Santé : Déserts médicaux…Osons réussir.

Depuis plus de 30 ans, la France est malade de son système sanitaire, la maladie progresse. Aujourd’hui, il n’est pas un Français qui n’ait eu, qui n’a ou qui n’aura pas des difficultés d’accès aux soins.

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Par Jérôme Marty Publié le 30 octobre 2024 à 4h30
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Santé : Déserts médicaux…Osons réussir. - © Economie Matin
2,46%Les dépenses de santé ont augmenté de 2,46% en 2023.

Centre-ville onéreux, banlieue oubliée de la république, ville moyenne au tissu économique déchiré par la crise, ruralité. De Paris au plus petit bourg, chacun est touché.

Les politiques sanitaires ont succédé aux politiques sanitaires avec une double constance : une vision court-termiste et l’absence de co-construction avec les médecins libéraux. Cette politique construite sans l’expertise des médecins ne pouvait déboucher que sur une France des territoires sans médecin…

Trente ans d’agences sanitaires, de directions de tout et de rien, trente ans de multiplications des acronymes avec autant de dépenses aussi inutiles que destructrices, tant en matière de santé, tout investissement public doit déboucher sur une l’amélioration du soin pour tous…

Trente ans d’une santé techno déstructurée à force d’ignorance de simples évidences :

- Les médecins rapportent bien plus à la nation qu’ils ne coutent.

- Un médecin libéral l’est par choix, non par défaut.

Les conséquences sont connues : les délais et les distances de rendez-vous s’allongent, et sont générateurs d’heures passées sur des brancards, de pertes de chance, de renoncements aux soins, de colères… et de montée des extrêmes.

Sonne l’état d’urgence…

Les déserts ne sont pas, nous l’affirmons ici, une fatalité, et leur résolution sur l’ensemble du territoire est possible en trois ans. Cette affirmation peut surprendre, elle n’en est pas moins vraie. Cependant elle se heurte à deux nécessités, qui ajoutées l’une à l’autre, rendent sa concrétisation difficile : le courage et la vision politique à long terme.

La médecine générale libérale souffre à la fois d’un déficit et d’un retard d’installations. Par manque d’attractivité elle attire moins et huit ans passent avant que le médecin libéral ne visse sa plaque. Dix ans pour le former, huit ans pour qu’il s’installe. Soit dix-huit ans… Autant dire une éternité, entre le début de la formation et l’installation. Le salariat augmente, mais il faut 2,2 médecins salariés pour 1 médecin libéral. Cela devient insoluble…

Comment à la fois relancer les installations en libéral et résoudre la pénurie sur les territoires ? En ouvrant un accès immédiat aux honoraires complémentaires (secteur 2) pour les médecins généralistes qui exercent un minimum d’une journée de leur temps par semaine dans une zone déficitaire. Cet accès aux honoraires complémentaires au sein de leur exercice principal deviendrait définitif au bout de 3 ans de présence en zone déficitaire (durée d’un assistanat ou d’un clinicat ouvrant au S2 pour les autres spécialités).

Cette ouverture du secteur 2 aux médecins généralistes contre une présence en zone déficitaire permettrait de flécher l’exercice vers les zones en tension et d’y recréer ainsi une filière médecin traitant « partagée ».

Il pourrait lui être reproché l’établissement d’un système inégalitaire. A cela nous répondons que ce qui est générateur d’inégalité ce sont d’abord les difficultés d’accès aux soins et la perte de chance qui en découle. Toutes les études montrent que les médecins en secteurs 2 font 40 % de leurs actes sans dépassement, que 97 % des Français ont une mutuelle et qu’un tel système est moins inégalitaire que le fait de baisser la part de remboursement de l’assurance maladie de 70 à 60 %, action qui impacte tous les Français sans résoudre les difficultés d’accès au soin.

Au côté de la médecine générale, il faut résoudre la problématique d’accès à la médecine dite de second recours, tant les déserts sont aussi des déserts de cardiologues, rhumatologues, psychiatres, etc.

Cela passe par un réaménagement du territoire avec la multiplication en ruralité et semi ruralité de nouvelles structures hospitalières : pôles de consultations et d’hospitalisations à temps partiel en lien avec des structures hospitalières mères. La centralisation menée depuis des années a entrainé trop souvent restructuration et regroupement des hôpitaux publics ou privés et éloignement de la médecine de spécialité pour des Français qui, sans médecin traitant, se retrouvent d’autant plus isolés. Ces pôles doivent être publics et privés avec là encore intéressement immédiat pour les médecins du public (gain salarial) ou du privé (gain fiscal) devenant définitif au bout de trois ans de présence. Il est bon de préciser à ce stade de la réflexion que la réimplantation de médecins généralistes « médecin traitant partagé » dans les zones déficitaires résoudra une bonne part des difficultés d’accès à la médecine de second recours.

Ces solutions demandent à la fois courage politique et capacité de vision. Il s’agit de penser à l’aménagement du territoire par le développement et l’appui de la médecine libérale, par l’imposition d’un rôle solidaire aux structures mutualistes et assurancielles avec recentrage de leurs missions sur le soin (abandon des remboursements des patamedecines) et révision des contrats responsables et par la facilitation de création de pôles publics - privés de consultations et d’hospitalisations à temps partiel en zones rurales et semi rurales.

Ces solutions sont à l’opposé des mesures couteuses et sans effets, entre effets de manche et coups de mentons, bricolage et concours Lépine, proposées à ce jour. Elles n’attendent qu’une volonté : oser réussir.

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Docteur Jérôme Marty, directeur d'un établissement de soin à Fronton (31), président de l'UFML.

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