SNCF : hausses tarifaires et baisse de l’offre, double peine pour les usagers

Depuis le 9 janvier 2025, les billets de TGV connaissent une hausse de tarif de 1,5 % en moyenne, ce qui suscite de vives réactions de la part des usagers. Si cette augmentation reste équivalente à l’inflation, elle s’accompagne également d’une réduction de l’offre de trains, rendant le transport ferroviaire moins accessible, notamment pour les familles et les populations à revenus modestes.

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Par Rédacteur Publié le 30 janvier 2025 à 4h30
Parasitage de marque : Technis attaque la SNCF en justice
Parasitage de marque : Technis attaque la SNCF en justice - © Economie Matin
5%En 2023, les tarifs de la SNCF ont augmenté de 5% en moyenne.

Une hausse tarifaire au niveau de l'inflation, mais inégale selon les lignes

La SNCF a annoncé une hausse de 1,5 % des prix des billets TGV, effective depuis le mercredi 9 janvier 2025. Bien que cette augmentation soit inférieure à l’inflation attendue de 1,7 % pour l’année 2025, elle n’est pas uniforme selon les lignes. « Sur certaines grandes lignes, les prix vont même baisser légèrement, tandis que sur d’autres, cette hausse pourrait atteindre jusqu’à 20 %, » déclare François Delétraz, président de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut). Cette disparité entre les tarifs inquiète, car elle introduit une inégalité dans l’accès au transport, notamment pour les trajets les plus populaires.

Pour justifier cette hausse, Alain Krakovitch, directeur de TGV-Intercités, précise que seuls les « derniers paliers » de prix seront modifiés. « Un billet sur deux sera vendu à moins de 47 euros, » assure-t-il. En dépit de cette modération apparente, la hausse des tarifs intervient dans un contexte déjà tendu, avec des prix qui ont grimpé de 2,6 % en 2024.

Une offre de trains en déclin : la rentabilité mise en priorité

Au-delà des hausses tarifaires, une tendance préoccupante s’installe : la réduction du nombre de trains. La Fnaut alerte sur une diminution significative, de 23 % depuis 2015, du nombre de rames de TGV inOui. « La SNCF a compensé cette baisse avec l’offre Ouigo, mais il y a tout de même moins de trains à grande vitesse aujourd’hui, » explique François Delétraz à nos confrères de 20Minutes. L’Autorité de régulation des transports (ART) confirme cette tendance, en indiquant que le nombre de rames a diminué de 17 % entre 2017 et 2023.

La réduction du nombre de trains à grande vitesse fait partie d’une stratégie visant à augmenter leur rentabilité. « L’objectif de cette politique était de rendre la SNCF plus rentable en limitant le nombre de trains et en augmentant le taux de remplissage, » indique un expert en transport. Cette stratégie semble cependant aller à l’encontre des principes de mobilité durable et d’accessibilité, en excluant progressivement une partie de la population des trajets en train, alors même qu’il demeure le transport longue distance le moins émetteurs de gaz à effet de serre.

La mobilité ferroviaire réservée aux CSP+ ?

En parallèle, la SNCF poursuit sa politique de diversification avec Ouigo, son offre low cost, qui s’étend mais répond de moins en moins aux attentes des usagers, car les tarifs ont augmenté de 24 % entre 2019 et 2023, jusqu’à atteindre des prix similaires à ceux des TGV inOui, tout en offrant moins de services. « Au départ, Ouigo était attractif par ses prix bas, mais aujourd’hui, les prix ont presque rattrapé ceux des TGV classiques sans pour autant offrir la même flexibilité, » déplore un utilisateur.

La Fnaut met en garde contre la transformation du train en moyen de transport réservé aux classes sociales supérieures. « Les prix élevés rendent le train de moins en moins accessible pour les familles ou les personnes à revenus modestes, » regrette François Delétraz. Ce phénomène pourrait inciter de plus en plus de voyageurs à se tourner vers d’autres moyens de transport, comme la voiture, moins coûteux mais aussi moins respectueux de l’environnement.

De plus, la concurrence sur les lignes françaises, en particulier avec les compagnies étrangères comme Trenitalia ou Renfe, ne semble pas apporter une véritable pression sur les prix. « Les compagnies concurrentes ne sont pas soumises aux mêmes contraintes que la SNCF, ce qui ne favorise pas une baisse des prix », explique François Delétraz. Cette situation pourrait rendre le modèle de la SNCF insoutenable à long terme.

Les usagers de la SNCF se retrouvent en somme confrontés à une mobilité ferroviaire de plus en plus sélective, qui ne répond plus aux exigences d’une véritable mobilité durable et inclusive.

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