Standard & Poor’s a confirmé la dégradation de la note de la France, passant de AA à AA-. Cette décision, motivée par une détérioration de la position budgétaire, suscite de vives réactions et pose un sérieux casse-tête au gouvernement.
S&P dégrade la note de la France
L’agence de notation américaine Standard & Poor’s (S&P) a annoncé vendredi soir la baisse de la note de la France du troisième cran AA au quatrième AA-. Cette décision sanctionne une « détérioration de la position budgétaire » du pays. Jusqu'alors, la France bénéficiait d'une note AA, une appréciation positive mais assortie d’une perspective négative.
Dégradation budgétaire préoccupante
S&P justifie cette rétrogradation par un déficit budgétaire en 2023 supérieur aux prévisions initiales. L'agence s'attend à ce que le déficit ne revienne pas sous la barre des 3 % du PIB avant 2027. S&P, qui note la France depuis 1975, n'a révisé à la baisse son évaluation qu'à deux reprises. Elle avait retiré à la France son triple A emblématique en 2012, une note réservée aux meilleures gestions budgétaires, telles que celles de l'Allemagne et de l'Australie.
Bruno Le Maire, a tenté de rassurer en affirmant qu'il n'y aurait pas d'impact sur le quotidien des Français. « Notre stratégie reste la même : réindustrialiser, atteindre le plein-emploi et tenir notre trajectoire pour revenir sous les 3 % de déficit en 2027 », a-t-il déclaré au Parisien. Thomas Cazenave, ministre délégué aux Comptes publics, a également souligné l'importance de poursuivre le rétablissement des finances publiques.
La réaction des oppositions ne s'est pas fait attendre. Marine Le Pen, cheffe de file des députés du Rassemblement national (RN), a critiqué la gestion des finances publiques, qualifiant le gouvernement d'incompétent et arrogant. Éric Ciotti, président des Républicains, a dénoncé sur les réseaux sociaux la gestion financière de l’exécutif, tandis qu'Éric Coquerel, député insoumis, a prédit de nouvelles coupes budgétaires justifiées par cette dégradation.
La note de la France sous surveillance
La dégradation de la note française pourrait engendrer un mouvement de défiance des investisseurs et alourdir la charge de la dette. Malgré la rétrogradation à AA-, la capacité de la France à honorer ses échéances est tout de même jugée « très forte » par S&P.
Lors de sa dernière analyse en décembre, S&P avait averti que la France risquait une rétrogradation si elle réduisait ses déficits trop lentement ou si les intérêts d'emprunt dépassaient 5 % des recettes publiques. En comparaison, la France, auparavant notée comme la Belgique et le Royaume-Uni, affiche désormais une dette et un déficit public supérieurs à ses voisins, rejoignant ainsi des pays comme l'Estonie et la République tchèque en termes de notation.
Bruno Le Maire a réaffirmé que les déficits creusés depuis 2020 étaient dus aux dépenses liées à la crise du Covid-19 et au bouclier tarifaire sur l'énergie. « J'ai sauvé l'économie française », a-t-il martelé sur BFMTV, énumérant les secteurs sauvés, dont l'industrie, la restauration, l'hôtellerie, l'événementiel, ainsi que des entreprises comme Renault et Air France.
Pour 2024, le ministre prévoit 10 milliards d'euros de nouvelles coupes dans les dépenses de l'État, après avoir déjà économisé 10 milliards en début d'année. « Nous allons poursuivre exactement dans la même voie, sans accélérer ni ralentir, mais en tenant notre stratégie », a-t-il aussi déclaré. Les deux autres principales agences de notation, Moody’s et Fitch, ont pour leur part maintenu la note française en avril dernier, respectivement à Aa2 et AA−.