Retraites : Qui sème le vent récolte la tempête !

On pourrait s’en tenir à ce tweet biblique proverbial, qui dit tout. Car c’est un vent violent qui souffle depuis longtemps sur la France et les Français. Les rues parisiennes jonchées de poubelles débordantes, et un Elysée en état de siège Faubourg Saint Honoré, ne sont que des conséquences de la violence légale froide qui se décide et s’obstine dans des réunions feutrées entre gens du même monde à lier de pesants fardeaux pour en charger les épaules du peuple laborieux qu’ils ne remueront pas eux-mêmes avec le petit doigt : ils ne tiendraient pas une journée d’ailleurs sur un chantier du bâtiment, une chaîne automobile, dans un abattoir, à débarrasser les ordures ménagères, comme aide-soignante ou à conduire un métro. La tempête sociale n’est pas sui generis, elle est une résultante.

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Par Cédric d'Ajaccio Modifié le 24 mars 2023 à 13h29
Croissance France 2023 Prevision Recession Positive
Retraites : Qui sème le vent récolte la tempête ! - © Economie Matin
30%La popularité d'Emmanuel Macron a chuté sous la barre des 30% en mars 2023.

Le gouvernement et les députés « Renaissance »1 (sic !) ont raison de dire que les syndicats n’ont pas réussi à « mettre la France à l’arrêt » et à « mettre la France à genoux » comme ils le prétendaient, dans un langage lourd du remords d’une soumission passée à une série de violences présidentielles inacceptables, jalonnées par des remarques révélatrices d’un ADN anti-démocratique de caste.

Il faut bien le reconnaître : seul le président peut se targuer d’être parvenu à ces deux résultats.  Mettre la France à l’arrêt, ce fut chose faite le 16 mars 2020 par sa déclaration de guerre donquichottesque au virus SARS COV 2 en circulation exclusive, au moyen d’une stratégie de repli sur des positions préparées à l’avance (le confinement dans nos logements propice à la tranquille contamination familiale constatée après coup). Avouons-le : il n’y a eu que lui pour avoir osé faire cela dans toute l’histoire de France, et pour noyer la vague de protestation que cette folle décision devait soulever sous la perfusion budgétaire d’un peu raisonnable « quoi qu’il en coûte », portant le déficit public (de l’ensemble des administrations publiques) de 73 Mds € à la bagatelle de 211 Mds € en 2020 (soit son triplement) et de 161 Mds € en 2021 sans qu’il soit à l’époque question de faillite. Feignons aussi d’oublier que cette déclaration de guerre du chef des armées invitant au repli général immédiat a opportunément permis d’éviter le constat de déroute de la majorité présidentielle aux élections municipales de 2020 dont bruissait encore peu de temps avant le 16 mars des médias soudainement absorbés par un sujet plus sérieux. Et il est en train de faire sous nos yeux la preuve qu’il peut encore le refaire aujourd’hui, sourd à la protestation de fond contre une réforme inutile, puisque l’allongement de la durée de cotisation y compris dans les régimes spéciaux est déjà réalisé, sous la forme de décotes en cas de départ à la retraite avant une carrière pleine, ou en cours de réalisation en vertu de la Loi Touraine. Marisol Touraine s’est d’ailleurs exprimée clairement contre l’actuel projet de réforme des retraites2, qu’il vaudrait mieux nommer projet de dégradation des conditions de vie des salariés les moins bien lotis.

Quant à mettre la France à genoux et l’humilier il s’agit là, si l’on tisse la chaîne des propos et du « body language » du personnage, d’une obsession personnelle : il n’y a à nouveau que lui pour avoir réussi à le faire et même s’acharner à le faire. Il l’a fait face au mouvement populaire inédit des gilets jaunes que les provocations policières (la souricière organisée Place de l’Etoile) sont parvenues à rendre violent pour le disqualifier (selon une longue tradition de provocations du ministère de l’intérieur) et qui a été réprimée avec une violence policière inédite (comme ces tirs de flashballs à bout portant dans les manifestants qui ont fait selon Libération3 82 blessé graves et rendu aveugles 12 personnes – du jamais vu en France, révoltant des anciens des forces de l’ordre statutairement contraintes au mutisme). Il a d’ailleurs récemment confirmé son écrasante victoire passée face au gilets jaunes dont le mouvement est parti des hausses historiques de carburant (avoisinant alors 1,5 € le litre) en arrachant à Patrick Pouyanné le plafonnement du prix de l’essence à 1, 99 € le litre d’essence, un véritable pied de nez aux gilets jaunes désormais enfermées dans une colère muette qui ne devrait rassurer personne. On se rappelle mal qu’à l’automne 2018, le Pays était au bord du chaos dont il n’a été sauvé que par le tour de magie du président, dont le discours très attendu du 18 décembre, dans lequel il jouait à quitte ou double, a réussi à noyer le mouvement par la promesse d’un Grand Débat national, lequel Grand Débat a rapidement tourné au Grand One Man Show présidentiel organisé par les préfets, sans déboucher sur quoi que ce soit de mémorable, sinon le légitime renforcement de l’orgueil présidentiel dans son pouvoir d’illusionniste capable en la circonstance d’imposer cette « sortie de crise consultative » selon les « termes de langage » gouvernementaux d’alors. « Les Français sont conifiés par les mots » disait Louis Ferdinand Céline.

