Le 1er janvier 2025 marque une étape importante pour les 17 millions de retraités français : leurs pensions de base seront revalorisées de 2,2 %, en alignement avec l’inflation projetée. Cette mesure découle directement de la censure du budget 2025 proposée par l’ancien gouvernement Barnier, prévoyant une revalorisation plus progressive et limitée. Cependant, cette décision soulève des interrogations sur la viabilité économique d’un tel choix au vu des contraintes budgétaires françaises.
Revalorisation des retraites au 1er janvier 2025 : est-ce raisonnable ?
Pourquoi cette revalorisation ?
L'indexation des pensions de retraite sur l'inflation est inscrite dans le Code de la Sécurité sociale, garantissant un maintien du pouvoir d'achat des retraités. Cependant, face à une dette publique dépassant les 3 000 milliards d'euros, cette indexation a été soumise à des ajustements dans les derniers budgets. L'ancien gouvernement Barnier avait initialement proposé une hausse limitée à 0,8 % en janvier, suivie d'une deuxième en juillet pour les pensions inférieures à 1 500 euros.
La censure de cette mesure par l'Assemblée nationale a entraîné une revalorisation automatique à hauteur de l'inflation. Ainsi, dès février 2025, les retraités affiliés à la Caisse nationale d'assurance vieillesse (CNAV) conservent leur allocation. Pour les régimes complémentaires, notamment l'Agirc-Arrco, les augmentations sont décidées en novembre de chaque année, rendant difficile une prévision précise pour 2025.
L'impact économique
Cette hausse constitue une bouffée d'oxygène pour des millions de retraités confrontés à une inflation persistante. Après des années de gel des pensions et de hausses de cotisations, comme l'augmentation de la Contribution sociale généralisée (CSG), cette mesure réaffirme leur droit à un revenu décent, augmentant leur pouvoir d'achat.
Selon les estimations, cette revalorisation entraînera une dépense supplémentaire de 6,5 milliards d'euros en 2025, comme le rappelle Challenges, aggravant le déficit des régimes de retraite déjà évalué à 18 milliards d'euros. Le système français de retraite, basé sur la répartition, fait face à des pressions croissantes liées au vieillissement de la population et à l'allongement de l'espérance de vie.
Est-ce raisonnable ?
Cette décision soulève ainsi la question de son financement. Alors que l'État cherche à réduire les dépenses publiques de 40 milliards d'euros, la revalorisation automatique des retraites limite les marges de manœuvre. Par ailleurs, cette mesure pourrait avoir un effet de relance limité : bien que les retraités consomment davantage, leurs dépenses sont souvent orientées vers des secteurs peu dynamiques (avec peu de potentiel de croissance rapide).
Face à une dette publique colossale et à un déficit de la Sécurité sociale en constante progression, cette revalorisation semble difficilement soutenable sur le long terme. Elle répond à une nécessité sociale immédiate, mais au détriment de l'équilibre financier.
Des solutions envisageables
- Réformer l'indexation : Ajuster l'indexation des retraites en fonction des tranches de revenus. Par exemple, privilégier les hausses pour les pensions inférieures au SMIC et geler temporairement celles dépassant un certain seuil.
- Augmenter les recettes : Introduire une contribution exceptionnelle sur les retraites les plus élevées ou renforcer les cotisations sociales pour certains revenus spécifiques.
- Stimuler l'emploi des seniors : Encourager le maintien en activité des seniors par des incitations fiscales et des contrats adaptés. Une augmentation de la population active permet d'élargir la base contributive.
- Réduction des dépenses dans d'autres secteurs : Identifiant des domaines de dépenses publiques moins prioritaires pour correspondre à l'augmentation des coûts des retraites.
- Transition vers un système hybride : Explorer des modèles combinant répartition et capitalisation, comme dans d'autres pays européens, pour diversifier les sources de financement des retraites.