Depuis les années 90, le niveau de vie des retraités est supérieur à celui des actifs : Pourquoi ?

C’est un constat qui revient depuis plusieurs décennies sur le devant de la scène. Les retraités gagnent trop, il faut créer une taxe qui sera reversée pour augmenter les salaires des plus jeunes, ou reverser ce surplus pour supprimer les déficits des caisses ou même alléger la « dureté » de la réforme par des transferts. La réforme des retraites à 64 ans actuelle a réanimé le débat.

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By Daniel Moinier Last modified on 24 mars 2023 13h30
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Depuis les années 90, le niveau de vie des retraités est supérieur à celui des actifs : Pourquoi ? - © Economie Matin
1709,28 EUROSLe SMIC mensuel brut en 2023 est de 1.709,28 euros.

Dans son rapport annuel de 2022, le COR mentionne le fait que le niveau de vie moyen des retraités n’a cessé de croître depuis le milieu de la décennie 1990. En outre, le niveau de vie relatif des retraités par rapport à celui de la population dans son ensemble en 2020 a atteint 101,6 %. Ce taux est relativement stable depuis 1996.

Le revenu disponible moyen des retraités est de 25 584 euros annuels par unité de consommation contre 25 190 euros pour l’ensemble de la population.

Pourquoi les retraités gagnent-ils plus en moyenne que les salariés ?

C’est relativement simple à expliquer. Si l’on se réfère par exemple à un début de carrière en 1960, (des personnes qui auraient environ 80 ans) combien ces salariés effectuaient-ils en moyenne d’heures (à peu près identique de 1950 à 1966) travaillées/Payées par semaine ?

Graphique des temps de travail entre 1950 et 2015, n’ayant plus bougés depuis.

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L’horaire moyen annuel a baissé de 145 heures entre les années 1975 et 1983 et de 201 heures entre 1991 et 2003, soit 355 heures perdues. Depuis 1950, c’est même 501 heures.

Voir les chiffres ci-dessous :

Arti Moinier 03032023 1

Ce qui augmente encore ces données, c’est la différences des heures supplémentaires entre 1950 et 2006.

Il existait un nombre très important d’entreprises qui étaient à 55 heures de travail par semaine : 10 heures/Jour + samedi matin 5 heures, ce qui arrivait à un horaire payé de 55 heures + 2 heures supplémentaires à 25% de 40 à 48 heures et 7 heures à 50% soit 3,5 heures et donc un total payé de : 55 + 2 + 3,5 = 60,5 heures payées. Ce qui augmentait le salaire brut de 10%, soit un montant non négligeable.

Actuellement les grandes entreprises sont presque toutes à 35 heures, les moyennes et petites établissent des horaires à la demande au-delà de 35 heures, avec souvent un maxi à 39 heures soit quelques heures supplémentaires à 25% de la 36ème à la 43ème… Le nombre d’heures supplémentaires moyen par salarié est de 0.71 par semaine (chiffre Insee) et de 9,3 heures par trimestre.

Pour les retraités, cette différence de niveau de vie est accentuée par des revenus d’activité, du patrimoine, de la fiscalité, mais aussi des transferts comme par exemple le minimum vieillesse, les allocations logement et surtout pour les veufs-veuves la pension de réversion. Cet ensemble de revenus complémentaires représente en moyenne 72% des revenus des retraités. Il y a aussi le fait qu’il n’y a plus la charge des enfants, ce qui augmente le revenu disponible du ménage ou de la personne seule. Autre avantage, celle découlant des retraités qui sont propriétaires de leur logement avec des charges inférieures.

Malgré la baisse des pensions qui sont indexées sur l’inflation et non sur les salaires, mais aussi parfois bloquées, la différence avait encore « résistée » à la hausse des revenus des actifs. Mais ce ne sera plus le cas.

Le COR précise que la principale raison qui explique la dégradation programmée du niveau de vie relatif des retraités tient à la baisse relative de la pension moyenne par rapport au revenu moyen d’activité, en raison des futurs gains de productivité (profitant par définition aux actifs). Selon les projections du COR, les pensions progresseraient de 8,4 à 29,3 % entre 2021 et 2070, contre une fourchette de 40,3 à 102 % pour les revenus d’activité.

Selon les projections du COR, le niveau de vie relatif des retraités devrait être compris entre 75,5 et 87,2 % en 2070 (selon l’hypothèse retenue quant à l’évolution de la productivité du travail).

Mon analyse est que le nombre d’heures ayant diminué en 1983 puis en 2000, les nouveaux retraités se retrouvent par ricochet avec des pensions moindres.

A noter toutefois que le niveau de vie de près de 6,6% des retraités se situait au-dessous du seuil de pauvreté en 2020, fixé à 1102 euros par mois en 2022 (60% du niveau de vie médian).

Que vont devenir les pensions de retraite dans le futur ?

Compte tenu du nombre d’heures payées-travaillées actuel, les pensions seront très largement inférieures à ce qu’elles étaient pendant de nombreuses dizaines d’années d’après guerre.

Pour plusieurs raisons :

En 1950, il n’y avait que 6% de charges sur salaire et pas plus pour l’employeur. Actuellement c’est minimum 22% sur le salaire non-cadre + mutuelle. Soit une différence de 16% hors mutuelle.

