Le gouvernement a présenté un tableau plutôt optimiste de la réduction du déficit et de l’endettement du pays pour les années 2023-2027. De son côté, le Haut Conseil des Finances Publiques (HCFP) pointe du doigt des faiblesses dans cette approche, notamment un manque d’alignement avec les engagements européens et des hypothèses de croissance trop favorables.
Réduction du déficit : le gouvernement se fait taper sur les doigts
Le gouvernement français prévoit un recul significatif du déficit public, de 4,8 % du PIB en 2022 à 2,7 % en 2027. Des chiffres remis en question par le HCFP, qui les juge tardifs par rapport aux objectifs européens et aux progrès réalisés par d'autres pays de la zone euro. En outre, le Haut Conseil, un organisme rattaché à la Cour des Comptes, critique la fiabilité des hypothèses macroéconomiques sur lesquelles s'appuie le plan de réduction du déficit. Par exemple, la projection de croissance de 1,4% en 2024 est bien supérieure au consensus des économistes, qui est de 0,8%. Le HCFP met également en évidence que les objectifs du gouvernement reposent sur une croissance économique « élevée » et sur une série d'éléments comme le taux d'investissement des entreprises ou le taux d'épargne des ménages, qui ne sont pas garantis.
Un plan fragile pour la réduction du déficit
Le président du HCFP, Pierre Moscovici, a exprimé sans détour que la trajectoire financière prévue par le gouvernement manque « de crédibilité ». Une absence d'ambition est également soulignée dans le contexte des engagements européens de la France. L'adoption de ce plan est cruciale car elle conditionne l'obtention de milliards d'euros de fonds européens du plan de relance. Bruno Le Maire, ministre de l'Économie et des Finances, a averti que sans vote favorable de ce texte, 17,8 milliards d'euros seraient bloqués pour les années 2023 et 2024, et 28 milliards d'euros seraient à risque jusqu'en 2026.
Des risques pèsent sur les fonds européens
L'optimisme du gouvernement français en ce qui concerne la réduction du déficit et l'endettement pour les années 2023-2027 est clairement en décalage avec l'analyse du HCFP. Le Conseil appelle à plus de prudence et de réalisme dans les projections, tout en soulignant l'importance cruciale du désendettement pour affronter de futurs chocs économiques et financer la transition écologique. Le chemin vers l'adoption du projet de loi sur les finances publiques pourrait donc être plus complexe que prévu, surtout si le gouvernement souhaite obtenir les fonds européens cruciaux pour son plan de relance.