L’annonce d’Emmanuel Macron portant sur la reconnaissance de la Palestine pourrait faire bouger les lignes au Moyen-Orient. Derrière les grands mots de politique internationale, que signifie la reconnaissance de l’État palestinien ?
Reconnaissance de la Palestine par Emmanuel Macron : ce que vous devez savoir

Ce mercredi 9 avril, le président de la République a déclaré sur France 5 que la France pourrait reconnaître officiellement l’État de Palestine dès le mois de juin 2025. Cette annonce a été faite alors que la guerre entre Israël et le Hamas continue de faire des milliers de morts. Loin des conférences diplomatiques et des jeux de pouvoir internationaux, cette décision pourrait pourtant changer le visage du conflit au Proche-Orient.
La reconnaissance de la Palestine, ça veut dire quoi ?
Aujourd’hui, la Palestine n’est pas un État reconnu par tous. Environ 139 pays sur près de 200 ont déjà reconnu son existence officielle, mais la France ne l’a jamais fait. En reconnaissant la Palestine comme un État, la France l'accepterait officiellement comme un pays à part entière, avec les droits que cela implique : avoir une ambassade, signer des traités, porter des plaintes devant des instances internationales, etc.
Pour Emmanuel Macron, ce geste ne doit pas être unilatéral. Il veut que d'autres pays arabes reconnaissent Israël en échange, dans un effort de paix réciproque, afin de « permettre à tous ceux qui défendent la Palestine de reconnaître à leur tour Israël ».
Pourquoi maintenant ? Parce que la guerre continue
La déclaration intervient dans un contexte très tendu. Depuis le 7 octobre 2023, la guerre entre Israël et le Hamas a fait plus de 36 000 morts à Gaza. En Israël, environ 1 300 civils ont été tués dans les premières attaques. Ce conflit provoque des tensions jusque dans les rues françaises, où les positions des uns et des autres ravivent des fractures communautaires et politiques.
Envisager la reconnaissance d’un État palestinien, c’est essayer d’ouvrir une porte vers une paix durable, en créant les bases d’une coexistence entre deux États, l’un palestinien, l’autre israélien. C’est ce qu’on appelle la solution à deux États, soutenue depuis longtemps par la France sans qu’elle n’ait été appliquée.
Est-ce que cela peut changer quelque chose dans votre quotidien ?
À première vue, cette reconnaissance pourrait sembler lointaine. Mais elle peut avoir des effets concrets, y compris en France :
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Sur la politique étrangère : La position de la France pourrait renforcer sa voix sur la scène internationale, dans un monde où les conflits se répercutent rapidement au niveau global.
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Sur la sécurité intérieure : Une reconnaissance équilibrée — qui soutient les droits des Palestiniens tout en affirmant le droit d’Israël à exister — pourrait aider à calmer les tensions communautaires, souvent exacerbées par la perception d’une politique injuste. D'un autre côté, elle pourrait inciter les populations en faveur de la Palestine à mener d'autres combats, en estimant que la stratégie du Hamas peut fonctionner sur d'autres sujets.
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Sur l’image de la France : Dans les pays arabes, ce geste pourrait être perçu comme un signe d’équité, susceptible de renforcer les liens économiques, culturels ou diplomatiques.
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Sur le droit international : Cela permettrait à la Palestine de faire valoir davantage ses droits dans les institutions internationales, notamment en matière de justice et de droits humains.
Est-ce que ça peut aider à arrêter la guerre ?
Pas immédiatement. La reconnaissance ne mettra pas fin au conflit entre Israël et le Hamas, ni aux violences dans la bande de Gaza. Mais elle pourrait relancer les discussions de paix, si elle s’accompagne d’une reconnaissance mutuelle. Ce serait un signal fort envoyé aux deux camps : la communauté internationale ne veut plus d’un statu quo sanglant.
Comme le rappelle la ministre palestinienne Varsen Aghabekian Shahin, cette décision serait « conforme à la défense des droits du peuple palestinien et à la solution à deux États ». Pour Israël, ce serait aussi une forme de garantie, car Macron insiste et veux « être clair pour lutter contre ceux qui nient le droit d’Israël à exister », comme l’Iran.
Et maintenant ? Prochaine étape en juin
Le président Macron a fixé un rendez-vous en juin, lors d’une conférence internationale organisée avec l’Arabie saoudite à New York. Ce sera l’occasion de mettre cette reconnaissance sur la table — et peut-être d’enclencher une dynamique globale de paix.
Ce geste n’est pas qu’un symbole. Il est peut-être le début d’un basculement dans une région en crise depuis des décennies. Un basculement que la France veut encadrer avec des principes clairs et une vision de long terme.