En cette fin d’année 2024, les cheminots entameront une grève reconductible qui pourrait bouleverser les plans de milliers de voyageurs, surtout en cette période de fêtes de Noël durant laquelle les Français seront des millions à se déplacer.
SNCF : la grève de Noël maintenue, ce sera le chaos
Si la grève semble perdre en intensité avec le retrait de certains syndicats, les revendications qui l’accompagnent restent un sujet brûlant et le mouvement est maintenu. Entre opposition au démantèlement de Fret SNCF et préoccupations liées à l’ouverture à la concurrence, ce conflit social reflète une colère plus profonde au sein de la SNCF et risque d’avoir de lourdes conséquences sur les voyages.
La grève sur fond de démantèlement de Fret SNCF
La colère gronde dans les rangs des cheminots depuis plusieurs mois. Le principal catalyseur de cette mobilisation est le plan de discontinuité de Fret SNCF, une branche essentielle du groupe, mais lourdement déficitaire. En cause : une dette colossale de 5,3 milliards d’euros qui a poussé l’État à envisager une restructuration massive. Cette réforme implique la création de deux nouvelles filiales dès le 1ᵉʳ janvier 2025, une scission perçue comme un démantèlement pur et simple par les syndicats. Les cheminots dénoncent une mise en péril de l’activité et des emplois, craignant que ces nouvelles entités soient incapables de rivaliser économiquement sur le marché.
En parallèle, l’ouverture à la concurrence des lignes TER (trains express régionaux) continue d’alimenter les inquiétudes. Cette évolution, prévue par la loi, suscite des craintes sur les conditions de travail et les acquis sociaux des cheminots transférés à de nouveaux opérateurs privés. Si le cadre législatif prévoit des garanties minimales pour les salariés concernés, les syndicats estiment que ces protections sont insuffisantes et pourraient déboucher sur une précarisation progressive des emplois.
Ces deux problématiques ne sont pas nouvelles. Cependant, elles prennent une résonance particulière cette année en raison de l’absence de budget 2025, une situation qui complique la mise en œuvre des aides financières nécessaires pour accompagner ces transformations. Les discussions entre les syndicats et le désormais ex-ministre des Transports, François Durovray, se sont heurtées à un mur. Selon Thierry Nier, secrétaire général de la CGT-Cheminots, les négociations ont laissé place à « beaucoup de colère ».
Division syndicale : la grève perd-elle de son ampleur ?
Alors que l’intersyndicale initialement unie avait appelé à une mobilisation nationale, des fissures sont apparues dans le front syndical. L’UNSA-Ferroviaire, deuxième syndicat cheminot, a renoncé à participer à la grève qui devrait commencer le 11 décembre 2024 après avoir signé des accords sur les futures conditions de travail des agents de Fret SNCF. Cette décision affaiblit l’impact potentiel du mouvement, d’autant que la CFDT pourrait emboîter le pas et annoncer un retrait similaire.
Cependant, la CGT-Cheminots et Sud-Rail, organisations fortement représentées dans les secteurs stratégiques comme les conducteurs et les chefs de bord, maintiennent leur appel à la grève illimitée pour Noël. Cette mobilisation ciblée pourrait provoquer des perturbations significatives, malgré une probable faible participation globale. En novembre 2024, une journée de grève avait rassemblé un cheminot sur quatre, selon la CGT, sans paralyser le réseau ferroviaire. Néanmoins, les conséquences d’un mouvement reconductible à l’approche des fêtes de fin d’année pourraient être bien plus lourdes.
Grève SNCF de Noël : Quels impacts pour les usagers et les fêtes de fin d’année ?
L’incertitude plane sur l’ampleur des perturbations. Si la grève de novembre avait entraîné des perturbations limitées, notamment sur les lignes Transilien et RER en Île-de-France, la situation pourrait être différente cette fois-ci. Les fêtes de Noël représentent une période de forte affluence, avec des millions de voyageurs planifiant leurs déplacements pour retrouver leurs proches ou partir en vacances.
Les précédents mouvements sociaux à la SNCF ont montré que même une grève modérément suivie peut provoquer un effet domino sur l’ensemble du réseau. La circulation des trains dépend en effet d’un équilibre délicat, et l’absence de quelques centaines de conducteurs ou contrôleurs suffit à désorganiser les plannings. Les lignes les plus touchées risquent d’être celles du Transilien et du RER, où les équipes de la CGT et de Sud-Rail sont particulièrement présentes.
Le timing du mouvement est également stratégique. En démarrant le 11 décembre 2024, les syndicats espèrent maintenir la pression sur la direction de la SNCF et le gouvernement, tout en jouant sur l’appréhension des voyageurs à l’approche des vacances de fin d’année. Les prévisions de trafic ne seront communiquées que 24 à 48 heures avant le début de la grève, laissant peu de temps aux usagers pour s’organiser. Cette incertitude pourrait inciter certains voyageurs à chercher des alternatives dès maintenant, au risque de surcharger d’autres moyens de transport, comme les autocars et les vols domestiques.
Une question de survie pour Fret SNCF
Au-delà des perturbations immédiates, cette grève soulève des enjeux de long terme pour le transport ferroviaire en France. Le sort de Fret SNCF, en particulier, est perçu comme un test pour la capacité de l’État à soutenir ses infrastructures stratégiques face aux contraintes européennes. Si le gouvernement français s’inspire du modèle allemand, qui a récemment alloué 1,9 milliard d’euros pour restructurer DB Cargo, une issue similaire pourrait calmer les tensions.
Malgré l’importance des enjeux, cette grève pourrait souffrir d’un déficit de soutien populaire. Les revendications liées à l’ouverture à la concurrence, bien que légitimes, peinent à mobiliser largement, notamment en raison d’un sentiment général de lassitude face aux grèves récurrentes à la SNCF. Par ailleurs, les divisions au sein de l’intersyndicale affaiblissent la portée du mouvement, donnant une impression de désunion qui pourrait décourager certains cheminots.