Le 27 août 2024, le Collège de la Médecine Générale (CMG) a lancé une campagne nationale d’une ampleur inédite visant à lutter contre les certificats médicaux jugés « absurdes » ou même « illégaux ». Baptisée « Septembre violet », cette campagne a pour objectif de libérer le temps des médecins généralistes, de plus en plus accaparés par des tâches administratives qui ne relèvent pas de la médecine, mais qui sont imposées par des demandes de certificats sans fondement réel.
Certificats médicaux : pourquoi votre médecin risque de refuser d’en faire ?
La campagne est lancée à point nommé : avec la rentrée scolaire 2024 qui aura lieu début septembre, les demandes pour ces certificats médicaux absurdes, inutiles voire illégaux va exploser.
Les certificats médicaux qui n’ont pas lieu d’être dans le viseur des médecins
Le CMG dénonce tout d'abord l'existence de certificats médicaux illégaux, c'est-à-dire ceux qui sont souvent exigés par des entités comme les compagnies d'assurances pour obtenir des informations détaillées sur des invalidités, des décès ou pour justifier l'annulation de voyages. Ces pratiques, qui n'ont aucune base légale, sont un gaspillage de temps pour les médecins et compromettent la confidentialité des informations médicales des patients. Le CMG insiste sur la nécessité de mettre fin à ces demandes qui, selon eux, "siphonnent inutilement le temps médical".
En deuxième lieu, le CMG s'attaque aux certificats qui, bien que non illégaux, n'ont aucun fondement juridique. Parmi ceux-ci, on trouve les certificats de sport demandés par des clubs non affiliés à une fédération, les certificats pour justifier des absences en cantine scolaire, ou encore ceux exigés par certaines crèches pour des soins courants. Ces demandes, souvent issues de la méconnaissance des règles ou d'une surprotection administrative, engendrent une surcharge de travail inutile pour les médecins, les détournant de leur mission principale : soigner.
Enfin, le CMG pointe du doigt les certificats qui, bien que juridiquement valables, n'en demeurent pas moins absurdes. Par exemple, la nécessité de fournir un certificat médical pour un arrêt maladie de courte durée ou pour une absence d'un enfant malade pourrait être remplacée par une simple auto-déclaration. Le CMG plaide pour une réforme de ces pratiques afin de redonner aux médecins le temps de se concentrer sur les actes médicaux essentiels.
Une surcharge administrative pour les médecins en France
L'impact de cette surcharge administrative est loin d'être négligeable. En mai 2024, un rapport de la Cour des comptes a estimé qu'une simple consultation "absurde" par jour auprès des 60 000 médecins généralistes français coûtait à la collectivité près d'un million d'euros par jour. Les médecins se trouvent dans une situation où ils doivent jongler entre des demandes administratives non justifiées et des consultations médicales essentielles, ce qui nuit à la qualité des soins et à l'efficacité du système de santé.
Cette surcharge administrative vient s'ajouter à un contexte de pénurie de médecins qui ne fait que s'aggraver. Chaque minute passée à rédiger un certificat inutile est une minute de moins consacrée à un patient qui a réellement besoin de soins. Le CMG alerte sur le fait que cette situation est intenable à long terme et appelle à une mobilisation générale pour alléger les tâches administratives des généralistes.
La campagne "Septembre Violet" : la lutte est lancée
Face à cette situation, le CMG a décidé de réagir fermement en lançant la campagne "Septembre violet". Cette initiative vise à sensibiliser les médecins, le grand public et les décideurs politiques, à l'absurdité de certaines demandes de certificats médicaux. Le CMG a d'ores et déjà prévu d'envoyer des courriers aux députés, aux associations de maires, aux représentants des assureurs, aux rectorats et aux ministères concernés pour les inciter à revoir ces pratiques.
Pour faciliter la tâche des généralistes, le CMG met à leur disposition plusieurs outils, dont un générateur de courriers standardisés permettant de refuser les demandes de certificats jugées absurdes. Ces courriers sont destinés à des entités aussi diverses que les crèches, les écoles, les clubs sportifs ou les assurances. Les médecins sont également invités à afficher dans leurs salles d'attente les visuels de la campagne "Septembre violet" pour informer leurs patients et les inciter à repenser leurs demandes de certificats médicaux.
La campagne "Septembre violet" n'est qu'une première étape dans un processus de réforme plus vaste que le CMG appelle de ses vœux. La simplification des procédures administratives, notamment via la généralisation de l'auto-déclaration pour les arrêts maladie de courte durée, pourrait constituer une avancée majeure pour réduire la surcharge de travail des médecins. Le CMG espère que cette campagne sera le catalyseur d'une prise de conscience collective et d'un changement durable des pratiques.