Alors que l’État rabote les aides au photovoltaïque, certains acteurs s’émancipent avec audace. Et si l’autonomie énergétique ne passait plus par les subventions, mais par l’abonnement ?
Solaire sans subvention : Ensol réinvente l’autonomie énergétique résidentielle
Depuis le décret S21, entré en vigueur le 1er février 2025, le paysage solaire français a changé de visage. Fini les largesses de l’État, place à une transition plus sélective. Si beaucoup d’entreprises crient à la casse industrielle, d’autres y voient l’occasion d’un renouvellement profond du modèle. C’est le pari d’Ensol, une start-up fondée en 2023, qui entend construire un modèle sans subvention, structuré autour de l’abonnement, de l’autoconsommation et de la technologie distribuée.
Un modèle Ensol sans aide publique : rupture ou simple anticipation ?
Dans un marché historiquement structuré autour d’aides massives, fiscales ou tarifaires, la disparition brutale des dispositifs de soutien aurait pu signer l’arrêt de mort de nombreuses entreprises. Pas pour Ensol. Bien au contraire. La société vient de boucler une levée de fonds de 14 millions d’euros — dont 6 millions en equity auprès de Breega, Endgame et Watermelon, et 8 millions en dette via Enerfip et Terra Nea. Une opération structurante pour un modèle qui ne repose plus sur les aides, mais sur la performance économique autonome de l’installation. En clair : le client paie un abonnement inférieur à ses économies énergétiques. Fin de la dépendance aux primes. Début de l’indépendance.
« Nous avons conçu un modèle où chaque client peut produire et consommer sa propre électricité sans investissement initial. Dès le premier mois, l’abonnement est rentable. C’est une réponse à l’angoisse du pouvoir d’achat et à l’inflation énergétique. » déclare Martin d’Hoffschmidt, cofondateur d’Ensol (Communiqué de presse, Ensol, 15 avril 2025). Ce système d’abonnement locatif à long terme s’inspire des logiques de leasing industriel, mais appliqué aux particuliers. Une formule qui libère les foyers de l’apport initial et évite les dérives du marché gris, notamment les arnaques aux “installations à 1 euro”.
L’autoconsommation comme réponse aux aides évaporées
Le modèle s’intègre dans une logique de contrat de performance énergétique, selon laquelle c’est l’opérateur (ici Ensol) qui porte le risque technique, en garantissant la production et l’entretien. Le consommateur, lui, n’achète plus un bien mais un service énergétique clé en main.
Mais le modèle Ensol ne se contente pas de rendre l’équipement plus accessible. Il le connecte, le pilote, le mutualise. Grâce à l’application EMS, les appareils communiquent et adaptent leur consommation en fonction de la production solaire. L’ambition : intégrer chaque maison équipée dans une centrale virtuelle distribuée (Virtual Power Plant), capable d’interagir avec le réseau national. Paul de Préville l’affirme : « Chaque foyer peut devenir producteur, stockeur, voire fournisseur d’électricité. Ce n’est pas de la science-fiction. C’est de l’ingénierie française au service du réel. ».
Du cas particulier à un modèle reproductible : vers une nouvelle norme ?
Au-delà de son succès propre (6 000 panneaux déjà installés, 80 tonnes de CO₂ évitées), Ensol propose un nouveau standard pour la filière solaire résidentielle. Un modèle duplicable, capitalisable, scalable. Et ce, à contretemps des orientations de la politique publique. Le décret S21, en réduisant les primes et les tarifs d’achat, force le marché à se recomposer. Ensol y répond avec des clients satisfaits, une promesse claire, et un produit qui tient sans aide.