprofits. « Ça me paraît en tout cas être quelque chose qu’il faut poser dans le débat. »
Bruno Le Maire protège encore les superprofits des entreprises
La réponse du ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, ne s'est pas faite attendre. Dès vendredi 22 mars 2024, le même jour que les propos de Yaël Braun-Pivet, il a été clair « Il ne s’agit pas de dévier de notre ligne de politique économique qui a donné des résultats, qui sont de très bons résultats ». Comprenez : pas de taxation des profits des grandes entreprises. Quant aux « résultats » évoqués, difficile de savoir de quoi il s’agit : si les entreprises battent record sur record, le chômage augmente, la croissance stagne et la dette explose.
« La responsabilité, ce n’est ni l’austérité, ni le laisser-aller », a-t-il affirmé, bien que 30 milliards d’euros d’économies soient annoncés et que la Cour des Comptes estime qu’il faudrait économiser 50 milliards d’euros. « Réduire la dépense publique là où elle n’est pas efficace pour revenir sous 3% de déficit en 2027, nous tiendrons cette ligne coûte que coûte. »
Pas de fiscalité exceptionnelle malgré les résultats record
Le gouvernement semble donc opter pour une stratégie de prudence, privilégiant la stabilité fiscale et économique. Le refus de taxer les superprofits découle d'une vision à long terme où la compétitivité des entreprises françaises et l'attractivité du territoire national doivent être préservées. Bruno Le Maire insiste sur l'importance de soutenir les entreprises dans leur développement et de favoriser l'emploi, plutôt que de les pénaliser par des mesures fiscales exceptionnelles.
Néanmoins, une taxation exceptionnelle est prévue : la CRI, contribution sur la rente inframarginale. Un dispositif qui permettrait « une récupération des rentes qui ont pu être faites par les énergéticiens parce que les prix ont flambé ». Mais pas question de taxer Bernard Arnault, Carlos Tavares et autres géants français dont les marges explosent et qui distribuent de l’argent massivement aux actionnaires et, surtout, aux patrons. Luca de Meo, patron de Renault, s’est octroyé une augmentation de 30% de son salaire, alors que les salaires des employés stagnent...