Financé par la Commission Européenne, le Skills Data Space vise à créer un espace numérique commun où toutes les données liées aux compétences seraient rassemblées, organisées et partagées. La possibilité de connecter entre elles les différentes bases de données et de services existantes des acteurs de l’emploi et de l’éducation, en utilisant des standards communs, permettrait aux différents organismes de tirer le plein potentiel des données. Un projet ambitieux qui pourrait révolutionner le marché du travail car aujourd’hui, l’ensemble des données sur les compétences sont encore fragmentées entre les différentes organisations publiques et privées.
Le Skills Data Space : un levier créateur de richesse pour l’économie française et européenne ?
Quel est le rôle du Skills Data space ?
Imaginons un terrain de football : que le match se déroule en extérieur ou en salle, le principe reste le même, mais les règles peuvent varier d’un lieu à l’autre. De même, dans un Data Space, les différentes organisations (les joueurs) échangent des données (le ballon) selon des règles spécifiques, propres à leur secteur (le terrain). Cet environnement collaboratif facilite alors l’échange d’informations tout en garantissant la sécurité et la confidentialité des échanges.
Le Skills Data Space fonctionne comme un terrain d’échange sécurisé où les données relatives aux compétences peuvent circuler entre divers acteurs : écoles, entreprises, institutions publiques. Ce projet apporte une valeur ajoutée considérable en facilitant la collaboration entre les secteurs. En reliant par exemple les données du ministère de l’Éducation nationale avec celles de l’ONISEP, de Pôle emploi, et du CPF, il devient possible de créer un écosystème où les informations sur l’éducation, l’orientation, la formation et l’emploi sont interconnectées. Cela permettrait d’accompagner les individus tout au long de leur parcours professionnel, en les aidant à identifier plus facilement des opportunités de formation ou d’emploi.
L’objectif du Skills Data Space ? Connecter les acteurs pour décupler les opportunités
Dans le contexte actuel où les compétences évoluent rapidement, le Skills Data Space pourrait jouer un rôle clé. Selon le rapport Future of Work de 2023 du World Economic Forum, d'ici 2027 44 % des compétences professionnelles seront obsolètes, obligeant donc les travailleurs à actualiser leurs compétences en fonction des besoins futurs des entreprises. Le recours au Skills Data Space permettrait d'anticiper les besoins du marché du travail, d’optimiser les parcours de formation, et de garantir que les travailleurs aient les compétences requises pour répondre aux attentes des entreprises.
En assurant une interconnexion fluide entre les différents acteurs (écoles, universités, entreprises, services publics), ce projet permettrait non seulement de mieux former les salariés, mais aussi de maximiser l’employabilité et la compétitivité de la main-d’œuvre en Europe.
Le Skills Data Space pourrait être un véritable levier pour l'employabilité
Une étude publiée le 4 juin 2024 par la Direction générale du Trésor (DGT) estime que l’inadéquation des formations avec le marché du travail coûte 3 à 4 milliards d’euros chaque année à l’économie. L’anticipation des besoins du marché du travail que facilite le Data Space for Skills permettrait d'optimiser les politiques publiques en matière de formation et d'emploi, d’augmenter le taux d’employabilité et donc de créer de la richesse pour une économie dynamique, tout en réduisant les pertes économiques des collectivités.
En facilitant l'échange de données entre les différents acteurs, le Skills Data Space permettrait d'améliorer la visibilité des compétences, de prédire les compétences et formations dont on a besoin, de faciliter le recrutement ou encore d’optimiser les parcours de formation. Grâce à ce dispositif, les individus pourraient non seulement mettre en valeur leur profil de compétences de manière plus précise et ciblée, mais également conserver le contrôle de leurs données personnelles. Par l’intermédiaire de solutions sécurisées, ils pourraient choisir quels acteurs peuvent accéder à leurs informations et à quelles fins, leur permettant alors de gérer activement leurs opportunités de carrière. De cette manière, ils ne subiraient plus leur parcours, mais seraient en mesure de l’ajuster en fonction des besoins du marché et de leurs aspirations, tout en s'assurant que leurs données sont utilisées de manière conforme et sécurisée, sous le contrôle et le consentement de chacun. Les entreprises, quant à elles, pourraient identifier plus rapidement les candidats disposant des compétences requises pour leurs postes, réduisant ainsi les délais de recrutement. Enfin, les établissements de formation pourraient adapter leurs offres en fonction des besoins du marché, réduisant ainsi le risque de surqualification ou de sous-qualification.
Construire ensemble un marché du travail plus inclusif et performant
Le Skills Data Space représente une opportunité unique pour améliorer l'adéquation entre formation et emploi pour renforcer la compétitivité de notre économie. Pour qu’il atteigne son plein potentiel, une gouvernance partagée impliquant tous les acteurs concernés, des investissements dans des infrastructures numériques sécurisées, ainsi que la mise en place d’outils permettant la gestion et le partage sécurisé des données sont indispensables. Le data space vise également un objectif de souveraineté : ce sont les acteurs de la filière qui contrôlent l’innovation et les données, pas un gros acteur technologique qui impose seul ses règles. Des solutions telles que les intermédiaires de données permettront aux entreprises, aux individus et aux établissements de formation de collaborer plus efficacement, accélérant ainsi l'adaptation aux besoins du marché.
Une interrogation subsiste : les institutions saisiront-elles cette chance pour bâtir un marché du travail plus inclusif et performant ?