Soldes : il est temps de revoir nos habitudes de consommation !

Les périodes de soldes à l’image du Black Friday, mais aussi celles de janvier, approchant à grand pas, sont l’occasion de prendre conscience des enjeux de surconsommation qui persistent dans notre société. Aujourd’hui le moindre événement est prétexte à vendre plus, et la frénésie des promotions soulève par ailleurs des interrogations profondes sur le moment opportun d’effectuer des achats.

Julien Bruitte, Co Fondateur Et Ceo D’origami Marketplace
Par Julien Bruitte Publié le 9 janvier 2024 à 5h00
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soldes, france,c onsommation, changement, paradigme, economie - © Economie Matin
71%71% des commerçants ont opté pour des ventes privées ou promotions avant les soldes

Les plaintes suite au Black Friday mettent en lumière la nécessité de repenser le concept du "bon prix". Alors, ne faudrait-il pas commencer par le commencement et changer notre rapport à la consommation ?

La promotion ne peut plus être le seul moteur de la consommation

Nous en avons parcouru du chemin depuis les années 70, pour autant la consommation bat son plein. Entre ventes en ligne, l’extension de zones commerciales toujours plus aguerries en matière d’expérience client, l’incitation à la dépense ne cesse de croître. Si l’on veut arrêter de consommer de manière immodérée, ne faudrait-il pas commencer par arrêter de créer des occasions à tout va ? Il s’agit donc d’abord d’opérer d’un point de vue macroéconomique pour réussir à atteindre l’individu. Mais cette initiative est insuffisante si elle n’est pas complétée d’une démarche personnelle : cesser d’être dans une conso de compulsion et passer à une conso d’usage. L’achat doit être motivé par un véritable besoin, une réelle utilité.

De fait, de nouvelles pratiques ont dernièrement vu le jour, telles que le développement de la seconde main qui séduit de plus en plus de secteurs, aussi bien dans le B2C que le B2B. Les initiatives actuelles répondent-elles cependant complètement aux enjeux d’écoresponsabilité ? Nous atteignons peut-être les limites du modèle, notamment dans le domaine de la mode avec Vinted qui accélère le phénomène de fast fashion. En effet, l’accentuation de la tendance et l’attractivité des prix peuvent au contraire déclencher l’achat compulsif. Mais en même temps, l’adoption du concept en masse va permettre de recueillir de la data pour challenger les limites, tirer des leçons et faire bouger les lignes.

Adopter une nouvelle approche pour revenir à du raisonné et du raisonnable

La planète est arrivée à saturation. L’idée, ce n’est plus de questionner l’envie qui va satisfaire un besoin primaire de possession immédiate, mais la véritable utilité qu’il y a derrière l’acte d’achat. C’est la raison pour laquelle le consommateur doit également penser à l’après… La gestion du déchet devient donc capitale. Revente, recyclage, réutilisation dans l’enceinte du foyer, etc. Il est important de prendre en compte tous les paramètres pour être dans une logique vertueuse. La marque a également un rôle à jouer vis-à-vis de ses clients pour les aider dans cette approche de changement. Elle doit leur fournir des informations sur l’empreinte carbone mais également détailler ce que le prix comprend. Être plus transparent sur le prix de vente permet de faire un choix en connaissance de cause. C’est aussi l’idée de fournir les bons outils et services qui vont lui faciliter des démarches plus écoresponsables. Par exemple, proposer une offre de revente pour un produit de seconde main plutôt qu’un retour. Ou encore gratifier de bons d’achat les consommateurs qui souhaitent vendre leurs produits d’occasion. L’objectif étant de créer une véritable économie circulaire en y intégrant toutes les parties prenantes, y compris la logistique et placer l’acheteur au centre de cette nouvelle manière de consommer.

On peut ainsi sauver des produits de la destruction et a fortiori réduire notre impact environnemental, surtout quand on sait que l’industrie du textile est parmi les plus polluantes…. Cela peut se traduire par des actions fortes et qui plus est financièrement plus rentables. À titre d’exemple, la fermeture de Camaïeu aurait pu servir de tremplin à un commerce parallèle : les milliers de références invendues auraient pu être mises en vente sur une plateforme dédiée plutôt que d’atterrir chez les destockeurs.

Notre rapport à la consommation ne pourra changer qu’à condition de modifier en profondeur notre conception de l’achat. À cette fin, il faut déployer d’autres ressources en s’appuyant sur ce que l’on a pu apprendre. Trouver des verticales de consommation pour lancer le business de la seconde main dans des secteurs inexplorés permettraient d’élargir le scope à une population plus importante. Et si l’on parlait du vélo, du bricolage ou de l’équitation ?

Dans cette optique de changement, les marketplaces de seconde main apparaissent comme une solution permettant de réduire les coûts opérationnels des entreprises tout en réduisant leur impact environnemental. De plus, elles facilitent la gestion des surplus et invendus, limitant ainsi la nécessité de se débarrasser de produits. Les marques pourraient notamment envisager de proposer des réductions significatives sur les produits d'exposition ou les produits retournés, plutôt que sur les produits neufs.

Il est cependant important de noter que l'économie circulaire a largement gagné du terrain et devrait atteindre 335 milliards de dollars à l'échelle mondiale d'ici 2025, soit une croissance multipliée par 20 en seulement 10 ans.

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Julien Bruitte, Co Fondateur Et Ceo D’origami Marketplace

Cofondateur d’Origami Marketplace

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