Qu’est-ce qu’un salaire « indécent » ? Derrière ce terme se cache une réalité économique qui touche des millions de Français : vivre sans avoir les moyens de subvenir à ses besoins essentiels. Alors que le coût de la vie augmente, combien faut-il réellement pour atteindre un niveau de vie jugé « décemment acceptable » ?
Salaire : combien faut-il pour vivre décemment en France ?
L'Institut de recherches économiques et sociales (IRES) a mis à jour ses données concernant les niveaux de salaire et de vie des Français, dans un contexte d'inflation notable. L'IRES conclut que le salaire minimum interprofessionnel de croissance (Smic), actuellement fixé à 1801,80 euros brut soit 1426,30 euros net, ne permet plus un niveau de vie décent. Le seuil de revenu considéré comme "décent" pour une personne seule est désormais estimé à 1800 euros net par mois.
Salaire : comment définir la décence en chiffres et en besoins ?
Vivre décemment, cela ne se limite pas à remplir son caddie ou à payer ses factures. Selon l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES), une personne seule a besoin d’environ 1 800 euros nets par mois de salaire pour atteindre un minimum de confort. Cette somme couvre les besoins essentiels comme l’alimentation, le logement, l'éducation, les transports et les soins de santé. Mais elle inclut également la possibilité d'épargner et d'acquérir des biens de consommation.
Cette définition est également appuyée par l’ONG Fair Wage Network, qui décrit un salaire décent comme celui permettant de subvenir aux besoins de base tout en garantissant un avenir sûr grâce à une épargne de précaution. Pourtant, avec un Smic net fixé à 1 426,30 euros (1801,80 euros brut), de très nombreux Français peinent à atteindre ce seuil.
L'inflation pèse sur les foyers modestes
L’inflation, bien que modérée en 2024 à 1,2 %, n’a pas fait disparaître l’impact des augmentations cumulées depuis 2022, estimées à 11 %. Ce phénomène a entraîné une hausse significative des budgets nécessaires pour vivre correctement. Selon Pierre Concialdi, chercheur à l'IRES, 4 150 euros par mois de salaire seraient requis pour un couple avec deux enfants afin de maintenir un mode de vie "décent".
Ces augmentations pèsent lourdement sur les foyers modestes, notamment les familles monoparentales et les personnes seules, souvent les premières victimes de la précarité. Le constat est sans appel : pour 35 % des Français, les ressources actuelles ne suffisent pas à vivre correctement.
Le Smic, un écart toujours plus grand
Le Smic, pourtant conçu pour garantir un revenu minimum, ne parvient plus à couvrir un niveau de vie jugé acceptable. Avec un revenu net de 1 398 euros, il reste bien en dessous des besoins estimés. Selon l'Observatoire Société et Consommation, il manquerait en moyenne 897 euros par mois aux Français sur leur salaire pour "bien vivre". Cette insuffisance touche particulièrement les dépenses vitales, mais limite aussi l'accès aux loisirs ou à des dépenses imprévues, mettant en lumière une plus grande fragilité budgétaire.
Face à cette situation, plusieurs experts plaident pour une révision des politiques salariales. Revaloriser le Smic et établir des budgets de référence actualisés deviennent des priorités pour répondre aux attentes d’une population toujours plus inquiète. Selon les données de l’ObSoCo, un bien-être financier repose sur deux critères majeurs : ne pas être à découvert et pouvoir épargner chaque mois.
La difficulté d'établir une définition universelle du "revenu décent"
Il est complexe d'établir une définition universelle du "revenu décent" en raison des disparités internationales et individuelles dans les besoins et les coûts de vie. Toutefois, l'ONG Fair Wage Network propose une définition : un revenu permettant de couvrir les besoins essentiels d'une famille.
Comme le rapporte Capital, l’ONG Fair Wage Network a expliqué qu'un revenu décent correspondrait à « la rémunération permettant à chaque salarié de subvenir aux besoins essentiels de sa famille (alimentation, logement, transport, éducation des enfants, frais de santé…) mais également de constituer une épargne de précaution et d’acquérir des biens de consommation ».