Les concessions accordées sur le départ en retraite à 64 ans coûtent à l’Etat beaucoup plus qu’annoncé

Un nouveau recul du gouvernement sur les départs en retraite pour les moins de 21 ans prive encore de rentrées les caisses de retraites de base et complémentaires.

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Par Daniel Moinier Modifié le 24 mars 2023 à 13h30
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Les concessions accordées sur le départ en retraite à 64 ans coûtent à l’Etat beaucoup plus qu’annoncé - © Economie Matin
80%80% des 35-49 ans ne veulent pas de la réforme des retraites.

La seule mesure prise par François Hollande en 2017 ; faire partir plus tôt en retraite les jeunes ayant commencé leur travail entre 18 et 20 ans, a coûté 16,3 Mds d’euros. Car plus on avance en âge plus il y a de personnes concernées.

Sans compter le départ anticipé pour début d’activité entre 20 à 21 ans proposé par la 1ère Ministre.

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Ci-dessous deux tableaux qui permettront d’évaluer : La Pénibilité et les cessations d’activités anticipées

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Comment faisait-on il y a 50 ans avec des journées de travail beaucoup plus longues et harassantes qu’aujourd’hui ?
Il existait peu d’aides, aucune dérogation, aucune préretraite, y compris pour travaux pénibles.
A chaque manifestation importante, nos gouvernants ont lâché du lest, comme pour les salariés ayant commencés leur activité entre 20-21 ans. Si on pousse encore un peu plus loin, presque tous les salariés partiront plus tôt en retraite tout en commençant beaucoup plus tard. Aggravant fortement les déficits des caisses mais aussi des rentrées pour l’état, la baisse de consommation…. Heureusement qu’il y a la barrière des 43/44 années d’activité obligatoire (hors préretraites).

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Les Français en majorité n’ont pas une culture de l’économie et justement pour annihiler cette incompréhension, ces manifestations, revendications et grèves, nos gouvernants devraient commencer à leur expliquer :

-Qu’il y avait 6 cotisants pour un salarié en 1945, contre 1,4 aujourd’hui. Dans 20 ans, nous serons à 1 pour 1, c’est-à-dire cotiser sa retraite soit même. Il faudrait augmenter les cotisations de 60% pour percevoir une même retraite…
-Que nous avons perdu jusqu’à 14 heures de travail par semaine et 7 années d’activité sur la durée de vie. (Il n’est pas proposé d’en faire autant, mais d’établir un horaire qui est puisse diminuer les prélèvements et rétablir les comptes de l’état).
-Qu’un senior qui part trop tôt en retraite empêche l’embauche de 3 à 4 jeunes. Cause du chômage très élevé des jeunes. Une grave erreur de pensée ou d’analyse qui nous a coûté très chère pendant plus de 30 années : « Plus on mettra des seniors tôt en retraite plus il y aura de travail pour nos jeunes » ! C’est tout l’inverse.
-Que la durée de vie augmente tous les jours, y compris en bonne santé de 7 heures par jour, soit 24 ans depuis 1945.
-Qu’avant Covid, il manquait 25% de PIB, soit 25% d’heures travaillées, payées, c’est proportionnel dans presque tous les pays, pour que la France ait des comptes positifs, soit un manque de 11.500 heures par salarié sur la durée de vie. Ce qui pourrait représenter 40h et retraite à 65 ans, comme dans beaucoup de pays qui ont ainsi une meilleure gestion que la France avec beaucoup moins de dette et un niveau de vie supérieur.
-Que nous sommes le seul pays à avoir adopté la retraite à 60 ans très vendeur pour l’élection présidentielle de 1981.
-Que nous sommes le seul pays à être passé aux 35 heures par semaine, car très vendeur pour le peuple !!!
-Que nous avons en Europe, un des plus faibles taux d’emploi des seniors.
-Qu’en 1970, 75 % des 55-64 ans travaillaient ; ce chiffre est tombé à 38,7 % en 1995.
-Que notre productivité globale n’a pas arrêté de diminuer pour se situer à la 29ème place.
-Que ce rattrapage de productivité après les 35 heures demandé aux salariés, a beaucoup joué sur le moral des français.es, au point de devenir un des pays les plus pessimistes, les plus stressés, le plus consommateur d’anxiolytiques, ayant un taux de suicides élevé, de dépression, d’animaux de compagnie…
-Que l’Allemagne qui travaille plus de 5 années de plus que nous, engrange 350 milliards que nous par année.
-Que 6 pays ont des départs à 67 ans, 1 à 66 ans, 10 à 65 ans, 6 à 64 ans. Nous, avec 62 ans nous nous ridiculisons au vu de l’Europe. Toutes les manifs pour s’accrocher aux 62 ans font penser que ces français très gâtés n’ont toujours pas compris comment fonctionne l’économie et veulent « enterrer » définitivement leur pays. Et comment font ces pays avec la pénibilité pour arriver à 67 ans ? Alors que chez nous c’est déjà presque impossible pour 62 ans ? ? ?
-Que le nombre de naissances n’a pas cessé de diminuer depuis 2010, ainsi que le taux de recouvrement qui est passé de 2 à 1,8 en 4 ans.
-Que notre commerce extérieur et la balance commerciale vont de records en records négatifs.
-Que notre part de l’industrie a baissé beaucoup plus que tous les pays, passant de 23 à 13,4% contre 25,5% pour l’Allemagne.
-Que les délocalisations pour sauver une part de nos industries ont été très importantes. Une des principales causes de la baisse de notre tissu industriel notamment dans nos campagnes.

Alors pour conclure, il serait nécessaire que nos concitoyens travaillent plus pour dépenser plus et mieux, pour sauver l’état désastreux de notre pays.
Vu les manifestations, grèves qui s’enchaînent, on peut constater que nos concitoyens n’ont pas été, éduqués à la saine gestion d’un pays. Est-ce la cause de tous les dirigeants qui se sont succédé depuis des décennies sans prendre les bonnes mesures ? Sûrement, où ceux-ci ne veulent rien entendre par démagogie politique ? C’est aussi possible. Bien du courage au prochain gouvernement, s’il ne craint pas de dire la vérité aux français.es et ni peur pour sa réélection. Comme l’a fait le gouvernement Allemand de Schröder avec les réformes Hartz, qui a perdu ensuite les élections au profit de Madame Angéla Merkel, mais qui ont permis de remettre le pays dans la bonne direction avec des comptes positifs de 2012 à 2019 permettant une baisse de la dette de 22% en 7 ans, pendant que la France augmentait fortement sa dette et ses difficultés !
Un exemple à suivre…

www.danielmoinier.fr

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

1 commentaire on «Les concessions accordées sur le départ en retraite à 64 ans coûtent à l’Etat beaucoup plus qu’annoncé»

  • Deligny

    Quand la répartition ne fonctionne plus, il faut revenir à la capitalisation.

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