Comprendre les premiers reculs du télétravail…

Nul n’est en mesure de porter aujourd’hui un jugement définitif crédible sur l’impact du télétravail dans l’activité quotidienne. L’influence de l’Intelligence artificielle (IA) peut compliquer la donne. D’autant qu’ignorer son impact sur le travail à terme n’a pas de sens. La bascule, tous azimuts sur les marchés de ses nouveaux logiciels, n’a pas encore commencé.

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Par Jacques Martineau Publié le 20 janvier 2024 à 9h30
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teletravail, france, tendance, baisse, recul, management - © Economie Matin
69%69% des employeurs ont noté une meilleure fidélisation de leurs talents après avoir opté pour le télétravail

Doit-on parler de retour en arrière ?

Le retour en entreprise vient de l’Ouest. Il est prôné avec vigueur en particulier dans le numérique aux Etats-Unis : GAFAM, GOOGLE, AMAZON, etc., que c’était eux qui avaient encouragé et usé de ces pratiques à distance. Le questionnement à propos du télétravail concerne des entreprises de toutes tailles, mais principalement les grands groupes, les entreprises de taille intermédiaires et les moyennes entreprises. Si la plupart des « grands » ont compris l’intérêt de l’IA générative, comment apprécier un recul en nuances du télétravail et les conséquences pour les autres ?

Un premier souci, commun à la plupart des « on dit » évoque l’absence prolongé sur le lieu de travail. Une gêne évidente, connue par avance. L’équilibre à trouver n’est plus simple avec la force des habitudes. Les comportements se sont accommodés du travail à la « maison ». La présence « in situ » peut apparaître pour certains comme une contrainte avec les conditions d’horaires et le trajet domicile-lieu de travail.

Raisons et conditions d’un recul déclaré

L’absence longue durée voire permanente du lieu de travail est un réel handicap pour l’entreprise. Les rencontres, les confrontations, la mobilisation comme la communication sont la vie de l’entreprise. Le numérique et le vocal à distance ne sont pas comparables. C’est l’essentiel du lien social, source de motivation qui a été altéré.

Face à ses souhaits, l’IA impacte le fonctionnement et la productivité des entités dans tous les domaines qu’il s’agisse entre autres de la finance, la publicité et le marketing, la recherche et la production, etc. L’IA favorise également les études de plans stratégiques. La cybersécurité demeurera un problème majeur qui réclame une vigilance permanente, toujours difficile à, à appréhender et à maîtriser « sur place ».

Deux façons d’agir s’affrontent une réaction soudaine ou une approche progressive. Le choix de la décision appartient aux patrons et dirigeants. Qui sera concerné ? Doit-on parler encore d’un télétravail partiel ? De présence obligatoire ? De refus des « passe-droit » ? Comment reloger le personnel, réaménagement et adaptations des locaux, moyens matériels et numériques, positionnement géographiques, coûts, etc. ?

Le télétravail fait partie intégrale de l’entreprise

Le télétravail est désormais une réalité économique, financière et malgré tout sociale dans une certaine mesure. Parmi les atouts, au-delà du reproche du « cocooning », lié à un certain confort, l’élimination du transport quotidien et une certaine indépendance. Un retour précipité peut avoir des conséquences sur la productivité. Le nouvel équilibre à retrouver entre l’activité individuelle et l’activité en groupe se situe au niveau du besoin d’une réintégration importante et obligatoire « in situ ». Quelques cas seulement peuvent encore être acceptables pour des périodes d’absence plus importantes.

Qu’adviendra-t-il à l’avenir ? Comment, dirigeants et salariés trouveront-ils ensemble la meilleure façon d’optimiser travail et confort, lien social et bien-être au bénéfice de tous ? Le plus grand souci demeurera l’adaptabilité et la fonctionnalité de moyens de toute nature comme l’intégration de l’IA dans la vie quotidienne professionnelle. peut compliquer la donne. Attention le télétravail ne peut être un droit. Il est un accommodement opérationnel choisi au service de l’entreprise et de ses salariés.

Pourquoi les patrons font marche arrière sur le télétravail

Interview 20 minutes du 06/12/23

Le télétravail s’est réellement démocratisé depuis 2020. Les avantages sont multiples. Or, après trois années d’expérimentation et d’adoption, les directions s’interrogent. Dan Guez, Cofondateur du groupe opensourcing.com témoigne

Alors que le télétravail, quand il est bien organisé, n'impacte pas négativement la productivité des salariés selon différentes études, les patrons sont tentés de rappeler leurs effectifs à la maison, enfin sur site quoi. 

