Stellantis : pourquoi la production en France baisse de 20 % en 2024

Le groupe Stellantis, fleuron de l’industrie automobile européenne, a récemment annoncé une réduction de 20 % de sa production en France pour l’année 2024. Cette décision, révélée le 26 novembre, marque un tournant critique pour un secteur en pleine mutation, confronté à des enjeux de compétitivité, d’adaptation aux nouvelles normes environnementales et de transformation technologique.

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Par Nicolas Egon Publié le 27 novembre 2024 à 11h30
Stellantis : pourquoi la production en France baisse de 20 % en 2024
Stellantis : pourquoi la production en France baisse de 20 % en 2024 - © Economie Matin
20%La production de véhicule a baissé de 20% entre 2023 et 2024

Une production en chute libre : les chiffres clés

Selon des données officielles, Stellantis prévoit de produire 605 000 véhicules dans ses usines françaises cette année, contre 766 000 unités initialement prévues. Cette baisse de près d’un cinquième représente un signal alarmant pour une industrie déjà fragilisée. Alors que les autres constructeurs européens tentent de s’adapter au virage électrique, Stellantis semble accuser un retard stratégique.

Plusieurs facteurs structurels expliquent cette décision. Tout d’abord, la chute de la demande pour les véhicules thermiques, alors que l’Union européenne impose un calendrier drastique pour l’élimination progressive des moteurs à combustion. En parallèle, les surcoûts liés aux réglementations environnementales, conjugués à l’explosion des prix des matières premières, mettent les usines françaises en difficulté face à la concurrence internationale.

Une source interne évoque également des choix stratégiques qui privilégient des sites hors d’Europe pour certaines productions, notamment en Amérique du Nord et en Asie. Cette orientation soulève des questions sur la pérennité de l’emploi industriel en France.

Maintien des usines : un engagement sous condition

Malgré cette annonce, Stellantis a tenu à rassurer ses employés et partenaires. La direction a confirmé qu’aucune fermeture d’usine n’est prévue à court terme en France, tout en s’engageant à maintenir une activité industrielle au moins jusqu’en 2027. Cependant, cet engagement est perçu par les syndicats comme une garantie à court terme, insuffisante pour rassurer les territoires dépendants de ces sites.

À Douvrin (Pas-de-Calais), les inquiétudes restent vives. L’usine, spécialisée dans les moteurs thermiques, verra une partie de son personnel transférée vers une nouvelle ligne de production de batteries électriques opérée par la coentreprise ACC (Automotive Cells Company). Pourtant, seuls 50 salariés ont été retenus pour intégrer ce nouveau projet, laissant planer le spectre de licenciements.

Transition énergétique : un virage mal préparé ?

La situation de Stellantis illustre les difficultés de l’industrie automobile française à embrasser pleinement la transition énergétique. Si certains sites, comme celui de Poissy (Yvelines), continuent de produire des modèles hybrides et électriques, la lenteur de l’adaptation est critiquée. La CFE-CGC, principal syndicat du groupe, appelle à des investissements massifs dans la recherche et le développement pour préserver la compétitivité de l’industrie en France.

De plus, l’absence de nouveaux modèles attribués à certaines usines, comme celle de Rennes, alimente les inquiétudes. « L’industrie française risque de perdre la bataille du véhicule électrique face à ses voisins européens », déclare un économiste spécialisé dans le secteur.

Les conséquences pour l’économie française

La baisse de production annoncée par Stellantis pourrait avoir des répercussions importantes au-delà de l’entreprise elle-même. Avec plus de 50 000 emplois directs et des dizaines de milliers d’autres dans la sous-traitance, le groupe joue un rôle crucial dans le tissu économique de plusieurs régions françaises. Toute réduction de la production se traduit par une diminution des commandes pour les fournisseurs, un ralentissement économique local et une perte de compétitivité à l’échelle internationale.

Pour certains experts, cette annonce met en lumière les failles structurelles de l’industrie automobile française, souvent critiquée pour ses coûts de production élevés et sa lenteur à innover. En comparaison, l’Allemagne, malgré des défis similaires, semble mieux positionnée pour tirer parti de la transition électrique grâce à des plans industriels ambitieux.

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