La fraude aux pensions de retraite est un des arguments forts d’une partie de la classe politique pour attaquer les étrangers, et tout particulièrement les Algériens. Ils seraient, selon la rumeur, largement responsables de la fraude aux pensions qui touche la France.
Retraite : la fraude algérienne aux pensions est un fantasme
Sauf qu’il n’en est rien. La Caisse nationale d'assurance vieillesse (CNAV) a publié le 17 avril 2024 des données sur la fraude aux pensions de retraite, particulièrement en ce qui concerne les retraités résidant à l'étranger. Les Algériens en ressortent totalement blanchis.
La réalité de la fraude aux pensions de retraite : données de la CNAV
La CNAV a pour la première fois publié des chiffres officiels sur la fraude aux pensions de retraite. En scrutant 3,000 dossiers au hasard, seulement 16 cas de fraude avérée ont été identifiés, représentant un manque à gagner de 70 millions d'euros. Ce montant, bien qu'important, reste marginal par rapport aux 340 milliards d'euros de pensions versés annuellement. Et surtout largement inférieur aux 200 millions d’euros de fraude avancés par certains élus.
Face à ces chiffres, la CNAV intensifie ses efforts, notamment envers les retraités vivant à l'étranger, qui bénéficient souvent de mesures de contrôle moins rigoureuses. Une attention particulière est portée aux retraités résidant en Algérie, Portugal et Espagne, avec des mesures nouvelles telles que la vérification de l'identité par vidéo pour les retraités difficiles à localiser.
Les mythes autour de la fraude parmi les retraités algériens
Les médias et certains politiciens ont souvent évoqué une "fraude massive" parmi les retraités algériens, alléguant des milliers de cas de non-déclaration de décès pour percevoir indûment des pensions. Toutefois, l’enquête menée par la CNAV a largement démenti ces affirmations.
L'enquête a révélé que sur 2,000 retraités âgés de plus de 95 ans, seulement 370 n'ont pas répondu aux convocations, et moins de 1,000 centenaires algériens ont été recensés, dissipant le mythe de centaines de milliers de faux centenaires.
Un double fantasme sur la fraude aux pensions de retraite
Selon Renaud Villard, directeur général de la CNAV, cité entre autres par L’Opinion, la perception d'une fraude généralisée est exagérée. Il la qualifie même de « double fantasme ». Les tenants de cette hypothèse désormais démentie avançaient l’existence de « centaines de milliers de faux centenaires algériens ». Or, l’enquête de la CNAV a dévoilé qu’ils ne sont qu’une poignée.
Ce qui est vrai, toutefois, c’est que l’Algérie compte 31.000 retraités de plus de 90 ans. La CNAV va donc se pencher désormais sur leurs dossiers pour vérifier si une fraude massive existerait.
Moins de 1% de fraude aux pensions de retraite
Le fantasme d’une fraude massive aux retraites tombe également à l’eau concernant les données générales. Selon les chiffres de la CNAV, la fraude représenterait environ 0,3 % des montants versés pour les retraites chaque année en France, tous dossiers et toutes nationalités confondues. Soit un coût estimé en fourchette large à 80 millions d’euros.