Mettre la France à genoux, il a à nouveau réussi à le faire par le discours du 12 juillet 2020 et malgré les protestations immédiates de centaines de milliers de Français de tous horizons et dans tout le pays en pleines grandes vacances et au beau milieu de l’été, en créant un impensable apartheid entre les Français vaccinés et non-vaccinés et en remettant une couche quelque mois plus tard, voyant que grâce à un enrôlement volontaire des médias bénéficiaires privilégiés de la manne publique (3 Mds € entre 2020 et 2021 cela ne se refuse pas et cela oblige) la stratégie de la peur était payante, par l’aveu explicite de sa volonté d’emmerder les Français4 qui ne lui obéissent pas au doigt et à l’oeil : des Français légitimement réticents à s’injecter une médication expérimentale douteuse, sans notice en indiquant le contenu et en précisant les contre-indications, et pourtant tenus de signer une décharge de responsabilité en cas d’effets secondaires indésirables. Une médication reconnue inefficace de l’aveu même des communiqués des autorités sanitaires indiquant sur tous les médias qu’ « au bout d’un certain temps (ce n’est pourtant pas du Fernand Raynaud !5) le vaccin perd de son efficacité » - non pour y renoncer, mais pour ouvrir la voie inédite et innovante de campagnes de vaccination vaccinaux à répétition, généralement suivies de flambées de contaminations, médiatiquement confidentielles quant à elles. Le maintien de l’obligation du port du masque pour les personnes vaccinées n’était-il pas la meilleure preuve de cette reconnaissance publique d’inefficacité. Ni Poutine, ni Xi Jin Ping, ni Kim Jong Un, ni l’incontinent verbal et infatigable twitteur Donald Trump, n’ont osé insulter leur population comme se l’est permis cette incarnation présidentielle à la française du « camp de la raison » selon le slogan de campagne de 2022. Une énormité que le sénateur Bruno Retailleau a pourtant salué / qualifié de « trumpisme chic » ! Drôle de chic…

Ces coups de force à répétition ont pourtant laissé des traces indélébiles : les remords d’une soumission arrachée par un Machiavel décomplexé, à une volonté démocratique enracinée de faire confiance aux autorités politiques légalement investies, et à des syndicats piégés par leur soumission à « la science » et à cette forme d’expérience de Milgram6 à grande échelle que fut la gestion politique de la crise sanitaire, ont préparé ce retour de bâtons où les Français attendaient au tournant ce président, magicien auto-décrédibilisé….

Malgré une maltraitance prolongés par des médias à la botte qui ont prévenu toute critique d’une gestion sanitaire dantesque sous le terme disqualificateur de « complotisme »7, manipulateurs de la peur qui permet de faire tout admettre et tout faire faire aux populations, au lieu d’être les investigateurs impartiaux que la délibération démocratique requiert, ou les pourfendeurs des « fake news » officielles plutôt que des voix scientifiques dissidentes qui s’expriment sur des réseaux sociaux, jadis encensés comme des parangons d’une démocratie en progrès et soudain voués aux gémonies dès lors qu’ils osent s’écarter du « récit officiel » étonnamment promu « parole d’évangile » ; malgré la vertu alzheimerienne du présentisme qui domine les sociétés contemporaines, les Français n’ont pas tous, ni tout le temps, perdu la tête, ni la mémoire. Le moment de l’addition est arrivé, et elle est salée.

