Extrait du livre : Inflation, c’est quoi ? Pourquoi les prix montent ? 50 illustrations pour mieux comprendre.
Écrit par Batien Drut.
Illustré par Camille Aubry; DBS.
Extrait du livre : Inflation, c’est quoi ? Pourquoi les prix montent ? 50 illustrations pour mieux comprendre.
Écrit par Batien Drut.
Illustré par Camille Aubry; DBS.
La stagflation désigne une phase prolongée d'inflation élevée et de croissance économique déprimée, voir de récession, associée à un chômage important. Cette configuration est atypique, car il est peu courant que l'inflation et le chômage soient élevés en même temps : en effet, la courbe de Philipps associe le taux de chômage élevé à un taux d'inflation faible et inversement.
Le terme de stagflation est surtout associé aux années 1970 et au début des années 1980 qui avaient été marquées par les chocs pétroliers de 1973 et 1979. À l'époque, la forte hausse du prix de l'essence avait fait fortement augmenter l'inflation dans les pays développés et avait dans le même temps fortement pénalisé l'activité économique, car elle avait érodé le pouvoir d'achat des ménages et la profitabilité des entreprises. La persistance d'une inflation élevée durant les années 1970 aux États-Unis a parfois aussi été mise sur le compte d'une réaction trop molle de la Fed sous la présidence d'Arthur Burns, qui aurait laissé s'installer des anticipations d'inflation élevées.
Dans une situation de stagflation, c'est-à-dire d'inflation et de chômage élevés simultanément, les banques centrales sont placées devant un choix difficile. En effet, le fait de remonter les taux directeurs pour lutter contre l'inflation élevée à un effet négatif sur l'activité économique et fait donc monter un peu le taux de chômage.
En 1977, alors que l'inflation était encore élevée aux États-Unis (5% en 1976), le Congrès a décidé d'assigner à la banque centrale (la Réserve fédérale) à un double objectif : la stabilité des prix mais aussi l'emploi maximum. Mais très vite, avec le choc pétrolier de 1979, la nature « duale » du mandat de la Fed a posé problème car elle nécessitait la mise en place de politiques contradictoires. Paul Volcker, le nouveau président de la Fed à partir de 1979, a fait le choix très clair de la lutte contre l'inflation élevée en relevant les taux directeurs à 20%.
Devant le Congrès, Volcker a déclaré en 1981 : « Je me concentre sur la stabilité des prix parce que, selon moi, nous n'arriverons pas à remplir notre objectif de plein emploi sans avoir pris en main la partie « inflation » de notre mandat. Je ne pense pas que nous avons le choix dans les circonstances actuelles de recourir à l'arbitrage traditionnel d'obtenir un peu plus d'emploi en contrepartie d'un peu plus d'inflation ».
Après un pic en mars 1980, l'inflation a baissé lentement mais sûrement. Le taux de chômage a d'abord monté pour atteindre un pic en décembre 1982, avant de repartir lui aussi à la baisse assez rapidement.
Même si c'est deux récessions ont eu lieu sous sa présidence, Paul Volcker est souvent présenté comme l'homme qui a vaincu l'inflation élevée des années 1970 et certains banquiers centraux se sont inspirés de son exemple lors de l'accélération de l'inflation de 2022, notamment pour justifier le fait d'avoir l'intention de garder des taux d'intérêt élevés pour une période prolongée et d'éviter ainsi que ne s'installe une inflation persistante.