Ruissellement et redistribution sont bénéfiques pour les ménages pauvres

Depuis que Bruno Le Maire a annoncé sur RTL le 26 mars 2024 que la France avait atteint un déficit de 5,5% en 2023 au lieu des 4,9% prévus. Le mécontentement et les reproches tombent.

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Par Daniel Moinier Publié le 29 mars 2024 à 5h30
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Ruissellement et redistribution sont bénéfiques pour les ménages pauvres - © Economie Matin
110,6%La dette de la France a atteint fin 2023 les 110,6% du PIB

La critique qui arrive en premier, c’est le montant énorme de la dette et une gestion calamiteuse : La solution prioritaire pour la plupart de nos concitoyens, serait de taxer beaucoup plus les plus riches, alors que le ministre de l’économie annonce qu’il va trouver 30 milliards d’euros d’économie en diminuant le fonctionnement des ministères et en modifiant les finances publiques, sans passer par l’austérité. Il a annoncé par ailleurs qu’il y avait trop d’échelons dans les collectivités locales mais aucune évocation de taxation supplémentaire des plus riches.

Sur la première revendication des Français citée ci-dessus, l’INSEE va à l’encontre des idées reçues dans sa note publiée en fin d’année 2023 : « La redistribution fonctionne très bien en France » puisqu’il y a 500 milliards de transfert des plus riches vers les plus pauvres. Soit 25% du revenu national transférés entre contributeurs nets et bénéficiaires, ce qui réduit significativement les inégalités des revenus.

C’est 57% des Français qui reçoivent plus qu’ils ne versent. Cette redistribution élargie à l’ensemble des services publiques, réduit donc fortement les inégalités entre les 10% des ménages les plus aisés et les 13% des ménages les plus pauvres.

Avant redistribution, les ménages aisés disposent en moyenne de 127.270 euros par an, soit un revenu 18 fois supérieur à celui des ménages pauvres, qui s’élève à 6.980 euros. Après redistribution, les revenus des plus aisés ne sont plus que trois fois plus élevés (78.480 euros) que ceux des plus modestes. (25.330 euros).

Les prestations en nature surtout les dépenses de santé et d’éducation, contribuent pour plus de la moitié de la réduction des inégalités (53%) et des prestations sociales à hauteur de 40%.

Arti Moinier 29032024

Ceux qui sont bénéficiaires de la redistribution sont 95% des 15% des ménages pauvres et 5% des 13 % des plus aisés. Au niveau médian, c’est 49% des personnes, ce qui semble logique.
Une particularité, ce sont les plus de 65 ans qui sont les plus bénéficiaires, à 90% notamment parce qu’ils perçoivent des pensions de retraite et beaucoup de prestations de santé.
En dehors des retraités, ce sont les ménages les plus pauvres, les moins diplômés, les familles nombreuses ou monoparentales et les femmes seules.

De l’autre côté, ce sont les chefs d’entreprises, professions libérales, intermédiaires, cadres, travailleurs indépendants, couples qui a plus de 50% donnent plus qu’ils ne reçoivent.
Le bilan est neutre pour les ouvriers, employés qui reçoivent en moyenne autant qu’ils reçoivent.

Il faut rappeler que la part du social est devenu au fil du temps et de loin la dépense la plus importante des dépenses de la nation, soit 860 milliards d’euros (gestion comprise) = 52,2% du PIB ou 57,3% du total des dépenses publiques de 1500 milliards. (Record mondial)
C’est là que l’on retrouve une part très importante de la redistribution. Ce qui explique le « camouflage » français d’une pauvreté qui a fortement augmenté au fil des décennies, payée par des déficits, des dettes et des emprunts de plus en plus importants !!!
Nos taux de chômage élevés (jusqu’à plus de 6 millions d’inscrits), les familles au RSA qui sont passées de 100.000 à plus de 2 millions, les logements sociaux passés de 10% à 25%, la création de l’AME (Aide Médicale d’Etat) pour ne citer que quelques aides, sont le reflet de notre enlisement suite à notre baisse d’activité depuis les années 80.

CONCLUSION :

En plus de l’INSEE, le Conseil des prélèvements obligatoires a fait le même constat. Les riches paient beaucoup d’impôts et les plus pauvres en profitent. Contrairement à ce que développait Thomas Piketty, il n’est pas nécessaire de punir les riches pour que les pauvres s’enrichissent.

Par contre, si la redistribution arrive à un point non soutenable, il n’y aura plus de riches pour la payer.

https://www.danielmoinier.fr/

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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