Ils ont du mal à comprendre par exemple comment une soudaine politique d’open bar consistant 1) à payer à ne rien faire toute une partie de la population empêchée de travailler en vertu de protocoles sanitaires délirants et surtout incohérents, transgressés allègrement pour les personnels hospitaliers les plus à risque et les plus contaminants ; 2) à généraliser les tests « gratuits » pour tout le monde mais chèrement payés par la CNAM alimentée par les cotisations sur les salaires et finalement sans signification compte tenu de l’écrasante majorité de tests positifs asymptomatiques ; 3) à adopter une politique vaccinale tous azimuts à nouveau aux frais de la princesse, bref comment une politique générale consistant à jeter par les fenêtres des dizaines de milliards d’euros sortis brusquement comme par magie d’un chapeau présidentiel père fouettard et père Noël en même temps, pouvait ne pas mettre en faillite la France, alors que les demandes de moyens en personnel et en lits par des services d’urgence en grève avant la crise sanitaire et ridiculement modestes en comparaison n’aboutissaient qu’à des refus ; comment une prévision de déséquilibre du régime des retraites de quelques milliards dans quelques années mettrait tout d’un coup la France en faillite. Il semble que là la crédulité et la patience d’une population aient trouvé leur limite. Comme le soutenait un slogan des gilets jaunes : « Emmanuel Macron, arrête de nous prendre pour des cons ».

Au-delà de cette échéance de justice immanente qui guette ce président de la République française fauteur de troubles qui lui reviennent aujourd’hui en boomerang et risquent de le mettre enfin hors-jeu, une question de fond demeure : un Pays aussi longtemps abîmé par ses dirigeants8 qui ont explicitement renoncé à prendre soin de leur population et des plus fragiles et éprouvés en son sein, et descendu aussi bas, peut-il se relever ?

Cédric d’Ajaccio

1 Il faudrait psychanalyser ce nouveau nom de baptême de ce qui fut « La République en Marche ». Si elle doit renaître cela signifie a priori qu’elle était morte, ou du moins qu’elle était à l’arrêt…

2 https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-lundi-30-janvier-2023- « Marisol Touraine fustige la réforme des retraites qualifiée de ‘passeport pour le populisme d’extrême-droite’ ».

3 Cf Checknews du 12 janvier 2019 : https://www.liberation.fr/checknews/2019/01/12/tirs-de-flashball-grenades-combien-y-a-t-il-eu-de-blesses-graves-parmi-les-gilets-jaunes_1702417/

4 Dans un entretien au Parisien du 4 janvier 2022 : « Moi, je ne suis pas pour emmerder les Français. Je peste toute la journée contre l'administration quand elle les bloque. Eh bien là, les non-vaccinés, j'ai très envie de les emmerder. Et donc, on va continuer de le faire, jusqu'au bout. C'est ça, la stratégie. Je ne vais pas les mettre en prison, je ne vais pas les vacciner de force (souligné par nous). Et donc, il faut leur dire : à partir du 15 janvier, vous ne pourrez plus aller au restau, vous ne pourrez plus prendre un canon, vous ne pourrez plus aller boire un café, vous ne pourrez plus aller au théâtre, vous ne pourrez plus aller au ciné… ».

5 Cf https://www.youtube.com/watch?v=IQO2Cb-yVlc

6 Voir à ce sujet l’explication vulgarisée et remarquablement mise en scène de l’expérience de Milgram dans le film d’Henri Verneuil I Comme Icare de 1979 avec Yves Montand.

7 Voir la lente construction aux Etats-Unis par la CIA de la mise en cause des « théories du complot » après la sortie du rapport peu crédible de la Commission Warren d’enquête sur l’assassinat du Président Kennedy, puis celui de son frère candidat à la présidence qui risquait de rouvrir le dossier de l’assassinat de JFK, in Aux origines de la « théorie du complot » par Lance Dehaven-Smith, paru en 2013 aux Etats-Unis, en 2022 en France aux éditions Yves Michel.

8 Les auditions de la judicieuse commission d’enquête de l’Assemblée Nationale sur la perte de souveraineté énergétique de la France, sont effroyablement édifiantes : en particulier celles de Jean-Marc Jancovici, Arnaud Montebourg, Henri Proglio, François Hollande.

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Pseudonyme adopté par un publiciste, lointain cousin de Frédéric Bastiat

1 commentaire on «Retraites : Qui sème le vent récolte la tempête !»

  • Stefanian

    Depuis Mitterrand en 1981 à nos jours, la France n’a cessé de péricliter…plus ou moins rapidement soit par insouciance, par capitulation face aux Français « rouspetteurs », par mépris, par incompétence ou par totale rancœur car au fond Macron n’en a rien faire ni des Français ni de la France car il veut la destruction de la France qu’il haït car il préfère l’Afrique Noire qu’il vient de visiter et qu’il n’arrête pas de visiter depuis ces dernières années!!
    En relation aux retraites, la réforme de Marisol Touraine était très bien et donc pourquoi vouloir encore tout chambouler de cette réforme Touraine acquise durement … pour obtenir des manifestations énormes partout!! Il faut vraiment un ou des âne(s) pour ne pas prendre les actions nécessaires pour enrayer cela!

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