Carlos Tavares, figure de l’industrie automobile et notamment de Fiat et PSA, a brutalement quitté ses fonctions à la tête de Stellantis le 1er décembre 2024, soit avec effet immédiat. Ce départ, officialisé par un communiqué de presse de l’entrperise, a été attribué à des « divergences de points de vue » avec le conseil d’administration, présidé par John Elkann. Stellantis, qui regroupe 14 marques emblématiques comme Peugeot, Jeep et Fiat, se trouve désormais à un carrefour délicat.
Automobile : chez Stellantis, démission surprise de Carlos Tavares
Automobile : Stellantis souffre d’une baisse des ventes
L'année 2024 a été particulièrement difficile pour Stellantis. Le groupe a enregistré un recul significatif de ses ventes en Amérique du Nord, avec une baisse de 18 % au premier semestre. Cette région, qui génère habituellement l'essentiel de ses profits grâce à des marques telles que Ram et Dodge, a été touchée par un ralentissement des ventes, en partie dû à une gamme vieillissante et à la montée en puissance des constructeurs asiatiques. Sur le plan financier, les conséquences sont nette : une réduction de la marge opérationnelle, passant sous les 8 % dans certains segments, contre 11 % en 2023.
Ces contre-performances s’inscrivent dans un contexte où Stellantis investit massivement dans la transition énergétique et les voitures électriques. Les efforts de Carlos Tavares pour faire évoluer le groupe vers l’électrification se sont traduits par des investissements colossaux, notamment dans le développement de batteries et d’usines de production dédiées. Pourtant, ces initiatives ont été confrontées à des obstacles, comme des retards dans l'approvisionnement en matières premières critiques, une pression croissante des régulateurs européens et des marges plus faibles sur les véhicules électriques, qui peinent à compenser les revenus générés par les modèles thermiques.
Carlos Tavares victime de la transition énergétique à marche forcée ?
Au-delà des défis économiques, des tensions internes ont émergé concernant le rythme de cette transition. Le conseil d'administration, désireux d'accélérer l'adoption des technologies électriques, aurait exprimé des réserves sur la stratégie prudente et méthodique de Carlos Tavares. Ces désaccords auraient été exacerbés par la perception d'une gestion trop centralisée de sa part, ce qui a pu freiner l'autonomie des différentes entités du groupe. « Le conseil d’administration de la société, réuni ce jour sous la présidence de John Elkann, a accepté la démission de Carlos Tavares », écrit donc Stellantis dans un communiqué de presse diffusé le 1er décembre 2024. « À un peu plus d'un an de l'échéance d'un contrat de cinq ans signé en janvier 2021, il est tout à fait normal qu'un conseil d'administration se penche sur le sujet avec la nécessaire anticipation au regard de l'importance du poste, sans que ceci présage de discussions futures. »
Le départ de Carlos Tavares survient alors que Stellantis traverse une « période de transition très chahutée », selon ses propres termes. Le groupe doit composer avec des défis industriels, dont une rationalisation des capacités de production en Europe et une adaptation aux nouvelles attentes des consommateurs. En France, si Stellantis a confirmé qu'aucune fermeture d'usine n'était prévue à court terme, le risque plane, comme partout ailleurs en Europe.
Industrie automobile : qui pour prendre les rênes de Stellantis ?
En l’absence de successeur immédiat, John Elkann a pris temporairement les rênes, en supervisant un comité exécutif intérimaire. Cette transition, prévue jusqu'à la nomination d'un nouveau directeur général au premier semestre 2025, pourrait inquiéter sur la stabilité stratégique du groupe. Les marchés financiers, déjà ébranlés par les résultats décevants de 2024, pourraient réagir avec une prudence, ce qui toucherait directement la valorisation boursière de Stellantis. La Bourse semble déjà se distancier de Stellantis : depuis le début de l’année 2024, le cours de l’action a chuté de 40 %, retombant sous les 15 euros l’unité et retrouvant le niveau de 2021 au moment de la création du groupe.
Le défi pour le futur dirigeant du constructeur Stellantis sera de concilier la poursuite de l'électrification, le redressement des ventes en Amérique du Nord et une gestion plus inclusive des parties prenantes internes. Le départ de Carlos Tavares, salué pour son pragmatisme et sa rigueur mais vivement critiqué pour son salaire mirobolant, laisse un vide difficile à combler. Stellantis doit désormais prouver sa résilience dans un secteur en crise.