Un vent de nouveauté souffle sur le marché des smartphones. Une mesure annoncée promet de bousculer les habitudes des consommateurs tout en visant un objectif écologique ambitieux. Mais à qui profitera-t-elle vraiment et quelles en seront les limites ?
Smartphones : le bonus-malus réparabilité en 2025, ça change quoi ?
Alors que les discours sur l’écologie dominent de plus en plus les décisions politiques, le gouvernement dévoile un dispositif qui, s’il manque d’audace, suscite déjà de vives réactions.
Bonus-malus sur les smartphones : un financement au détriment des consommateurs
Dès le 1ᵉʳ janvier 2025, le gouvernement introduira un système de bonus pour inciter à l’achat de smartphones plus respectueux de l’environnement. L’idée paraît séduisante : récompenser les modèles les plus réparables avec un bonus de 20 euros. Cependant, l’absence de malus pour les appareils les moins réparables réduit considérablement la portée de cette initiative. Cette mesure risque d’avoir un impact limité, tant sur les ventes que sur l’environnement.
Seuls les modèles atteignant un indice de réparabilité d’au moins 9,2/10, comme les Fairphone ou quelques appareils de la marque Crosscall, bénéficieront de ce bonus. Autrement dit, les marques grand public comme Apple ou Samsung échappent à toute contrainte, laissant peu de place à une réelle transformation du marché.
Ce bonus de 20 euros ne tombe pas du ciel. Il sera financé par une augmentation de l’éco-contribution sur tous les smartphones, y compris les modèles non éligibles. Dès 2025, cette contribution passera de 2 centimes à 2,56 euros par appareil vendu. Une hausse qui touchera autant les amateurs de modèles haut de gamme que ceux optant pour des appareils d’entrée de gamme.
Cette stratégie suscite déjà des critiques, notamment parce qu’elle pénalise également les smartphones reconditionnés, pourtant reconnus pour leur faible impact écologique. Une situation jugée paradoxale par des associations comme Halte à l’obsolescence programmée (HOP), qui dénoncent une politique « incohérente ».
Les grands oubliés du dispositif
Les smartphones reconditionnés, champions de l’écoresponsabilité, ne bénéficieront d’aucun avantage dans cette réforme. Pire encore, ils subiront, eux aussi, l’augmentation de l’éco-contribution, réduisant leur compétitivité face à des produits neufs subventionnés.
Black Market y voit là un manque de soutien aux solutions durables, comme l'indique l'enseigne au journal Le Monde : "Il est très problématique et même contreproductif que les produits reconditionnés ne soient pas reconnus comme des produits vertueux à privilégier, alors même que des produits neufs pourront bénéficier jusqu’à 40 euros de bonus."
Par ailleurs, les consommateurs semblent peu informés sur l’impact réel de ces mesures. Les 20 euros de bonus ne représentent qu’une faible réduction sur des modèles dont le prix dépasse souvent les 1 000 euros.
L’arrivée de cette mesure pourrait accentuer les disparités entre les marques proposant des produits écoresponsables et celles misant sur des modèles bon marché, souvent peu réparables. La production de smartphones ultra-réparables, bien qu’écologique, reste coûteuse, ce qui risque de les réserver à une clientèle aisée. À l’inverse, les modèles d’entrée de gamme, plus accessibles, continuent d’afficher des indices de réparabilité insuffisants.