SNCF : 21 000 euros d’amendes pour des trajets fantômes

Une simple boîte aux lettres qui se remplit chaque matin d’amendes majorées, une somme astronomique qui dépasse 21 000 euros et des chemins de fer qu’elle n’a pourtant jamais empruntés. Méline, une jeune femme de 18 ans habitant en Haute-Vienne, est piégée dans une spirale infernale d’usurpation d’identité. Comment une telle erreur peut-elle se produire et surtout, comment la SNCF réagit-elle face à cette situation absurde ?

By Alix de Bonnières Published on 15 février 2025 17h00
sncf amende
Une jeune femme victime d'une fraude à l'identité doit une somme considérable à la SNCF. - © Economie Matin

Depuis deux ans, Méline vit un cauchemar administratif qui n'en finit pas. À chaque levé du jour, le scénario se répète : de nouvelles modifications arrivent dans sa boîte aux lettres. Pourtant, elle n'a jamais pris le train. La SNCF lui réclame plus de 21 000 euros pour des trajets qu'une autre personne a effectué sous son identité. Une histoire kafkaïenne qui soulève des questions sur la gestion des contrôles et la réactivité des services administratifs.

Une avalanche d'amendements injustifiées

Méline a recensé plus de 100 documents envoyés par la SNCF, correspondants à 30 ou 50 amendes majorées. Le montant total à régler s'élève à 21 669 euros. Mais un détail saute aux yeux : elle n'a jamais mis les pieds dans un train.

« Mon quotidien ? Me lever le matin, recevoir une amende, aller porter plainte. C'est l'enfer. » – Méline (Le Parisien, 9 février 2025)

La fraude est manifeste : une tierce personne utilise son identité pour voyager gratuitement. La jeune femme voit son nom associé à des déplacements aux quatre coins de la France : Paris, Marseille, Cannes, Metz…

Face à cette situation, Méline a entrepris un parcours du combattant administratif pour prouver sa véritable innocence et stopper cette hémorragie financière.

Un mur administratif face à la détresse

Dès qu'elle reçoit une amende, la jeune femme se rend immédiatement au commissariat pour déposer une plainte afin d'éviter des saisies sur son compte bancaire .

Mais la SNCF n'a pas brillé par sa réactivité. Selon Méline, elle aurait tenté à plusieurs reprises de contacter le service concerné entre juin et juillet 2024. Peine perdue.

« Ils sont restés injoignables pendant des mois. Il a fallu que je fasse un scandale à la gare de Limoges pour être enfin entendue. » – Méline (Le Parisien)

La solution s'est accélérée après la médiatisation de son cas. La SNCF, sommée de répondre, a déclaré qu'elle était « très préoccupée par le fléau d'usurpation d'identité » et a finalement assuré que Méline ne recevrait plus de PV.

Mais la lutte n’est pas terminée. Pour annuler définitivement les amendes, la jeune femme doit encore engager une procédure auprès de l'Officier du Ministère Public (OMP). En d'autres termes : l'administration française dans toute sa splendeur.

Quels recours pour les victimes d'usurpation d'identité ?

L'affaire de Méline met en lumière un problème préoccupant : la lourdeur administrative et le manque de réactivité des grandes entreprises face aux fraudes. Alors, quelles solutions s'offrent aux victimes d'usurpation d'identité ?

Étapes pour contester une amende liée à une usurpation d'identité :

  1. Déposer une plainte auprès d'un commissariat ou d'une gendarmerie.
  2. Envoyer une contestation à l'Officier du Ministère Public, accompagné de :
    • Une copie de la plainte.
    • Une copie de la carte d'identité.
    • Un justificatif de domicile.
  3. Suivre la procédure sur le site de l'ANTAI (Agence nationale de traitement automatisé des infractions).
  4. Si la contestation échoue, saisissez le tribunal administratif .

La SNCF dépassée par la fraude ?

Si la SNCF a finalement réagi après l'intervention des médias, cette affaire pose une question essentielle : pourquoi faut-il en arriver là pour être entendu ?

La compagnie ferroviaire annonce avoir alerté Méline sur la nécessité de poursuivre ses démarches juridiques, mais ne semble pas proposer d'aide directe aux victimes d'usurpation d'identité. Pourtant, ce cas n'est pas isolé : de nombreux Français découvrent un jour qu'un inconnu a voyagé sous leur identité.

Le problème est-il le manque de contrôle d'identité dans les trains ? Une gestion rigide des dossiers administratifs ? Une indifférence totale aux cas individuels ?

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