À l’heure de l’urgence écologique, la filière de recyclage française affiche un chiffre d’affaires en croissance. Mais derrière cette façade prospère, elle crie à l’alarme face à des coûts en hausse, une demande en berne et des défis administratifs.
Alerte sur la filière du recyclage en France
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Publié le 12 octobre 2023 à 18h00
12 MILLIARDS €Le chiffre d'affaires des entreprises du recyclage en France en 2022.
La demande pour les matières recyclées s'effondrent
En 2022, le vent semblait souffler en faveur des entreprises du recyclage. Avec un chiffre d'affaires avoisinant les 12 milliards d'euros, en hausse de 8% par rapport à 2021, tout portait à croire à une industrie florissante. Mais cette croissance cache une réalité plus amère. Si les ventes grimpent, les profits, eux, s'essoufflent. Les raisons ? Une hausse inquiétante des coûts énergétiques et des frais de transport. Ces dépenses incontournables pour le secteur rognent désormais les bénéfices, rendant la situation financière précaire pour bon nombre d'entreprises.
La filière plastique est le miroir des difficultés du secteur. Jadis plébiscitées, les matières recyclées voient aujourd'hui leur demande s'effondrer, coincées entre la baisse du prix du baril de pétrole et l'attrait renouvelé pour les matières vierges. Les grands acteurs industriels, notamment ceux focalisés sur l'emballage, délaissent le recyclé au profit du neuf. François Excoffier, à la tête de Federec, pointe du doigt un « tsunami législatif ». Des changements réglementaires successifs et parfois drastiques qui compliquent la tâche des professionnels et ébranlent plusieurs filières.
Des entreprises en quête de solutions et d'innovations
Au cœur de cette tourmente, 1 200 entreprises tentent de maintenir le cap, employant plus de 34 000 personnes sur le territoire français. Chaque année, elles s'attellent à produire des millions de tonnes de matières recyclées, un travail colossal pour une industrie en pleine mutation. Mais face aux coûts croissants, à la baisse des matières collectées et à un paysage législatif en perpétuel mouvement, ces entreprises sont en quête de nouvelles solutions, de nouveaux modèles pour perdurer.
Pour Manuel Burnand, directeur général de Federec, le futur est à double tranchant. D'un côté, les entreprises ont su démontrer leur résilience en 2022, ajustant leurs tarifs face à l'augmentation des charges. De l'autre, les prévisions pour 2023 tracent un horizon moins radieux. Collectes en déclin, matières premières recyclées en perte de valeur et complexité administrative croissante dessinent un avenir incertain. Le défi est de taille : repenser et innover pour ne pas laisser la filière s'essouffler.