Stellantis : production à l’arrêt, grève historique… rien ne va plus

Le 18 octobre 2024, Stellantis a été confronté à une grève massive en Italie, marqué par l’arrêt complet de plusieurs de ses usines. L’ampleur de cette grève est sans précédent dans l’histoire récente du groupe. La raison ? Le constructeur est engagé dans une restructuration stratégique qui pourrait bien conduire à des licenciements voire des fermetures de sites.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 21 octobre 2024 à 9h50
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6%Stellantis a vu son chiffre d'affaires grimper de 6% en 2023.

Un coup dur pour Fiat, la marque historique italienne qui a fusionné avec PSA sous l’égide de Carlos Tavares.

Stellantis : une grève déclenchée par l'arrêt prolongé de plusieurs usines

La grève des ouvriers de Stellantis est devenue historique avec la paralysie de l'usine de Pomigliano d'Arco, située près de Naples, où est produite la Fiat Panda. La décision de mettre en pause la production de ce modèle emblématique à peine relancé paraît un signal inquiétant par les travailleurs et les syndicats. En effet, le constructeur avait déjà annoncé que l'usine de Termoli, responsable de la production du moteur Fire pour des modèles phares de Jeep et Fiat, suspendrait son activité du 11 au 24 novembre 2024.

À cela s'ajoutent les arrêts prévus pour les moteurs GSE, destinés à équiper les Fiat Panda et 500, ainsi que des moteurs plus puissants pour les modèles Alfa Romeo et Maserati. Un arrêt de la production qui a des conséquences sur les différentes chaînes de production. Selon la direction, cette décision traduit la volonté de Stellantis de « s'adapter aux conditions de marché actuelles tout en garantissant une gestion efficace des ressources ». Pour les syndicats, c’est surtout un avant-goût de la casse sociale que préparerait le groupe malgré les subventions obtenues de l’État italien et les garanties sur l’emploi.

Le tout électrique en cause selon Stellantis

Le mouvement de grève s’explique par la grogne face aux décisions stratégiques de Stellantis, prises pour faire face à une baisse de la demande de véhicules électriques en Europe. La production de la Fiat 500e avait déjà été mise en pause jusqu'au 1er novembre 2024 dans l'usine historique de Mirafiori, dans le nord de l'Italie.

Les syndicats, dont les leaders de Fim, Fiom et Uilm, ont dénoncé une gestion de crise perçue comme insuffisante, tandis que les travailleurs expriment des craintes pour l'avenir de leurs emplois. Le cortège de la grève, lancé depuis la Piazza Barberini à Rome, a réuni des centaines d’ouvriers venus de tout le pays. Leur slogan, "Cambiamo marcia: acceleriamo verso un futuro più giusto" ("Changeons de vitesse : accélérons vers un futur plus juste"), est une demande de changement dans les relations de travail.

Stellantis demande (encore) l’aide de l’État italien

Les répercussions de cette grève ne se limitent pas à l’Italie. En effet, Stellantis a également annoncé une baisse de 20 % des livraisons de véhicules à son réseau de concessionnaires et aux flottes d'entreprises au troisième trimestre 2024, par rapport à la même période de l'année 2023. La situation est particulièrement critique en Amérique du Nord, où les ventes ont chuté de 36 %, tandis qu’en Europe, la baisse atteint 17 %.

Face à cette situation difficile, le PDG Carlos Tavares a pris la parole au Parlement italien le 11 octobre 2024 pour demander des mesures de soutien et des incitations financières pour accélérer la transition vers l'électrique. Lors du Salon de l'Auto de Paris, il a néanmoins affirmé que toutes les usines italiennes disposaient d'un plan d'activité jusqu'en 2032. Mais rien n’est joué, surtout que les relations entre Stellantis et le gouvernement de Giorgia Meloni en Italie sont très tendues.

L’Italie s’inquiète du projet de Stellantis

Les récentes fermetures temporaires des usines visent à réguler la production et à préserver les ressources, mais elles mettent également en lumière les difficultés de l’industrie automobile à gérer une transition accélérée vers l’électrique. Le PDG n'exclut désormais pas la fermeture définitive de certaines usines si la conjoncture ne s'améliore pas, ce qui risque de crisper encore plus le gouvernement italien.

John Elkann, président de Stellantis, a quant à lui tenu un discours lors du 50e anniversaire du groupe des dirigeants de Fiat. Il a souligné la nécessité de « faire preuve de courage face aux défis difficiles sans jamais abandonner », tout en rappelant l’importance de l'engagement collectif pour surmonter cette période critique.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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