Santé des femmes : 5 idées reçues qui ne leur font pas du bien

Les femmes représentent une partie significative de la population active, mais leur santé est souvent entourée de clichés et d’inégalités, notamment dans le milieu professionnel. Un rapport du Sénat publié en juin 2023 met en lumière ces idées reçues qui entravent la promotion d’une santé équilibrée pour les femmes. Voici cinq clichés récurrents qui méritent d’être déboulonnés pour favoriser un milieu de travail plus inclusif et sain.

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 20 octobre 2023 à 14h14
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sante, femme, malade - © Economie Matin
74 %3 femmes sur 4 ne savent pas que l’accident cardiaque est la première cause de mortalité pour les femmes.

Cliché n°1 : « Les femmes vivent plus longtemps que les hommes et elles sont donc en meilleure santé naturellement. »

Les statistiques démontrent une espérance de vie plus élevée chez les femmes en France (93 ans, contre 90 ans pour les hommes), mais cette longévité ne rime pas toujours avec une meilleure santé. En réalité, la méconnaissance ou la minimisation de leurs pathologies peut affecter gravement leur qualité de vie.

Cliché n°2 : « Santé : les femmes sont mieux suivies que les hommes »

Si les grossesses et les contrôles gynécologiques annuels pourraient laisser penser que les femmes bénéficient d'un suivi médical régulier, l’opposé est souvent vrai. Beaucoup de femmes tendent à privilégier la santé de leurs proches au détriment de la leur, ce qui peut entraîner des retards de diagnostic et une prévention insuffisante. En réalité, les femmes s’oublient ! 81% d’entre elles font passer la santé de leurs proches avant la leur et repoussent le moment de consulter.

Cliché n°3: « Les femmes sont moins exposées aux maladies cardiovasculaires que les hommes »

Malgré une consommation moindre de tabac et d'alcool, les femmes ne sont pas à l'abri des maladies cardiovasculaires, Or, les maladies cardiovasculaires sont en réalité la première cause de mortalité chez les femmes en France ! Les femmes n’en ont pas conscience : 74% d’entre elles ne le savent pas selon la Fédération Française de Cardiologie. Ainsi, en France, 200 femmes meurent chaque jour de maladies cardiovasculaires.  Par ailleurs, les signaux d’alerte d’un accident cardiaque chez les femmes peuvent être atypiques. Hélas, lorsqu’elles ressentent des douleurs annonçant un infarctus, elles appellent les secours en moyenne 15 minutes plus tard que les hommes. Ce retard de diagnostic diminue leurs chances de survie. En effet, les femmes meurent plus fréquemment d’un accident cardiaque que les hommes alors qu’elles en sont moins victimes.

Cliché n°4 : « Les femmes exercent des métiers moins pénibles que les hommes, elles sont donc moins exposées aux accidents et aux maladies professionnelles. »

Les statistiques révèlent une augmentation des accidents du travail chez les femmes entre 2001 et 2019, notamment dans des secteurs comme la santé, l’action sociale, ou encore l’industrie alimentaire. Les femmes sont également plus sujettes aux troubles musculo-squelettiques et aux violences au travail. Entre 2001 et 2019, l’Anact a constaté une baisse de 27,2% des accidents du travail chez les hommes, et une hausse de 41,6% des accidents du travail chez les femmes sur la même période.

Cliché n°5 : La précarité et le statut d’aidant, des obstacles à la santé des femmes

La précarité économique et le statut d'aidant familial peuvent être des freins majeurs à la prévention santé et à l'accès aux soins pour les femmes. La génération dites « pivot » ou « sandwich », souvent en première ligne pour soutenir à la fois leurs enfants et leurs parents âgés, est particulièrement vulnérable au stress, à l'épuisement professionnel et à l'isolement, exacerbant ainsi les inégalités en matière de santé.

Les entreprises ont un rôle crucial à jouer en éliminant ces clichés et en adaptant leurs programmes de prévention à la réalité des femmes. En alignant les initiatives de santé avec les politiques d'inclusion et de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), les organisations peuvent contribuer à créer un environnement de travail plus équitable et bienveillant pour tous.

La précarité n’arrange rien à la santé des femmes

La précarité représente un réel frein à la prévention santé, à l’accès aux soins et à la prise en charge médicale. Les femmes représentent 64% des personnes qui reportent des soins ou y renoncent, soit près de 9,5 millions de femmes chaque année.

Les femmes sont souvent en première ligne pour accompagner des parents vieillissants tout en s’occupant encore de leurs enfants voire de leurs petits-enfants. Cette génération de femmes, âgées entre 45 et 70 ans est souvent qualifiée de génération « pivot » ou « sandwich ». En effet, selon le rapport du Sénat publié en juin dernier, 57 % de femmes assurent la fonction d’aidante. Des femmes qui sont encore actives et doivent ainsi concilier leur travail, le soutien auprès de leurs enfants et assurer le rôle d'aidante auprès de leurs parents âgés. Elles sont donc plus sujettes aux risques dont l’épuisement, le syndrome d’épuisement professionnel, l’isolement, etc.

« Aborder la prévention santé en levant les biais de genre est également une façon d’être cohérent avec les politiques d’inclusion et de RSE qui sont de plus en plus déployées dans les entreprises. La prise en compte de la santé des collaborateurs dans leur diversité sera mieux accueillie et aura plus d’impact que l’uniformisation des actions et des messages qui risque au final de ne parler à personne. » conclut Christel SCHMUCK Responsable Conseil RH et Prévention chez Verbateam.

Retrouvez le livre blanc « Santé des femmes : comment lutter contre les idées reçues et les inégalités en entreprise ? » disponible à partir du 25 octobre https://verbateam-services.fr

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Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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