D’après un rapport de la Cour des comptes, le système de retraites en France, légèrement excédentaire en 2023, devrait connaître un déficit d’environ 30 milliards d’euros en 2045. La croissance du nombre de retraités et l’allongement de la durée de vie constituent des défis majeurs pour maintenir l’équilibre financier du système.
Retraites : vers un déficit de 30 milliards d’euros en 2045 malgré les réformes

Système des retraites : une situation financière contrastée en 2023
En 2023, le système des retraites a dégagé un excédent de 8,5 milliards d’euros. Cet excédent résulte principalement de deux facteurs. D'une part, les réformes successives depuis 2003 ont permis de repousser l’âge réel de départ en retraite de 2 ans et 2 mois. D'autre part, l’inflation en 2023 a augmenté plus vite que les pensions, ce qui a amélioré les recettes de 4 milliards d’euros pour cette année. Toutefois, cette amélioration temporaire masque des déséquilibres profonds, met en garde la Cour des comptes dans un rapport sur le sujet.
Le régime général des salariés agricoles, par exemple, accuse un déficit de 0,2 milliard d’euros en 2023. Plus grave encore, la caisse des fonctionnaires territoriaux et hospitaliers a enregistré un déficit de 2,5 milliards d’euros. En revanche, d'autres régimes, comme celui des professions libérales, ont présenté un excédent de 9,9 milliards d’euros.
Retraites : un déficit exponentiel à l’horizon 2045
Malgré ces résultats contrastés, les perspectives financières du système de retraites s’assombrissent. Dès 2025, le déficit global atteindra 6,6 milliards d’euros, et il pourrait se maintenir à ce niveau jusqu’en 2030, en partie grâce à la réforme de 2023. Néanmoins, à partir de 2030, une dégradation continue est prévue, avec un déficit projeté de 15 milliards d’euros en 2035 et près de 30 milliards d’euros en 2045, soit une multiplication par cinq en vingt ans.
Les effets de la réforme de 2023, qui visent à repousser l’âge de départ à la retraite et à diminuer le nombre de bénéficiaires, devraient contribuer à réduire le déficit à hauteur de 10 milliards d’euros d’ici 2030. Cependant, ces effets seront de plus en plus limités avec le temps. De plus, la durée moyenne passée à la retraite augmentera à nouveau à cause des gains d’espérance de vie, atteignant des niveaux similaires à ceux d’avant la réforme.
La Cour des comptes prône le recul de l’âge d’ouverture des droits
Pour rétablir l’équilibre financier du système de retraites, la Cour des comptes a étudié plusieurs leviers d'action. Un recul d’un an de l’âge d’ouverture des droits à 65 ans pourrait générer 8,4 milliards d’euros de recettes supplémentaires en 2035. Par ailleurs, une augmentation d’un point du taux de cotisation rapporterait entre 4,8 et 7,6 milliards d’euros, selon les modalités retenues.
Enfin, la réduction de la durée d’assurance requise de 43 à 42 ans coûterait 3,9 milliards d’euros en 2035, tandis qu’une augmentation à 44 ans permettrait de rapporter 5,2 milliards d’euros supplémentaires.