Rentrée scolaire : déjà un premier appel à la grève !

La rentrée scolaire 2024 s’annonce tendue, avec un appel à la grève lancé pour le 10 septembre par plusieurs syndicats enseignants, notamment la FSU-SNUipp, la CGT Éducation et Sud Éducation. Ce mouvement de contestation survient dans un contexte politique particulier, marqué par l’absence d’un nouveau ministre de l’Éducation nationale, l’absence de gouvernement et le tour de force d’Emmanuel Macron. La généralisation des évaluations nationales dans toutes les classes, du CP au CM2, est au cœur des revendications des enseignants.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 27 août 2024 à 6h20
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greve, école, éducation nationale, gouvernement, menace, professeur - © Economie Matin
114En France, en moyenne, on compte 114 jours de grève pour 1000 salariés chaque année.

Une grève déjà prévue dans l’Éducation nationale

L'année scolaire 2024-2025 débute dans un climat d'incertitude politique sans précédent. À moins d’une semaine de la rentrée, la France se trouve sans ministre de l’Éducation nationale en poste. Nicole Belloubet, ancienne ministre, continue d'assurer les fonctions par intérim, mais sa légitimité est largement remise en question.

Selon Guislaine David, secrétaire générale du SNUipp, « on n'a jamais fait une rentrée avec une ministre démissionnaire ». Cette situation, jugée ubuesque par le syndicat, pose des problèmes majeurs quant à la mise en place des directives pour la nouvelle année scolaire. La conférence de presse de rentrée prévue pour le 27 août 2024, dirigée par Nicole Belloubet, est également critiquée pour son manque de légitimité, car elle s'appuie sur des orientations fixées par l'ancien gouvernement, non représentatives des attentes actuelles des enseignants et des familles.

Une appel à la grève qui fait écho à celui lanbcé par Sophie Binet, à la tête de la CGT, qui a promis au gouvernement une rentrée offensive de la part des syndicats.

Les évaluations nationales : un point de friction majeur

Au cœur des revendications syndicales se trouve la généralisation des évaluations nationales à toutes les classes du primaire, du CP au CM2. Initialement réservées aux classes de CP, CE1 et CM1, ces évaluations sont désormais étendues à l’ensemble des élèves du cycle primaire.

Les syndicats estiment que ces évaluations, en se concentrant principalement sur des compétences spécifiques comme la vitesse de lecture et certaines compétences en mathématiques, négligent des aspects essentiels du processus éducatif, tels que la compréhension des textes. Guislaine David a déclaré que « ces évaluations ne sont pas utiles pour les enseignants et surtout, elles vont avoir pour conséquence de réduire la liberté pédagogique ». Cette liberté, jugée fondamentale par les syndicats, est menacée par des « injonctions » perçues comme directives rigides et centralisées, allant à l’encontre de l’autonomie des enseignants dans leur pratique quotidienne.

Une mobilisation le 10 septembre en réponse à une politique éducative controversée ?

L’appel à la grève du 10 septembre, lancé par la FSU-SNUipp, la CGT Éducation et Sud Éducation, vise à dénoncer ces évaluations nationales et, plus largement, à critiquer la politique éducative actuelle. Les syndicats reprochent au gouvernement de mettre en place des mesures qui, selon eux, n’apportent aucune amélioration réelle aux conditions d’apprentissage des élèves. En effet, les évaluations nationales sont accusées d’être « inutiles » car elles n’ont « pas d’effet positif » sur la réussite des élèves, comme l’indique Guislaine David sur FranceInfo.

Le climat d’incertitude lié à l’absence d’un ministre légitime, combiné à la mise en place de ces nouvelles évaluations, exacerbe les tensions au sein du corps enseignant. Les syndicats appellent donc à une forte mobilisation, espérant ainsi peser sur les décisions politiques futures et orienter la politique éducative vers des solutions plus adaptées aux besoins réels des élèves et des enseignants.

Une rentrée scolaire sous le signe de la grève pour les élèves et les familles

La grève du 10 septembre risque d’avoir des conséquences sur les élèves et leurs familles, surtout dans un contexte de rentrée déjà tendu. Les écoles maternelles et élémentaires seront les plus touchées par ce mouvement, les enseignants étant invités à se joindre massivement à cette journée de protestation. Les familles, qui espéraient une rentrée sereine après les vacances d’été, devront faire face à cette mobilisation qui perturbera le début des cours et les routines scolaires.

Les syndicats mettent en garde contre les conséquences de ces évaluations généralisées, qui, selon eux, risquent de renforcer les inégalités entre les élèves, notamment ceux en difficulté, en imposant des standards uniformisés qui ne tiennent pas compte des spécificités individuelles et des rythmes d’apprentissage variés.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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