Réseaux sociaux : les 11-12 ans de moins en moins présents

Réseaux sociaux : le désengagement des pré-ados

Les plus jeunes sont de moins en moins présents sur les réseaux sociaux. Alors qu'en 2022, 87 % des enfants de 11 et 12 ans étaient actifs sur les réseaux sociaux, ils ne sont plus que 71 % en 2023. Mais que s'est-il donc passé ? Emmanuel Berne, directeur associé de l'agence Heaven, évoque plusieurs raisons à ce recul. D'abord, l'actualité tragique a joué un rôle majeur. Les suicides des jeunes Lucas et Lindsay, victimes de cyberharcèlement, ont marqué les esprits, poussant les parents à être plus vigilants. Ajoutons à cela la fermeté croissante des plateformes qui suppriment davantage les comptes des mineurs. Et, fait notable, les enfants semblent, pour une fois, respecter les décisions parentales en matière de restriction.

Tous les réseaux sociaux ne sont cependant pas logés à la même enseigne. Si TikTok et Snapchat ont vu leur popularité décroître drastiquement parmi les plus jeunes, YouTube, lui, continue de régner en maître. Avec 60,5 % des enfants qui s'y connectent régulièrement, la plateforme vidéo demeure une référence. D'abord utilisée pour visionner des dessins animés, elle est maintenant plébiscitée par les enseignants comme outil pédagogique et par les jeunes qui suivent assidûment leurs influenceurs favoris. WhatsApp n'est pas en reste, séduisant 43 % des enfants grâce, notamment, à la fonction "status" et aux groupes familiaux.

L'arrivée de l'intelligence artificielle ne change rien pour l'instant

Par ailleurs, la technologie ne cesse d'innover et d'offrir de nouvelles alternatives. My AI, propulsé par ChatGPT et présenté comme l'« ami virtuel » de Snapchat, est l'exemple parfait de cette évolution. Même si 40 % des enfants ont déjà entendu parler de ChatGPT, rares sont ceux qui l'ont vraiment expérimenté. Emmanuel Berne, observant ce phénomène, note une prise de recul : « Ils perçoivent que c'est un robot ». Les jeunes semblent garder une certaine distance vis-à-vis de ces "compagnons" digitaux.

Face à ce bouleversement, assistons-nous à une véritable mutation des habitudes ou est-ce un simple caprice passager ? L'année 2024 s'annonce déjà comme un tournant. Elle pourrait confirmer cette tendance ou, au contraire, la réfuter. La législation française, toujours en mouvement, joue aussi sa part. Le Parlement a voté une loi restrictive, demandant aux réseaux sociaux d'interdire l'accès aux moins de 15 ans sans l'accord parental. Une mesure qui pourrait définitivement influencer la présence des jeunes sur ces plateformes.