Longtemps vantée pour sa capacité à attirer les investisseurs, la France semble moins intéresser les entreprises. Le grand projet de réindustrialisation semble battre de l’aile. À l’inverse, les États-Unis se frottent les mains.
Réindustrialisation : les investisseurs fuient la France, direction les États-Unis !
La réindustrialisation commence à battre de l’aile
La réindustrialisation, ce grand projet visant à redynamiser l’économie française par la relocalisation d’activités industrielles, semble aujourd’hui marquer un coup d’arrêt. Les dernières données révèlent une tendance préoccupante : les entreprises européennes préfèrent investir aux États-Unis, attirées par des politiques fiscales avantageuses et des coûts énergétiques compétitifs. C’est en tout cas la conclusion du 9e baromètre mondial des investissements industriels, réalisé par Trendeo, McKinsey et l’Institut de la Réindustrialisation.
En 2024, pour la première fois, les investissements industriels européens vers la région Amériques (notamment les États-Unis) surpassent ceux destinés à l’Europe. Selon le baromètre, 37 % des montants investis par les groupes industriels européens sont allés vers des projets outre-Atlantique, contre seulement 33 % pour ceux situés sur le Vieux Continent. Une chute significative, comparée à 2023 où l’Europe captait encore 48 % de ces investissements.
Les raisons d’une telle attractivité américaine
Les États-Unis se sont imposés comme la première destination des investissements directs étrangers grâce à plusieurs facteurs clés. D’une part, l’Inflation Reduction Act (IRA). Cette législation, introduite sous l’administration Biden, offre des crédits d’impôt généreux aux industriels. Elle cible des secteurs stratégiques comme les énergies renouvelables et les technologies de pointe. Autre avantage : la production massive de gaz et d’électricité aux États-Unis réduit les coûts énergétiques, un argument décisif pour les industriels, généralement de gros consommateurs. Enfin, depuis le premier mandat de Donald Trump, les entreprises européennes observent de près les opportunités offertes par un marché américain moins contraignant.
En France, la situation illustre bien ce phénomène : l’investissement industriel chute de 10 % en 2024. Le solde net des ouvertures d’usines est prévu négatif pour la première fois depuis 2015-2016, avec une perte estimée à 15 sites industriels. Des secteurs phares comme la pharmacie et la métallurgie subissent un ralentissement marqué, que le dynamisme dans les énergies renouvelables ne parvient pas à compenser.