La shrinkflation, ou « réduflation » en français, est un concept bien connu de l’industrie, et particulièrement du secteur agroalimentaire. Elle permet d’augmenter les prix en catimini, sans que le consommateur ne s’en rende compte. Comment ? En baissant la quantité de produit dans les boîtes. Et la DGCCRF le confirme : des milliers de produits sont concernés en France.
Moins de produit pour le même prix : la shrinkflation bien présente en France
Shrinkflation : des fraudes dans un quart des usines
Après avoir été pointée du doigt en octobre 2022, notamment par l'ONG Foodwatch, la shrinkflation a intéressé les services de Bercy. En elle-même, elle n’est pas illégale : les entreprises ont le droit de vendre la quantité de produit qu’elles veulent, au prix qu’elle veulent. Vendre moins de pâtes pour le même prix, par exemple, n’est pas interdit en France. Mais les entreprises doivent respecter certaines règles.
La DGCCRF, confirme FranceInfo auprès du cabinet de la ministre déléguée au Commerce et à la consommation Olivia Grégoire, a donc lancé une enquête. Les entreprises ne profiteraient-elles pas de la shrinkflation pour arnaquer les consommateurs ? La réponse est « oui »… et c’est même loin d’être un fait isolé.
Après avoir contrôlé 31 usines, la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes a identifié des anomalies dans 7 d’entre elles. Soit dans 22% des établissements ciblés.
Des changements de poids qui ne sont même pas signalés
Les entreprises, pour faire passer la pilule auprès des consommateurs, utilisent deux méthodes. La première est celle de ne rien signaler au consommateur. Certains changent le poids du produit vendu et changent bien l’emballage. Mais elles ne dévoilent pas au consommateur que le poids a changé, a été baissé, alors que le prix est resté le même. Et le consommateur, lui, ne se souvient pas que la même pizza achetée en 2020 faisait 450 grammes. Et non les 395 grammes actuels. Le consommateur ne remarque rien… mais il aura payé bien plus cher pour le même produit.
Mais, parfois, rien n’est marqué. 350 grammes de produit sont vendus au prix de 450 grammes… et sur la boîte, le nouveau poids n’est même pas mentionné. Les entreprises, selon FranceInfo, jouent la carte du coût du changement de l’emballage pour expliquer la supercherie.
Mais il n’empêche que le consommateur est floué. Et que ce sont elles qui récupèrent les sommes...
Le prix au kilo en magasin ? Même plus fiable à l’heure de la shrinkflation
Les Français pourraient espérer esquiver cette inflation cachée en contrôlant la seule donnée toujours exacte : le prix au kilo. Mais là aussi, la DGCCRF a identifié de nombreuses anomalies.
Dans 11% des commerces contrôlés fin 2022, les services de Bercy ont identifié des problèmes. Les prix au kilo n’avaient pas été mis à jour.
En effet, lorsque le paquet continent moins de produit pour le même prix, le prix au kilo augmente. Les commerces sont donc tenus de changer toutes les étiquettes concernées, le prix au kilo devant être exact. Mais cela a un coût, en termes de travail et d’impression. Et ce n’est parfois pas fait.
Et les consommateurs doivent se rappeler que dans tous les cas, le prix affiché en rayon fait office de référence. Si en caisse le produit coûte plus cher, le consommateur a le droit de demander que lui soit appliqué le prix affiché en rayon. Et le magasin ne peut qu’y consentir. Sauf dans le cas où la différence de prix est évidemment absurde.