Autre différence, il existe actuellement les retenues CSG-RDS sur les pensions (y compris sur l’Assedic) qui n’existaient pas avant 1990. D’où des pensions qui ont été plus importantes jusqu’à 9,3%.

Si l’on résume :

Combien un salarié d’aujourd’hui gagnerait en plus avec un horaire de 1950 ?

Ci-dessous le calcul explicatif détaillé

1-Différence d’heures travaillées payées entre 1950 et 2023 par les salariés base horaire :

Nombre d’heures moyen travaillées en 1950 = 47,7

Nombre d’heures moyen travaillées en 2023 = 35,9

Différence d’heures travaillées par semaine 1950-2023 = -11,8

Nombre moyen d’heures par mois 1950 = 206,68

Nombre moyen d’heures en 2022 = 155,55

Différence du nombre d’heures travaillées par mois = - 51,13

2-Salaire brut mensuel perdu par les salariés base 35 heures : 15,18 x 51,13 = 776,15 euros

Pour info Montant dû à la différence de retenues sur salaire brut de 6 à 22% !

206,68 x 15,18 = 3137,40 x 6% = 188,24

155,55 X 15,18 = 1360,49 X 22% = 519,31

Différence de charges payées entre 1950 et 2023 : + 331,07 euros

3-Montant perdu dû aux moindres heures supplémentaires effectuées (8 heures à 25% et 50% au-delà)

47,7 = 7,7- 0,7 (H S 2023) = 7 heures à 25% = 1,75 heure perdue par semaine sur la base d’un salaire brut de 15,18€.

Total : 1,75 X 15,18 = 26,56€ par mois.

26,56 x (22 – 6) = 4,23€ par mois.

Récapitulatif/Salaire bruts perdus sur :

  • Perte dû à la différence d’heures effectuées = 776,15€
  • Perte dû à la différence du nombre d’heures supplémentaires = 26,56€
  • Perte dû aux taux de charges différent sur H/Supplémentaires = 4,23€
  • Total de salaire mensuel perdu entre 1950 et 2023 = 806,94€

Avec un horaire des années 1950, le salaire mensuel moyen brut serait plus élevé par mois de : + 806,94 euros

Si l’on avait gardé le même temps de travail, soit une base de 40 heures mais aussi des départs à 65 ans, les charges salariées et employeurs n’auraient pas augmentées ou peu. Le chômage serait resté faible, avec peu de délocalisations, une dette peu élevée. En rêvant peut-être, même un bénéfice !

« Presque tous les pays de l’Europe » des 27 s’en sortent mieux que la France sur les deux critères dette-déficit, même si eux aussi ont diminué leurs temps d’emploi et d’activité mais dans des proportions beaucoup moindres que la France.

Les résultats financiers de ces pays sont presque tous proportionnels à leur taux d’emploi et d’activité plus élevé, à quelques exceptions liées à ceux disposant de ressources importantes de matières premières et pétrolières ou ayant eu des gestions peu responsables.

www.danielmoinier.fr

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

5 comments on «Depuis les années 90, le niveau de vie des retraités est supérieur à celui des actifs : Pourquoi ?»

  • Merci de votre démonstration que je m’empresserai de transmettre à une certaine Dame Aubry qui a surtout mis en œuvre la démolition programmée du travail en France.

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  • « Il y a aussi le fait qu’il n’y a plus la charge des enfants, ce qui augmente le revenu disponible du ménage ou de la personne seule. »
    Cela n’est pas tout à fait exact dans la mesure où nombre de retraités se retrouvent dans la situation de devoir prendre en charge leurs enfants et leurs petits enfants, quand ce n’est pas de leurs propres parents, les EPADH étant hors de prix, en raison entre autres, du chômage qui sévit et touche également les diplômés de l’enseignement supérieur…À mon sens, les moyennes calculées ne tiennent pas compte de la réalité des faits…les retraités, pour la plupart, ne bénéficient pas d’un niveau de vie supérieur à celui des actifs !

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  • Vous oubliez de préciser qu’à une époque l’horaire de référence était de 40 h/semaine et seulement 4 semaines de congés payés. Ne méritons pas d’avoir une retraite bien méritée. J’aurais aimé pouvoir profiter d’un peu de temps de loisirs lorsque j’étais en activité qui a duré 43 années. QUELLE VIE !!!

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  • Arrêtez de raconter n’importe quoi , votre discours ne voit pas plus loin que le bout de son nez= combien de retraités se sont privés pour avoir un peu de confort à la retraite, combien ce sont privés toutes leur vie pour payer leur maison , être obligé d’acheter leurs fermes, leur font de commerce , combien ne prenaient pas de vacances,et aujourd’hui on les traite de privilégier , faut arrêter les conneries .

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  • Vous oubliez SURTOUT de préciser que depuis 1960 la productivité du travail a énormément augmenté dans tous les secteurs, or cette augmentation de la productivité a profité de plus en plus au Capital qu’au Travail. Cela montre que la part de la valeur ajoutée consacrée aux salariés a nettement diminué au profit des détenteurs de capitaux, d’où une diminution relative des salaires au profit des dividendes versés. Par ailleurs vous dites une énormité lorsque vous prétendez que les retraites sont indexées sur l’inflation, ce qui n’est plus le cas au moins depuis Sarkozy. Non Monsieur, les retraites moyennes sont peut-être supérieures au SMIC, mais combien de retraités vivent avec moins de 1000€/mois ?

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