Résidence américaine à vendre : Trump réserve la « gold card » aux ultra-riches

Fini l’investissement dans l’économie réelle, place à l’argent facile ? Donald Trump vient de lancer une nouvelle carte de résidence américaine, réservée aux grandes fortunes. Baptisée « gold card », cette mesure spectaculaire fait débat avant même sa mise en place effective.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 26 février 2025 à 7h15
Résidence américaine à vendre : Trump réserve la « gold card » aux ultra-riches
Résidence américaine à vendre : Trump réserve la « gold card » aux ultra-riches - © Economie Matin
5 MILLIONS $La Gold Card coûte 5 millions de dollars.

Le 25 février 2025, le président américain Donald Trump a dévoilé sa nouvelle mesure phare en matière d’immigration : la « gold card ». Vendue à 5 millions de dollars (environ 4,8 millions d’euros), cette carte remplacerait l’actuel programme EB-5, en place depuis 1990. Alors que l’ancien dispositif exigeait la création d'emplois et un réel investissement économique, cette nouvelle offre semble avoir une approche radicalement différente. Mais que signifie concrètement cette « gold card », et quelles conséquences économiques pourrait-elle avoir sur les États-Unis ?

Qu’est-ce que la nouvelle « gold card » américaine proposée par Trump ?

Adieu EB-5, bonjour gold card : Trump choisit le luxe plutôt que l’emploi

En annonçant sa « gold card », Donald Trump propose une rupture franche avec le programme EB-5. Créé par le Congrès en 1990, le dispositif EB-5 permet actuellement à des étrangers d’obtenir une carte verte en investissant au minimum 800 000 dollars (environ 760 000 euros) dans des zones économiques défavorisées ou 1 050 000 dollars (environ 995 000 euros) ailleurs. Ce système impose aussi la création d’au moins 10 emplois américains, selon le site officiel des Services américains de citoyenneté et d'immigration (USCIS).

La nouvelle carte de Trump, au contraire, ne requiert aucune création d’emploi, ni même d’investissement direct dans une entreprise locale. Pour 5 millions de dollars, soit près de cinq fois le prix initial du programme EB-5, les riches investisseurs obtiendraient directement une résidence permanente aux États-Unisn selon la CNN.

Voici un comparatif clair entre l'ancien et le nouveau programme :

Critère Ancien dispositif (EB-5) Nouveau dispositif (« gold card »)
Investissement 800 000 $ à 1 050 000 $ 5 000 000 $
Obligation d'emploi Oui (10 emplois minimum) Non
Voie vers citoyenneté Oui Oui
Sélection par richesse Limitée Très élevée, exclusive

« Une carte pour les riches » : éligibilité et attractivité du dispositif

La cible est claire : les « riches », selon les propres mots de Donald Trump. Commerce Secretary Howard Lutnick précise que ces individus devront passer par un processus de vérification strict, visant à éliminer toute « fraude et absurdité » du programme EB-5 actuel, relate Deutsche Welle.

Pire. Selon le journal ukrainien Kyiv Independent, désormais mondialement connu pour être une source majeure pour suivre le conflit avec la Russie, Donald Trump serait même favorable à ce que cette Gold Card soit accessible aux oligarques russes. « Je connais quelques oligarques qui sont très sympas », a déclaré le président des Etats-Unis.

Les implications économiques de la « gold card » de Trump

Résidence permanente à prix d’or : un dispositif très rentable ?

La « gold card » américaine serait l’un des programmes les plus chers du monde. À titre comparatif, les programmes européens ou canadiens, souvent appelés « golden visas », demandent des investissements immobiliers ou bancaires bien inférieurs, généralement autour d’un million d’euros.

Trump affirme qu’un million de cartes pourraient être vendues, générant ainsi un potentiel de 5 000 milliards de dollars de revenus immédiats pour le gouvernement américain. Selon lui, ces nouveaux résidents paieront « beaucoup de taxes » et auront un impact positif direct sur l’économie.

Mais à quel prix pour la société américaine ?

Cette manne financière immédiate pose toutefois plusieurs questions. Alors que le programme EB-5 favorisait directement l'économie réelle et l'emploi, la « gold card » pourrait favoriser une élite mondiale sans garantir de retombées économiques réelles à long terme. L’absence d’obligation d’investissement concret ou d’emploi inquiète d’ores et déjà certains observateurs, qui craignent une « marchandisation » exacerbée de la résidence américaine.

Gold Card : des risques réels d’une immigration exclusivement financière

Avec la « gold card », Trump propose une véritable rupture : la résidence aux États-Unis ne se mérite plus par la contribution réelle à l'économie américaine, mais s'achète purement et simplement. Ce dispositif ambitieux pose cependant des questions économiques et éthiques. En ciblant directement les plus grandes fortunes, il pourrait créer un précédent préoccupant, renforçant l’image d’une immigration à deux vitesses aux États-Unis. Reste à voir si le Congrès acceptera ce changement radical des règles du jeu.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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