PPWR : les industriels de l’emballage plastique s’engagent face aux enjeux écologiques et sanitaires

La préservation de notre tissu industriel en France est un enjeu majeur, à l’heure où le nombre de fermetures d’usines a dépassé le nombre d’ouvertures et où le pays importe massivement des produits finis plastiques (17 Mds USD) de Chine². Cette situation est préoccupante car, au-delà des iniquités concurrentielles, elle impacte l’industrie du recyclage en France qui est de moins en moins régionale et ce, au détriment des objectifs écologiques.

Elipso
By Gaël Bouquet Published on 9 février 2025 8h30
recyclage plastique
PPWR : les industriels de l’emballage plastique s’engagent face aux enjeux écologiques et sanitaires - © Economie Matin
50%50 % des déchets retrouvés et sur les plages de l’Union européenne sont des produits plastiques à usage unique.

Dans ce contexte, l’entrée en vigueur du règlement européen sur les emballages et déchets d’emballage (PPWR) est une excellente nouvelle pour l’environnement et pour l’industrie avec un cadre assurant la circularité des emballages plastiques et une « clause » de limitation des importations. D’application directe, sans besoin de mesure de transposition, il a pour effet d’unifier les cadres nationaux. Il reviendra aux États-membres, en particulier l’exécutif français, d’adapter certaines lois (lois AGEC, Climat et résilience) ou règlements (décrets réemploi, QCE notamment) désormais incompatibles dans certaines de leurs composantes avec ce texte auquel ils doivent nécessairement obéir.

Mais nous, industriels, n’avons pas attendu le règlement européen et ses objectifs 2030 pour prendre nos responsabilités et engager nos investissements. D’après une enquête récente, les investissements des fabricants français d’emballages plastique liés à l’économie circulaire et aux nouvelles réglementations ont augmenté de 3 % entre 2023 et 2024. Ils concernent la recyclabilité des produits, l'intégration de matières recyclées, la réduction, la décarbonation et le réemploi.

Pour s’assurer d’un approvisionnement en matière première recyclée (MPR) de qualité, 29 % des entreprises du secteur pratiquent elles-mêmes une activité relative au recyclage sur l’un de leurs sites de production³. Les fabricants d’emballages en plastique se sont fermement engagés en faveur de la décarbonation dans leurs feuilles de route en se soumettant pour nombre d’entre eux à la rigueur du Science Based Targets initiative (SBTi).

Ainsi, la filière s’adapte, innove et propose des réponses aux enjeux de décarbonation, de lutte contre la pollution et de préservation de la sécurité sanitaire. Nous développons actuellement, via Elipso, une feuille de route déclinant un ensemble d’actions concrètes et quantifiées sur ces 3 axes. Dans le cadre de ce projet, les industriels iront encore plus loin dans leurs engagements au travers de la réduction des emballages à usage unique inutiles, de l’allégement des emballages en plastique⁴, de réemploi, d’éco-conception et d’intégration dans leurs produits de matières recyclées avant l’échéance de 2030 mais également au travers de l’application des normes en matière de pertes (GPI et OCS) et des actions de sensibilisation auprès des acteurs de la chaîne de valeur.

Cependant, il est aussi crucial d’impliquer tous les acteurs de la chaîne aval : centres de tri, recycleurs, gestionnaires de déchets, collectivités locales. En effet, traiter la seule dimension de la production des emballages plastique ne résoudra pas la question écologique.

L’abandon, la mise en décharge (29 %⁵) et l’incinération des déchets plastiques dans notre pays sont autant de facteurs qui nuisent à l’impact environnemental du secteur et qui font de la France le mauvais élève de l’Europe avec un taux de recyclage de 24 % seulement.

La circularité des emballages en plastique, elle-même impactée mécaniquement par cette situation (plus on abandonne et plus on enfouit et moins on recycle), est pourtant la clé du problème.

L’amélioration du tri par les usagers, de la performance des installations de tri et l’interdiction de la mise en décharge constituent des facteurs tout aussi prégnants de lutte contre la pollution plastique.

Comme le souligne l’OCDE, **« la combinaison de politiques en amont, en milieu de chaîne et en aval entraîne une baisse quasi immédiate des fuites de macroplastiques dans l’environnement et une quasi-élimination des fuites d'ici à 2040 »**⁶.

Le règlement européen, par l’harmonisation des cadres nationaux et son approche transversale « multi-matériaux », contribue à globaliser l’approche environnementale des emballages.

La politique nationale doit entrer dans son sillage avec cohérence par une application uniforme et lisible. Elle doit prendre garde à ne pas cloisonner les obligations règlementaires, les acteurs et prendre appui sur l’analyse des transferts d’impacts lorsqu’il est fait le choix de substituer un matériau par un autre.

Elipso s’est d’ores et déjà rapproché des parties prenantes du secteur pour co-construire sa stratégie holistique.

Dans ce cadre, la responsabilité en partage permettra une implication coordonnée et répondant aux enjeux environnementaux et sanitaires de l’ensemble de la chaîne de valeur, le tout en se dégageant de la « guerre de matériaux ou de produits » qu’on pourrait être tentés de mener au détriment de l’intérêt commun.

¹ ELIPSO est le syndicat le plus représentatif de son secteur en France : il représente 75 % des industriels fabricants d’emballages en France (8 mds d’€ sur 11 mds d’€) (source : étude ELIPSO – XERFI 2024).
² Voir en ce sens Rapport d’analyse sur la guerre économique, Secteur des plastiques et composites 2024, page 16 et 21.
³ Source : ELIPSO-XERFI 2024
⁴ Les emballages plastique ont été allégés de 7 % depuis 2022 et, pour la moitié d’entre eux, de 17 % depuis 2018 (source : Enquête ELIPSO-XERFI 2024).

5 Source : Rapport de Plastics Europe 2022.
6 Rapport OCDE - Scénarios politiques pour l'élimination de la pollution plastique d'ici 2040, pages 28 et 29 : « Pour  éliminer complètement les fuites de plastique, il est essentiel de renforcer, d’une part, le recyclage et, d’autre part,  d'améliorer la collecte, le tri et le traitement des déchets : ces améliorations en matière de recyclage et de tri aboutiraient respectivement à 26 % et 44 % de la réduction totale des fuites ». Le scénario de l’OCDE ainsi conçu, « apporte également des avantages considérables à la santé humaine, notamment en atténuant les effets négatifs sur la santé humaine associés aux pratiques dangereuses d'élimination des déchets, tels que la pollution de l'air due à l'incinération à ciel ouvert »

Elipso

Délégué Général d’Elipso.

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