Comme souvent, il y a des ambiguïtés. La retraite, intrinsèquement, repose sur l’accumulation de capital, mais celle-ci prend deux formes bien différentes :
• Capital « classique », comme l’immobilier, les infrastructures, les outils de production et de communication, etc.
• Capital humain, comme vous et moi, avec nos savoirs et savoir-faire, nos cerveaux, nos muscles et aussi notre cœur.
Retraites : une histoire de capital humain
L’homme, un capital bien spécifique
Le capital humain, à la différence du capital physique, ne peut pas faire l’objet d’une possession dès lors que l’esclavage est (heureusement !) interdit. L’accumulation du capital, source des retraites futures, prend donc des formes différentes selon qu’il s’agit de capital humain (le plus important) ou physique.
Dans le premier cas il n’y a pas de propriété (ce serait un retour à l’esclavage !) et les droits sur ce capital se présentent comme le droit pour un organisme ad hoc de prélever, au profit des retraités, une partie des fruits du travail des actifs. Le mode de captation est généralement la cotisation.
Celle-ci devrait logiquement être divisée en deux parties : l’une destinée à être à bref délai transmise aux retraités, sous forme de pensions, en guise de retour sur l’investissement en capital humain réalisé grâce à cet argent ; et l’autre destinée à financer l’investissement dans le capital humain, ce qui inclut notamment le fonctionnement du système de formation, initiale et continue, ainsi que la recherche.
Pour la seconde fraction, investissement en biens de production, l’argent ponctionné par l’URSSAF ou quelque organisme de ce genre doit être investi en priorité dans des biens capitaux à vocation générale, par exemple les voies de communication et l’habitat collectif.
Le capital humain, base même des retraites dites par répartition
Une fois compris l’ossature du système, si j’ose dire, il reste à préciser son fonctionnement. Par exemple, quel taux d’intérêt accorder aux investisseurs en voies de communications ? Quel nombre de points accorder pour telle participation à la formation du capital humain ? Concrètement, cela représente une grosse machinerie comptable, qui remplacerait l’énorme machinerie comptable actuellement utilisée pour la distribution des points dans un régime de retraites tel que l’ARRCO-AGIRC.
Le changement essentiel par rapport au système actuel doit être bien compris : il s’agit de remplacer l’énorme erreur qu’ont fait nos législateurs en attribuant des points ou des annuités constituant la base de calcul des droits à pension. Ces points doivent être attribués pour l’investissement en capital, humain, physique ou organisationnel, pas pour la dépense en matière de retraites ! Actuellement, c’est là que le bât blesse : Le législateur trompe la population en lui certifiant que chacun prépare sa pension en contribuant à payer celle de ses aînés. Ce conte de fées est une erreur cruciale, un mensonge gravissime. Nous devons corriger cette erreur en relisant Sauvy (« Nous ne préparons pas notre retraite par nos cotisations, mais par nos enfants »). Le « do ut des » latin, « donne afin que l’on te donne », est la base universelle de l’échange équitable ; il s’applique aux échanges entre générations successives que sont les pensions : A investit dans la génération suivante B, et en retour les B paieront, le moment venu, des pensions aux A.
Ainsi va la vie. Le législateur n’a pas compris la vie, il est dans son tort ; il doit corriger les lois absurdes que, dans sa sottise, il nous a imposé.