Santé : l’UFC contre l’État responsable des déserts médicaux

La crise des déserts médicaux et de l’accès aux soins en France est sans précédent. L’UFC-Que Choisir a donc décidé d’agir face à l’aggravation évidente des inégalités d’accès aux soins. L’association va porter l’État devant la justice pour « inaction ».

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 21 novembre 2023 à 9h48
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ufc que choisir, déserts médicaux, france, santé, plainte, état, responsable, soins - © Economie Matin
28,9%28,9% des enfants habitent dans un désert médical pédiatrique

Santé : la dégradation des soins empire en France

Pour expliquer sa décision, l’association UFC-Que Choisir publie, le 21 novembre 2023, une nouvelle étude sur la dégradation de l’accès aux soins en France. Cette étude montre que 83% des Français vivent dans des zones où l'accès aux spécialistes médicaux est gravement limité : ce sont des "déserts médicaux". Ces zones sont définies par une accessibilité médicale au moins 60% inférieure à la moyenne nationale. « En se basant sur l’offre médicale accessible à moins de 45 minutes de route, notre étude montre en effet que 19,3% des Français résident dans un désert médical pour l’ophtalmologie, et que 24,8% des femmes et 28,9% des enfants habitent respectivement dans un désert médical gynécologique et pédiatrique. »

Seul point positif : les déserts médicaux concernant les médecins généralistes sont rares. Seulement 2,6% de la population française est concernée. Pour autant, dès lors qu’on réduit la distance à 30 minutes de trajet entre le domicile et le cabinet, la part des Français loin des médecins généralistes grimpe à 23,7%.

Santé : les dépassements d’honoraires sont la norme dans les déserts médicaux

L’UFC-Que Choisir a également analysé l’accès des soins sur la base du conventionnement avec la Sécurité sociale des médecins concernés. Et là, l’association dévoile une situation où les dépassements d’honoraires sont la norme.

« En fixant l’attention sur les seuls médecins respectant le tarif de base de la sécurité sociale, ce sont ainsi 50,3% des enfants qui habitent dans un désert médical pour les pédiatres, 59,3% des habitants du pays qui résident dans un désert médical pour les ophtalmologues, et 69,6% des femmes qui sur le territoire national vivent dans un désert médical pour les gynécologues », écrit l’association.

Déserts médicaux : trouver un nouveau médecin ? Le parcours du combattant

L'étude de l'UFC-Que Choisir révèle d’autres chiffres inquiétants sur l'accès aux soins. Par exemple, 51,5 % des médecins généralistes contactés ont refusé de prendre de nouveaux patients, et le délai moyen pour obtenir un rendez-vous chez un ophtalmologue est de 65 jours, pouvant parfois dépasser un an.

« Il n’est pas surprenant de constater que la principale raison du refus évoquée par les médecins est le fait qu’ils suivent déjà trop de patients (74% des cas), la deuxième raison évoquée étant leur retraite qui approche (12% des refus). »

Santé : les déserts médicaux sont la faute de l’État

La situation est complexe et compliquée, ce qui ne peut qu’être dommageable pour les Français ayant besoin de soins. Le coupable ? Il est clair pour l’association UFC-Que Choisir qui accuse tout simplement le gouvernement d'inaction. Malgré des années de négociations et de propositions, le gouvernement semble privilégier le statu quo, refusant de réguler l'installation des médecins.

Cette inaction a conduit l'association à saisir le Conseil d'État, espérant ainsi faire constater et sanctionner cette inaction gouvernementale. L'association souligne également le refus obstiné des autorités de réguler l'installation des médecins, une mesure jugée cruciale pour résoudre le problème. L’action de l’UFC-Que Choisir se caractérise de fait par « un recours devant le Conseil d’État pour que la plus haute autorité administrative constate et sanctionne l’inaction du gouvernement, mais en plus qu’elle l’enjoigne à prendre sans délai les mesures courageuses permettant de résorber la fracture sanitaire ».

Déserts médicaux : l’État bientôt condamné pour « inaction » ?

Pour mobiliser les Français et faire plier le gouvernement, l'association a lancé une campagne nationale de sensibilisation et de mobilisation, #MaSantéNattendPlus, encourageant les Français à soutenir leur cause. Cette initiative comprend la diffusion d'une carte interactive gratuite montrant l'état de l'accès aux soins dans les communes françaises et une pétition intitulée « Accès aux soins : j’accuse l’État ».

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Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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