Retraites : le conclave en lambeaux, la réforme en sursis

Le conclave sur les retraites, lancé en janvier sous l’égide du Premier ministre François Bayrou, s’effondre sous le poids des désaccords.

Ade Costume Droit
Par Adélaïde Motte Publié le 20 mars 2025 à 9h20
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Paris, France, 26--02-2025 : Le Premier ministre François Bayrou Interministerial committee on the management of immigration in France, Hôtel de Matignon, Paris. - © Economie Matin

La CGT a claqué la porte du conclave sur les retraites, la CFDT menace de redéfinir les règles, et le patronat reste sur la réserve. Défections en série, accusations de trahison, absence de consensus… Le dernier espoir d’un dialogue social sur cette réforme explosive semble s’éteindre.

Un conclave qui tourne au naufrage

Tout avait pourtant commencé sous de bons auspices. En janvier 2025, François Bayrou ouvrait les concertations en promettant un débat « sans totem ni tabou ». Les syndicats et le patronat étaient appelés à se réunir pour trouver une solution équilibrée aux tensions persistantes sur le système des retraites. Mais la promesse s’est vite heurtée à la réalité politique.

Le coup de grâce est venu dimanche 17 mars : François Bayrou a annoncé qu’un retour à la retraite à 62 ans était hors de question. Pour la CGT, qui plaide depuis le début pour l’abrogation de la réforme de 2023 instaurant la retraite à 64 ans, c’était une provocation. Mercredi soir, Sophie Binet, secrétaire générale du syndicat, a acté la rupture : « Le Premier ministre et le patronat ont enterré ce conclave », a-t-elle déclaré sur France 2.

La CGT n’est pas seule à claquer la porte. Force Ouvrière, qui avait quitté les discussions dès février, et l’Union des Entreprises de Proximité (U2P), qui représente les artisans et professions libérales, ont aussi abandonné les négociations.

Les syndicats en ordre dispersé

La CFDT, bien que toujours présente, se montre de plus en plus critique. Sa secrétaire générale, Marylise Léon, a dénoncé « un gouvernement qui change les règles du jeu, un patronat qui boude dans son coin et des organisations qui partent ». Elle plaide pour un nouveau cadre de négociations, remettant en question la lettre de cadrage imposée par Matignon.

De son côté, le Medef reste dans le jeu mais exprime son scepticisme. Selon son président Patrick Martin, « les perspectives d’aboutir à un accord sont minces ». Le patronat se méfie particulièrement de la volonté de la CFDT de rouvrir le débat sur l’âge de départ à la retraite.

Positions des acteurs sur la réforme des retraites

Acteur Position actuelle Exigences
CGT A quitté le conclave Retour à la retraite à 62 ans
FO A quitté le conclave Rejet du cadre de discussion actuel
CFDT Veut redéfinir les règles Prise en compte de la pénibilité, départ anticipé possible
Medef Participe avec réserve Maintien à 64 ans, équilibre financier
Gouvernement Ferme sur les 64 ans Éviter toute hausse d'impôts ou baisse des pensions

Un avenir incertain

La suite des événements reste floue. Le conclave devait durer jusqu’à fin mai, mais son avenir semble désormais très compromis. « Le conclave est fini », a même lâché Jean-Luc Mélenchon.

Si la CFDT réussit à obtenir un nouveau cadre, la négociation pourrait reprendre sur d’autres bases, notamment autour de la question de la pénibilité ou des carrières longues. Mais sans la CGT et FO, la légitimité d’un accord serait faible.

François Bayrou, lui, tente de rassurer : « Les règles du jeu ne changent pas, nous faisons confiance aux partenaires sociaux ». Reste à voir s’il y a encore des partenaires sociaux pour jouer la partie.

Les retraites, un sujet aussi difficile que primordial

Alors que les décideurs peinent à s'entendre, les Français scrutent les délibérations avec inquiétude. Les jeunes actifs en particulier, voient avec difficulté le tiers de leur salaire s'envoler en pensions de retraite pour leurs aînés, alors qu'eux-mêmes ne savent pas quel sera leur avenir.

Aujourd'hui, les retraites représentent le tiers du budget de l'Etat. En plus de représenter beaucoup d'argent, cette part symbolise un budget tourné vers le passé plutôt que vers des investissements dont le pays a pourtant besoin. Sans même parler du déficit qui représente le tiers des dépenses totales de l'Etat, ou de la fiscalité qui pèse lourd sur les Français.

Ade Costume Droit

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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