Après la marche forcée, demi-tour toute. Le télétravail s’est développé à grande vitesse avec la crise du Covid et les confinements à répétition. Grâce à ce nouvel équilibre des temps, les salariés ont expérimenté un nouvel équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, en supprimant, par exemple, les trajets domicile-bureau et en gagnant en autonomie dans l’aménagement de leurs heures de travail.

Depuis quelques mois, un changement de « ton » commence à se faire entendre. Une tendance particulièrement notoire outre-Atlantique. Les Gafam semblent avoir opéré une marche arrière sur le « full remote » qu’ils appelaient pourtant de leurs vœux auparavant. Meta, Google, Amazon ou encore le géant de la visioconférence, Zoom auraient rappelé leurs troupes sur sites. « Il est tout simplement impossible d’avoir une bonne conversation lors des réunions à distance. » Une étonnante ironie de l’histoire.

Dan Guez, cofondateur du groupe opensourcing.com, observe également ce retournement de situation en France.

Les entreprises en sont-elles revenues de cette pratique ?

Pour les entreprises, il y a de nombreux désavantages à la généralisation du télétravail. Plusieurs inconvénients me sont très souvent cités par les chefs d’entreprise ou les managers que je rencontre. A commencer par l’isolement et la perte de socialisation. Au-delà de l’enthousiasme initial, la solitude générée par le travail à distance s’est révélée être l’un des premiers effets secondaires du télétravail. Les interactions spontanées, les discussions informelles autour de la machine à café, les déjeuners en équipe, tous ces petits riens qui tissent le lien social en entreprise ont disparu pour bon nombre de télétravailleurs. Cet isolement peut conduire à une perte de sentiment d’appartenance et de la dynamique de groupe.

La confiance en soi, voire, la santé psychologique peuvent-elles être affectées ?

La distance physique entre les salariés et les managers peut éroder la confiance mutuelle. Le stress et l’anxiété peuvent monter, non seulement liés à l’isolement, mais également au fait de se sentir déconnecté des décisions et de la vie de l’entreprise. Le manque de frontières claires entre vie professionnelle et vie personnelle peut également engendrer une surcharge de travail et un épuisement professionnel. Et n’oublions pas les problèmes de santé physique. Les douleurs musculaires et les maux de dos liés à un poste de travail mal adapté à la maison sont des problèmes récurrents. L’investissement dans des équipements ergonomiques n’est pas toujours une priorité pour les employés en télétravail, ce qui peut conduire à des problèmes de santé à long terme.

Parmi les témoignages que vous avez entendus : les troubles du sommeil et les horaires atypiques sont souvent cités. Pourquoi ?

Le télétravail a parfois conduit à des horaires de travail prolongés ou atypiques, qui peuvent perturber les rythmes circadiens et conduire à des troubles du sommeil. Cela affecte directement la productivité et le bien-être des salariés. Un certain ennui peut s’installer chez les télétravailleurs, qui peuvent se sentir stagnants dans leur développement professionnel. L’absence de changement d’environnement et la routine du travail à domicile peuvent contribuer à ce sentiment.

Une baisse de la productivité a-t-elle été observée ?

Oui et c’est ce que j’appelle l’effet « cocooning ». On ne va pas se mentir, le confort de la maison peut mener à un effet cocooning, réduisant la combativité et l’implication des salariés dans la vie de l’entreprise. Ce qui a aussi pour effet de diminuer le nombre de rendez-vous physiques chez les clients pendant les jours de télétravail. Soyons honnêtes, le domicile, contrairement à l’environnement contrôlé du bureau, est rempli de tentations et d’interruptions potentielles. Des tâches ménagères aux interruptions par des membres de la famille, en passant par la facilité d’accès à des loisirs personnels, les distractions sont nombreuses et variées. Même le simple fait d’avoir accès à une nourriture constante ou à un téléviseur peut s’avérer être une tentation difficile à ignorer. Sans la supervision directe, la productivité et l’efficacité peuvent souffrir de la présence de distractions à domicile.

