Face à une dépendance énergétique inquiétante, l’Irlande décide de construire son premier terminal offshore de gaz naturel liquéfié. Ce projet vise à garantir un approvisionnement plus sûr en diversifiant les sources d’importation, mais il soulève aussi des interrogations sur son impact environnemental.
Sécurité énergétique : l’Irlande aura bientôt son premier terminal offshore de gaz

L’Irlande a longtemps été tributaire des importations de gaz en provenance du Royaume-Uni. Avec le Brexit et les tensions géopolitiques, la nécessité de diversifier ses approvisionnements est devenue un enjeu prioritaire. Le gouvernement a donc décidé d’investir massivement dans une infrastructure capable de sécuriser l’approvisionnement du pays.
Un tournant stratégique pour l’Irlande
Le 4 mars 2025, le gouvernement irlandais a validé la construction du premier terminal offshore de gaz naturel liquéfié (GNL) du pays. Ce projet marque une évolution importante dans la stratégie énergétique nationale, historiquement fondée sur des importations massives de gaz en provenance du Royaume-Uni.
Avec un investissement de 300 millions d’euros, l’Irlande cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement et à sécuriser son accès au gaz en cas de crise ou de perturbation des infrastructures existantes. Cette initiative suscite des débats, entre ceux qui la voient comme un levier essentiel pour garantir l’indépendance énergétique du pays et ceux qui dénoncent son impact environnemental et son incompatibilité avec les objectifs climatiques.
Un terminal flottant pour réduire la dépendance au Royaume-Uni
L’Irlande a toujours été un maillon faible en matière de sécurité énergétique. Actuellement, 90 % de son gaz provient du Royaume-Uni via des gazoducs sous-marins. Cette forte dépendance expose le pays à des risques en cas de tensions géopolitiques, de pannes techniques ou de décisions politiques défavorables. Selon les normes européennes, un État doit être capable de garantir un approvisionnement énergétique suffisant en cas de crise, un critère que l’Irlande peine à respecter.
Pour pallier cette vulnérabilité, le gouvernement a décidé d’investir 300 millions d’euros dans un terminal offshore de gaz naturel liquéfié (GNL). Concrètement, il s’agit d’une infrastructure flottante ancrée en mer, équipée de réservoirs capables de stocker environ 170 000 mètres cubes de GNL. Ce gaz, transporté par des navires méthaniers depuis des fournisseurs internationaux, sera regazéifié sur place avant d’être injecté dans le réseau national. Contrairement aux terminaux classiques destinés à la revente, celui-ci ne fonctionnera pas comme une plateforme commerciale, mais comme une réserve stratégique.
Le ministre de l’Énergie, Darragh O'Brien, souligne que cette installation vise avant tout à assurer un approvisionnement minimal en cas de rupture des importations via le Royaume-Uni, un enjeu important pour l’économie et la stabilité du pays.
Pourquoi l’Irlande prend-elle ce virage ?
Depuis le Brexit, la dépendance énergétique de l’Irlande vis-à-vis du Royaume-Uni est devenue un sujet de préoccupation majeure. En cas de crise énergétique, Londres pourrait prioriser ses propres besoins, laissant l’Irlande vulnérable. La Commission européenne recommande aux États membres de diversifier leurs sources d’approvisionnement en énergie afin de garantir leur indépendance. Le GNL, importé par voie maritime depuis plusieurs producteurs comme les États-Unis, le Qatar ou encore la Norvège, offre une alternative aux gazoducs traditionnels et réduit la vulnérabilité aux décisions politiques britanniques.
Ce projet vise ainsi à renforcer la sécurité énergétique du pays en diminuant les risques géopolitiques liés au Brexit. Il assure une meilleure résilience face aux crises d’approvisionnement et permet à l’Irlande de diversifier ses sources d’importation.
Un projet contesté par les écologistes
Si ce terminal de GNL est une avancée stratégique pour la sécurité énergétique, il n’est pas sans controverse. L’Irlande s’est engagée dans une transition vers les énergies renouvelables, et certains estiment qu’un tel projet va à contre-courant des objectifs climatiques.
Les défenseurs de l’environnement dénoncent le fait que le GNL reste un combustible fossile et que ce projet risque de retarder les investissements dans les énergies renouvelables. De plus, l’empreinte carbone du transport maritime du GNL est élevée. Malgré ces critiques, le gouvernement irlandais défend son projet en insistant sur son usage exclusivement stratégique et non commercial.