Pompes à chaleur : l’usine Saunier Duval supprime des centaines d’emplois

Une annonce très brutale pour les salariés de Saunier Duval

Le 15 juillet 2024, Saunier Duval, le géant des chaudières et pompes à chaleur, a surpris ses employés en annonçant un plan social massif à son usine de Nantes. Sur les 950 salariés, 250 postes seront supprimés d'ici à janvier 2025. Yuna Jossé, directrice générale, a précisé que ces suppressions concerneront principalement les postes de production. Les départs volontaires, notamment les retraites anticipées, seront privilégiés. Cependant, cette annonce intervient après des mois de difficultés marqués par une baisse drastique du marché des pompes à chaleur, une chute de plus de 50 % des volumes.

La dégringolade des ventes de pompes à chaleur est attribuée à plusieurs facteurs. L'inflation galopante et un marché immobilier en crise, tant dans le neuf que dans l'ancien, ont durement frappé le secteur. De plus, l'incertitude autour des réglementations et des aides pour les particuliers en France a accentué cette situation. « Nous sommes en capacité de fabriquer 120.000 pompes à chaleur par an, mais là on attend le marché », déplore Yuna Jossé. Malgré des investissements importants de 30 millions d'euros par le groupe Vaillant, propriétaire de Saunier Duval, l'usine est confrontée à un marché européen morose.

Un contraste saisissant avec les ambitions gouvernementales

Mais cette annonce de suppression d'emplois va à l'encontre des objectifs fixés par le gouvernement français. En septembre 2023, Emmanuel Macron avait annoncé vouloir tripler la production de pompes à chaleur d'ici à 2027. Pourtant, moins d'un an plus tard, Saunier Duval réduit ses effectifs. Yuna Jossé appelle à une réaction rapide des autorités pour simplifier les aides à la rénovation énergétique et stimuler les ventes. La directrice reste optimiste quant à une reprise éventuelle entre fin 2025 et mi-2026. Mi-mai 2024, l'entreprise annonçait entre 40 et 50 suppressions de postes dans son usine nantaise ; c'est désormais cinq fois plus !

Les syndicats n'ont pas tardé à réagir. Bruno Hatton, secrétaire adjoint FO Métaux à Nantes, critique vivement cette décision : « Est-ce que vous pensez vraiment qu'une baisse de ventes ou d'activité à Saunier Duval, sur deux mois, peut justifier cinq fois plus de suppressions de postes ? » Il soupçonne même une délocalisation des emplois. La CFDT demande à l'entreprise de récupérer les volumes de production transférés en Slovaquie et en Turquie pour limiter les suppressions à Nantes. D'ici à fin mars 2025, l'entreprise fera le bilan des départs volontaires et pourra décider de licenciements économiques en fonction de l'évolution du marché.