Pourtant, le télétravail est pratiquement comme un acquis social aujourd’hui…

C’en est un pour les salariés qui peuvent désormais exiger cette flexibilité comme condition d’emploi. Cela représente un défi pour les entreprises qui préféreraient revenir à des modèles plus traditionnels. Mais aujourd’hui on rencontre de plus en plus de salariés qui veulent absolument avoir des jours de télétravail, qu’ils viennent au travail à pied ou qu’ils vivent plus loin. Le télétravail présente un intérêt certain pour ceux qui passent de longues heures dans les transports. Il répond à un besoin de rationaliser le temps et de réduire l’empreinte carbone des déplacements professionnels. Ce ne doit pas être une fin en soi mais un avantage qui va permettre aux salariés d’être moins stressés et aux entreprises d’augmenter leur productivité.

Les salariés attendent une valeur ajoutée pour revenir au bureau. Que peut-on imaginer ?

Vous avez raison, l’enjeu actuel est de parvenir à un équilibre entre les avantages du télétravail et l’importance d’un espace de travail collaboratif et dynamique. Dans cet esprit, les patrons expérimentent diverses méthodes pour enrichir l’expérience de bureau. Pour le coup ce sont des expériences nouvellement testées par des connaissances, je n’ai cependant pas assez de recul pour mesurer l’efficacité de ces initiatives.

Certains bureaux se transforment pour offrir des services qui ajoutent une valeur considérable à la journée de travail des employés. Ces services peuvent inclure des installations de crèche pour les parents, des espaces de détente et de méditation, des salles de sport, des services de restauration saine et gourmande, voire des conciergeries qui s’occupent des tâches quotidiennes des employés. Des cours de bien-être tels que le yoga, la méditation ou le Pilates sont proposés pour encourager une pause mentale et physique durant la journée de travail. Ces activités aident non seulement à combattre le stress, mais aussi à renforcer le sentiment de communauté et le bien-être général.

Les espaces de bureau sont réaménagés pour être plus accueillants et inspirants. Des zones de collaboration, des espaces verts, des zones de repos, et des bureaux modulables sont conçus pour stimuler la créativité et la productivité, tout en offrant une expérience que le travail à domicile ne peut répliquer. Des cours de musique et autres initiatives culturelles sont parfois mis en place pour enrichir l’expérience des employés. Ces activités créatives permettent non seulement de développer de nouvelles compétences, mais aussi de renforcer les liens entre collègues à travers des passions partagées.

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Après un long parcours scientifique, en France et outre-Atlantique, Jacques Martineau occupe de multiples responsabilités opérationnelles au CEA/DAM. Il devient DRH dans un grand groupe informatique pendant 3 ans, avant de prendre ensuite la tête d'un organisme important de rapprochement recherche-entreprise en liaison avec le CNRS, le CEA et des grands groupes du secteur privé. Fondateur du Club Espace 21, il s'est intéressé aux problèmes de l'emploi avec différents entrepreneurs, industriels, syndicalistes et hommes politiques au plus haut niveau sur la libération de l'accès à l'activité pour tous. Il reçoit les insignes de chevalier de l'Ordre National du Mérite et pour l'ensemble de sa carrière, le ministère de la recherche le fera chevalier de la Légion d'Honneur.

1 commentaire on «Comprendre les premiers reculs du télétravail…»

  • Bonjour à tous.

    Cet article met en lumière l’essor du télétravail ces dernières années et les défis qui en découlent pour les entreprises et les salariés. Alors que le télétravail univirtual offre des avantages indéniables tels que la flexibilité et l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle, il expose également à des risques, notamment en termes d’isolement, de perte de lien social et de problèmes de santé. Dans ce contexte, la mise en œuvre de pratiques et d’outils de devops peut jouer un rôle crucial dans la gestion efficace du télétravail. Devops, en favorisant la collaboration, l’automatisation des processus et la communication transparente au sein des équipes de développement et d’exploitation, peut contribuer à atténuer les défis du télétravail. Par exemple, les pratiques devops telles que l’automatisation des déploiements et la gestion des configurations peuvent garantir la cohérence et la fiabilité des environnements de travail à distance. De plus, les outils devops de suivi des problèmes et de communication en temps réel facilitent la collaboration entre les membres de l’équipe, même lorsqu’ils travaillent à distance. En intégrant les principes de devops univirtual dans leur stratégie de télétravail, les entreprises peuvent non seulement maximiser la productivité et l’efficacité de leurs équipes, mais aussi créer un environnement de travail à distance plus collaboratif, sécurisé et propice au bien-être des employés.

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