Santé : campagne tarifaire 2024, recherche pilote dans l’avion

Nous sommes le 19 mars 2024, et les établissements de santé, qu’ils soient publics ou privés, n’ont toujours pas la moindre idée de la manière dont ils vont être financés pour soigner en 2024. Pour rappel, l’annonce des tarifs hospitaliers est censée intervenir au 1er mars de chaque année.

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Par Lamine Gharbi Publié le 25 mars 2024 à 5h00
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sante, médecine, gouvernement, tarifs, privé, augmentation - © Economie Matin
50%50% des établissements de santé du secteur privé seront en déficit en 2024.

Face à la situation d’urgence à laquelle fait face le secteur, la Fédération hospitalière privée appelle à une campagne tarifaire ambitieuse dans ses moyens et, à moyen terme, rappelle la nécessité d’une véritable programmation pluriannuelle en santé.

Ce n’est pourtant pas comme si tout allait bien dans notre système de santé : l’inflation est venue percuter de plein fouet la situation financière des hôpitaux et des cliniques, et cette attente ne fait qu’exacerber les inquiétudes de la Fédération de l’Hospitalisation Privée, comme celles d’autres acteurs de santé, en l’absence de discussion franche et transparente avec le ministère de la Santé.

Face à ce silence et à cette opacité, le seul message actuellement audible est celui de Bercy, qui manifestement n’a pas l’intention d’épargner le secteur de la santé, déjà exsangue, de ses velléités d’économies. Rappelons que pour le seul secteur privé, 50% des établissements seront en déficit cette année, et que les autres fédérations hospitalières tirent aussi le signal d’alarme.

Le manque criant de vision prospective et ambitieuse des priorités de santé conduit à appliquer, encore et toujours, une logique comptable de court terme – sur les molécules onéreuses, sur les affections longue durée, sur le financement des établissements de santé... – , en apesanteur des enjeux de santé publique et de l’intérêt des patients. Or cette équation est toujours perdante à terme, y compris sur le plan des finances publiques.

Dans ce contexte, l’hospitalisation privée tient aussi à rappeler les enseignements de son étude économique de février 2024. : celle-ci montre que le dynamisme de notre secteur a permis 400 000 prises en charge supplémentaires de patients, entre 2022 et 2023, afin de rattraper les soins non réalisés pendant le Covid. Pourtant, alors que nous venons de marquer le 4e anniversaire du premier confinement, la reconnaissance par l’Etat du rôle du secteur privé, et des professionnels de santé qui y exercent, n’a cessé de s’émousser, de façon incompréhensible au regard du service rendu.  « Soigner plus pour être moins considéré et valorisé » ne saurait en aucun cas devenir une nouvelle règle de gestion, surtout quand on prend en charge toutes les pathologies dont les plus lourdes et les plus complexes - sauf à désespérer encore davantage les femmes et les hommes du soin.

Dans ses déclarations sur la santé en date du 17 janvier dernier, le président de la République a dit qu’il fallait pour la santé « de l’investissement » et « un cap ». Aujourd’hui la FHP s’interroge : quand cet investissement et ce cap deviendront-ils des réalités enfin tangibles et perceptibles, par les établissements de santé, par les médecins et par les patients ?

Cela impose un sursaut collectif, qui passe par une campagne tarifaire courageuse, ambitieuse dans ses moyens, et juste dans son traitement entre le public et le privé. Dans ce cadre, c’est en responsabilité que nous avons demandé 10% d’augmentation tarifaire, dans un seul souci : parvenir en 2024 à assurer nos missions auprès des patients.  

Au-delà, les acteurs de santé doivent au plus vite s’extraire de cette logique de couperet annuel, car ce temps perdu de vrai-faux suspense dans l’attente des tarifs, serait largement mieux employé à traiter des vraies priorités de soin et de prévention. D’où la demande, qui fait consensus et pourtant reste obstinément lettre morte, d’une véritable programmation pluriannuelle en santé, et de visibilité pour investir et innover.

Au-delà, il ne peut y avoir de contraintes budgétaires aveugles, en l’absence de réformes structurelles : les mutations épidémiologiques et l’augmentation de l’espérance de vie emportent forcément une évolution des dépenses de santé. La santé est donc un sujet trop sérieux et crucial pour se concevoir dans la précipitation, l'improvisation et la loi du rabot, sauf à voir jouer plus rapidement que l’on ne le croit, « anatomie d’une chute » de notre système de santé.

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Agé de 59 ans, Lamine Gharbi est président de la Fédération de l’Hospitalisation Privée depuis juin 2014. Il est également président de « Cap Santé », groupe privé régional d’établissements de soins de proximité. Les 18 établissements de Cap Santé, dont le siège est à basé à Pézenas (Hérault), se situent dans l’Hérault, l’Aude et le Gard. Ils sont organisés en filières et couvrent la plupart des disciplines médicales. Implantés en métropole, mais aussi en proximité sur des territoires isolés qui sont l’origine et l’ADN du groupe, ils accueillent 150 000 patients chaque année, dont 80 000 au sein de 4 services d’urgences. Le groupe compte 2000 salariés et 3000 collaborateurs au total, avec les 350 médecins et leurs équipes. Lamine Gharbi s’est engagé dans l’action syndicale en devenant en 1993 membre du conseil d’administration de la FHP Languedoc-Roussillon. Deux ans plus tard, il est élu membre du bureau, puis trésorier (1997), vice-président (2004), puis président du syndicat régional (2007). En 2008, Lamine Gharbi devient président du syndicat de spécialité FHP-MCO et membre du bureau de la FHP, devenu le Comité exécutif. Le 25 juin 2014, Lamine Gharbi est élu président de la FHP. Il est réélu le 27 juin 2017 puis le 1er décembre 2020, avant cette réélection du12 décembre 2023.

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