La pénurie d’eau que connaît notamment l’Europe ces dernières années, commence à avoir des conséquences graves sur le secteur agroalimentaire, sur la production, la sécurité alimentaire, l’environnement et plus globalement sur l’économie.
Sécheresse : face à la menace, l’industrie agroalimentaire s’organise
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Publié le 6 juin 2023 à 6h34
Désormais, tout le secteur se mobilise pour trouver des solutions pour la préservation de cette ressource qui est loin d’être inépuisable.
L'Europe s'assèche
Le service World Weather Attribution a déclaré que la sécheresse dans l'hémisphère nord était principalement due au changement climatique causé par l'homme, avertissant que de telles périodes extrêmes deviendraient de plus en plus courantes avec le réchauffement de la planète.
Ce qui est inhabituel, c'est la récurrence de la sécheresse dans l'hémisphère nord. Il est clair que dans certaines parties de l'Europe, le manque de précipitations et le déficit actuel sont tels qu'il ne sera pas facile pour les niveaux d'eau de se rétablir avant le début de l'été. Une carte des sécheresses actuelles en Europe, établie dans le cadre du programme Copernicus de l'UE, montre des alertes à la faiblesse des précipitations ou de l'humidité des sols dans des régions du nord et du sud de l'Espagne, du nord de l'Italie et du sud de l'Allemagne, ainsi que dans la quasi-totalité de la France.
Sécheresse : cette année, la France a enregistré 32 jours sans précipitations significatives
Selon Météo-France, il s’agit de la plus longue période depuis le début des relevés en 1959. Il est tombé environ 75 % de pluie en moins sur la France en février de cette année par rapport à la normale pour un mois de février, ce qui confirme la tendance observée depuis un an. Au cours des neuf derniers mois, les précipitations ont été inférieures de 85 % à la norme. Les autorités locales des sept principaux bassins fluviaux du pays ont reçu l'ordre de commencer à appliquer des restrictions d'eau, alors que le gouvernement travaille sur un plan de crise pour faire face à une pénurie qui, selon lui, conduira inévitablement à des "problèmes de rareté de l'eau" cette année.
Le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu, a prévenu que la France devrait faire face à une diminution de 40 % de sa consommation d'eau dans les années à venir, ajoutant que le pays était déjà en "état d'alerte" et que les restrictions dans certaines régions étaient pleinement justifiées. Le président Emmanuel Macron a, quant à lui, indiqué que le "plan de sobriété" sur l’eau sera mis en place dans "tous les secteurs", "d'ici à l'été" pour "une modernisation sans précédent de notre politique de l'eau". Il souhaite que ce plan soit avant tout "un plan de sobriété et d'efficacité pour l'eau dans la durée" avec pour objectif de "faire 10% d'économie d'eau dans tous les secteurs" d’ici 2030.
L’eau, une ressource indispensable au secteur agro-alimentaire
Ressource indispensable dans tous les secteurs de l’industrie et particulièrement dans celui de l’agroalimentaire, l’eau est utilisée tout au long du processus de production alimentaire en tant qu'ingrédient et dans les opérations de transformation telles que le nettoyage, la désinfection, la cuisson ou encore le refroidissement des aliments. Elle participe également au transport les produits alimentaires et aussi pour nettoyer les équipements de production entre les opérations.
En France comme dans les autres pays d’Europe les conséquences de la pénurie d'eau sont nombreuses sur l’industrie agroalimentaire et certains se font déjà ressentir comme par exemple la diminution de la qualité des produits alimentaires ou encore l'augmentation des coûts de production. Cela peut prochainement conduire à une insécurité alimentaire et à des tensions sociales et politiques.
Cette situation oblige les entreprises à aller au-delà des économies d'eau engagées depuis des décennies et à recourir à des mesures efficaces visant à promouvoir une utilisation efficace de l'eau dans ce secteur, telles que la réutilisation des eaux usées traitées, la gestion des ressources en eau à l'échelle de bassins hydrographiques, la ralysation (procédé technologique de pasteurisation via la lumière ultraviolette qui contribue à économiser jusqu'à 80% d'eau par rapport à la pasteurisation traditionnelle car ne nécessitant pas d'utiliser de l'eau pour chauffer et refroidir le produit) ou encore la promotion d'une consommation d'eau plus consciente et responsable. Ces technologies économes en ressource auraient d’ailleurs un impact d’autant plus significatif si elles étaient adoptées par l'ensemble de l'industrie. Aujourd’hui, les gouvernements, les organisations internationales, les entreprises et les agriculteurs ont tous un rôle important à jouer dans la mise en œuvre de ces mesures.