Référent harcèlement : quel bilan après un an de lutte ?

Depuis la rentrée 2023, chaque établissement scolaire en France compte un référent harcèlement. Un an plus tard, quels sont les résultats de cette initiative sur la prévention et la gestion du harcèlement scolaire ?

Stephanie Haerts
Par Stéphanie Haerts Publié le 26 août 2024 à 15h30
harcèlement référent
Référent harcèlement : quel bilan après un an de lutte ? - © Economie Matin

Il y a un an, le ministre de l'Éducation nationale de l'époque, Pap Ndiaye, lançait avec ambition le dispositif de référents harcèlement dans chaque école de France. Cette initiative visait à intensifier la lutte contre le harcèlement scolaire. Un an après, alors que certains établissements témoignent d'améliorations, d'autres déplorent un manque de formation et de ressources.

D’importants progrès observés

Dans des établissements comme celui de Florent Martin à Argelès-sur-Mer, le référent harcèlement a été une réelle plus-value. « On a très vite vu les effets », explique-t-il dans des propos rapportés par BFM TV, se réjouissant de l'expertise acquise par sa conseillère principale d'éducation à travers six demi-journées de formation. Cependant, dans d'autres coins de France, certains chefs d'établissement signalent une absence totale de formation, laissant les équipes démunies et sans soutien réel.

Au lycée d’Argelès-sur-Mer, l'introduction d'un référent a permis de mieux identifier et gérer les cas de harcèlement, résultant en une augmentation des interventions efficaces. « Cette année, nous avons dû intervenir sur dix situations sévères; l'une a débouché sur une exclusion définitive », partage Florent Martin, proviseur du lycée sur BFM TV. Au-delà de la gestion des crises, la formation des référents a été une priorité. Au lycée où Florent Martin officie, la conseillère principale d'éducation a reçu une formation transformant la lutte contre le harcèlement en un effort collectif de sensibilisation. Chaque classe a bénéficié de séquences pédagogiques dédiées, témoignant d'une prise de conscience généralisée.

Un manque de volontaires formés

Malgré les succès, certains établissements peinent à suivre le rythme. À Chartres, le proviseur Yann Massina signale un manque de volontaires formés, empêchant la constitution d'une équipe robuste. « Faute de volontaires, les quatre personnes intéressées ont renoncé après la première formation », regrette-t-il, soulignant une disparité dans la mise en œuvre du programme.

Christophe Gruson, secrétaire national du Snalc (Syndicat national des lycées, collèges, écoles et du supérieur) en charge du premier degré, critique un déploiement inégal. « Dans les faits, le travail revient souvent au directeur », explique-t-il sur BFM TV, révélant que de nombreuses écoles n'ont toujours pas de référent harcèlement malgré l'obligation nationale. Plusieurs établissements, surtout dans le premier degré, se trouvent sans référent harcèlement assigné. Florence Comte, directrice d'une école élémentaire à Puget-Ville, exprime sa frustration : « Nous n'avons reçu aucune consigne », déplore-t-elle, soulignant un manque de directive claire malgré les annonces du ministère.

Une nécessité de revoir l’approche globale

Là où le programme a été pleinement appliqué, les chefs d'établissement notent une nette amélioration dans la détection et le traitement des cas de harcèlement. Laurent Le Drezen de Hyères parle d'un vrai suivi avec des résultats palpables grâce à un investissement académique conséquent. La comparaison entre les années précédentes montre une hausse des cas traités, signe d'une meilleure identification plutôt que d'une augmentation du harcèlement. Dans des écoles ayant intégré le dispositif, les résultats sont parfois impressionnants. Des projets comme le prix « Non au harcèlement » ont mobilisé les élèves et ont aidé à sensibiliser et à prévenir activement le harcèlement. Ces initiatives montrent que lorsque les outils sont en place, l'impact est réel et bénéfique pour l'environnement scolaire.

Malgré les progrès observés dans certains établissements, le bilan global reste contrasté. Sylvie Perron, de la CFDT éducation, insiste sur le fait que le référent harcèlement « ne peut être la seule solution » et appelle à une mise en œuvre plus large des enquêtes de climat scolaire pour détecter les problèmes avant qu'ils ne s'aggravent. De son côté, Pour Christophe Gruson ce dispositif est encore balbutiant avec une mise en œuvre disparate à travers le territoire. Cette variabilité dans l'application et l'efficacité du programme souligne le besoin urgent de standardisation et de support continu de la part des autorités académiques.

Une réaction ? Laissez un commentaire

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre Newsletter gratuite pour des articles captivants, du contenu exclusif et les dernières actualités.

Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

Aucun commentaire à «Référent harcèlement : quel bilan après un an de lutte ?»

Laisser un commentaire

* Champs requis