Réseau électrique : RTE dévoile son plan à 100 milliards

Le gestionnaire du réseau de transport d’électricité, RTE, se lance dans un chantier titanesque. Celui-ci a officiellement dévoilé son plan d’investissement de 100 milliards d’euros d’ici à 2040, jeudi 13 février 2025.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Publié le 13 février 2025 à 13h13
RTE, réseau électrique, plan, investissement, 2040
Réseau électrique : RTE dévoile son plan à 100 milliards - © Economie Matin

100 milliards d'euros. Un chiffre qui a de quoi donner le tournis, en particulier au vu de la dette publique de la France, qui s'élève désormais à plus de 3 400 milliards d'euros (115 % de son PIB). RTE voit grand. Son plan d'investissement vise trois objectifs principaux : le renouvellement et la modernisation des infrastructures existantes, le déploiement et le raccordement des sources de production d'électricité renouvelable au réseau national, et une adaptation des infrastructures face aux aléas climatiques.

Le plan de RTE pour moderniser le réseau électrique national

Ce n'est plus un secret depuis plusieurs mois, voire des années. Le réseau électrique national français est vieux, trop vieux. Une grande partie de ses infrastructures, en effet, a été construite après-guerre. Certaines lignes haute tension ont plus de 70 ans. De fait, et en raison de l'augmentation de la consommation d'électricité et du développement de l'industrie bas-carbone, la modernisation du réseau national est dès plus urgente. Le plan d’investissement présenté par le gestionnaire RTE représente le plus grand effort depuis le déploiement du programme nucléaire français des années 1970.

Concrètement, RTE prévoit des travaux sur 40 000 km de lignes, parmi lesquelles 23 500 km sont à renouveler, ainsi que 85 000 pylônes et 400 postes électriques pour un coût total estimé à 24 milliards d’euros d'ici à 2040. Cet effort vise à moderniser un réseau vieillissant tout en le rendant plus résistant aux tempêtes et aux vagues de chaleur. Certaines infrastructures situées en zone inondable, notamment, seront surélevées pour éviter les risques liés à la montée des eaux. D'autre part, la France s'est donné pour objectif que l'électricité représente la moitié de son mix énergétique d'ici à 2050, contre 25 % actuellement, les énergies fossiles représentant encore 60 % du mix. Un objectif ambitieux qui lui incombe d'investir massivement dans ses infrastructures électriques pour garantir un transport fluide et éviter la saturation des lignes, notamment dans les régions les plus industrielles.

Raccordements au réseau national et des milliers d'emplois à la clef

Sur les 100 milliards d’euros prévus, 53 milliards seront consacrés au raccordement des nouvelles infrastructures énergétiques et industrielles au réseau national, afin de répondre à la demande française, mais aussi en vue d'exporter une partie de la production. En tête de liste figurent les futurs parcs éoliens offshore (en mer) et les prochains réacteurs EPR2 d'EDF. La priorité sera néanmoins donnée aux besoins des industriels français, leur consommation étant prévue pour exploser dans les années futures, en autre, à Dunkerque, Le Havre ou encore Fos-sur-Mer. Autre axe prioritaire de RTE : le développement des centres de données pour les plus grandes entreprises françaises, et étrangères (allemandes notamment), les plus énergivores. RTE prévoit également de renforcer « la colonne vertébrale du réseau » à hauteur de 17 milliards d’euros, et auxquels s'ajouteront d'autres investissements (pour les interconnexions avec les pays voisins, ainsi que pour la recherche et le développement afin d'optimiser le réseau, etc).

L’ensemble du projet créera aussi entre 8 000 et 12 000 emplois par an jusqu’en 2030 selon les estimations de RTE. Ces recrutements concerneront aussi bien les ouvriers en charge de la maintenance et de la construction des infrastructures que les ingénieurs spécialisés dans la gestion du réseau électrique.

Où trouver l'argent ?

Financer un tel plan dans un contexte de dette publique dépassant 3 400 milliards d’euros représente un défi de taille. RTE assure que cet investissement sera amorti sur 40 ans et que son impact sur la facture d’électricité des Français restera limité. La taxe TURPE (TURPE 7), qui représente un quart de la facture d'électricité des Français - qui a augmenté de 7,7 % pour la HTA-BT et de 9,6 % pour la HTB au 1ᵉʳ février 2025 - ne devrait pas connaître de hausses immédiates, rassure le gestionnaire, celle-ci ayant en effet été calculée pour la période 2025-2028.

Les Français ont néanmoins de quoi rester sceptiques, ceux-ci ayant déjà vu leur facture d'électricité augmenter de 44 % depuis la crise énergétique lancée avec la guerre en Ukraine (février 2022). L’évolution des coûts dépendra aussi d’autres facteurs, comme la consommation réelle, l’inflation ou encore les taux d’intérêt liés aux emprunts obligataires et aux prêts prévus par le gestionnaire auprès de la Banque européenne d’investissement (BEI) notamment.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

Aucun commentaire à «Réseau électrique : RTE dévoile son plan à 100 milliards»

Laisser un commentaire

* Champs requis