Tout semblait bien calme du côté des pensions de retraite en 2025… jusqu’à ce que l’ombre d’une réforme fiscale réveille les craintes des administrés concernés. Fort heureusement pour eux, le gouvernement n’a pas cédé à la demande de certains acteurs qui souhaitaient que l’abattement fiscal de 10 % pour les pensions de retraite soit supprimé.
Retraite : abattement fiscal, qu’est-ce qui change (ou pas) en 2025 ?

Mis en place en 1978, l’abattement fiscal forfaitaire de 10 % sur les pensions de retraite constitue un mécanisme stable du système fiscal français. Il s’applique automatiquement aux revenus déclarés, allégeant ainsi l’impôt dû par les retraités. En avril 2025, à l’ouverture de la campagne de déclaration des revenus de 2024, ce dispositif est reconduit et légèrement revalorisé, malgré les recommandations du Medef et du Conseil d’orientation des retraites (COR) en faveur de sa suppression.
Maintien de l'abattement fiscal forfaitaire
Malgré les nombreuses rumeurs qui circulaient, l'abattement fiscal forfaitaire de 10 % sur les pensions de retraite n’a pas été supprimé. Une simple ligne manquante dans l’interface de la déclaration en ligne a suffi à relancer les rumeurs les plus tenaces. Le site MoneyVox l’explique clairement : « ce qui a disparu, c’est uniquement la ligne visible dans la déclaration. Le fisc applique toujours automatiquement l’abattement ». L'UFC-Que Choisir (Union fédérale des consommateurs) le confirme également. Cet avantage fiscal, réservé aux retraités, s'appliquera donc bien aux revenus de 2024 déclarés, comme chaque année, lors de la déclaration 2025.
Concrètement, ce dispositif prévoit une déduction forfaitaire de 10 % sur le montant imposable des pensions de retraite, avec un plancher fixé à 442 euros par personne et un plafond à 4 321 euros par foyer fiscal. Cet abattement est automatique : il ne nécessite aucune démarche de la part du contribuable.
Une revalorisation technique de 1,8 %
Outre son maintien, l’abattement fiscal forfaitaire de 10 % appliqué aux pensions de retraite a été revalorisé de 1,8 %. Cette évolution correspond à l’ajustement annuel prévu pour tenir compte de l’inflation.
Ainsi, et conformément à l’évolution de l’indice des prix (hors tabac), le montant minimum déductible est passé de 442 à 450 euros par personne, tandis que le plafond maximal a été relevé de 4 321 à 4 399 euros par foyer fiscal.
Un dispositif qui résiste mais divise
Malgré le maintien de ce dispositif, celui-ci n'est en rien le fruit d'un consensus, loin s'en faut. Le président du Conseil d’orientation des retraites (COR), Gilbert Cette, a ravivé la polémique en janvier 2025 en déclarant que cet avantage pourrait être supprimé pour contribuer à la réduction des déficits publics. Il estimait alors que cette suppression pourrait générer « environ 4 milliards d’euros d’économies ».
Le Medef (Mouvement des entreprises de France), qui suit de près le dossier, avait alors renchéri sur cette proposition. Patrick Martin, son président, avait en effet qualifié l’abattement fiscal forfaitaire de 10 % pour les retraités de « dispositif aberrant » et « contre-nature ». À l’inverse, Pierre Madec, économiste à l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques), avait tenté de rassurer les contribuables concernés en apportant de la nuance à ladite proposition du COR et du Medef, arguant que : « la suppression pourrait être justifiée, à condition qu’elle soit bien ciblée ».
Des positions qui s’appuyaient en partie sur la justification même de l’existence de ce dispositif, créé en 1978 pour compenser l’impossibilité, pour les retraités, de réduire leurs revenus déclarés — autrement dit, leur « impossibilité » à frauder. L’UNSA (Union nationale des syndicats autonomes) n’a pas manqué de réagir par une levée de boucliers, l’organisation estimant que la suppression du dispositif « toucherait 8,4 millions de retraités et rendrait imposables 500 000 d’entre eux », puisqu’elle augmenterait, in fine, le montant du revenu fiscal de référence des retraités.
Le sujet est loin d'être clos
S’il est maintenu pour l’année 2025, le sort de l’abattement fiscal de 10 % est tout sauf scellé. Plusieurs instances, parmi lesquelles figurent notamment le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO) et le Conseil d’orientation des retraites (COR), plaident pour sa suppression à moyen terme — une évolution qui pourrait être effective dès l’année prochaine, suivant la position que retiendra le gouvernement dans le cadre du projet de loi de finances pour 2026
Cette perspective suscite des craintes légitimes. La disparition de cet abattement rendrait imposables des personnes aujourd’hui exonérées, soit, les retraités modestes - ceux de la classe moyenne.