Récession : alerte rouge de JPMorgan après les annonces de Trump

Le vent tourne sur les marchés et les certitudes économiques vacillent. Tandis que les discours protectionnistes reprennent de la vigueur, certains analystes scrutent les indicateurs avec une inquiétude à peine voilée. L’idée d’une nouvelle tempête n’est plus réservée aux pessimistes.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 4 avril 2025 à 7h30
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Récession : alerte rouge de JPMorgan après les annonces de Trump - © Economie Matin
24%Les nouvelles barrières douanières porteraient le taux effectif de taxation des importations à 24 %

Depuis le 3 avril 2025, le spectre de la récession revient hanter les prévisionnistes de Wall Street. Ce jour-là, Donald Trump a dévoilé une batterie de mesures tarifaires qualifiées par JPMorgan de « tournant décisif » vers une politique commerciale hostile. L’avertissement lancé par la banque d’investissement est d’une clarté brutale : la probabilité d’une récession aux États-Unis grimpe à 60 %.

Les États-Unis au bord de la récession selon JPMorgan

L’alerte n’est pas venue d’un pamphlet politique, mais d’un mémo technique adressé aux clients de JPMorgan. Dans cette note interne citée par le WSJ, Bruce Kasman, économiste en chef mondial de la banque, n’a pas fait dans la demi-mesure : « There will be blood » (« Il y aura du sang »), a-t-il prévenu, évoquant les conséquences potentielles du programme de droits de douane proposé par Donald Trump.

La bourse n’a pas tardé à réagir. À Wall Street, les indices ont vacillé, reflet d’un climat d’incertitude aggravé par cette offensive commerciale. Trump a annoncé une taxe de 10 % sur tous les biens importés, accompagnée de surtaxes spécifiques visant 60 partenaires commerciaux, dont la Chine, le Japon et l’Union européenne. Même des territoires déserts de l’Antarctique n’ont pas échappé à cette logique punitive.

JPMorgan évalue que ces nouvelles barrières douanières porteraient le taux effectif de taxation des importations à 24 %, soit une hausse de 22 points de pourcentage. Traduction : une ponction équivalente à 2,4 % du PIB américain. C’est tout simplement la plus grande augmentation des taxes depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, précise la note, dans ce qui constitue ni plus ni moins qu’un séisme fiscal déguisé en politique commerciale.

Tarifs douaniers et récession : un cocktail explosif pour la finance

La finance mondiale n’a pas besoin de beaucoup pour s’affoler. Une déclaration imprudente, une mesure mal calibrée, et voilà les courbes qui s’affaissent. Les analystes de JPMorgan ne se contentent pas de décrire une menace hypothétique. Ils tracent un scénario chiffré : la probabilité d’une récession mondiale grimpe de 40 % à 60 % si les politiques annoncées sont maintenues. Ils n’hésitent pas à parler d’un « choc macroéconomique important ».

Ces tarifs agissent, selon eux, comme une taxation indirecte sur les ménages et les entreprises, qui verront le prix des produits importés — des denrées alimentaires aux véhicules — exploser. L'inflation repartirait à la hausse, sapant la confiance des entreprises et désorganisant les chaînes d’approvisionnement. Les mots sont choisis, mais le ton est glaçant : « La politique commerciale américain a pris un tournant clairement moins pro-business que ce que nous avions anticipé ».

Si la récession n’est pas encore inéluctable, JPMorgan souligne toutefois que seule une inflexion rapide des décisions politiques permettrait d'éviter le pire. À ce stade, tout le monde guette les réactions des partenaires commerciaux, qui pourraient lancer des représailles et ainsi accélérer la dynamique récessive.

Le pari politique de Trump, au risque d’une perte économique

Mais pourquoi un tel baroud protectionniste ? La stratégie de Donald Trump vise à séduire un électorat industriel nostalgique de l’Amérique des usines et des ateliers. Il promet le retour de la production nationale, des emplois bien rémunérés, et l’inversion des déficits commerciaux chroniques.

Pourtant, la perte potentielle est immense. Les économistes rappellent que les précédents épisodes de guerre commerciale — notamment ceux de 2018-2019 — avaient déjà démontré leur inefficacité. Pire : ils avaient alourdi la charge pour les consommateurs américains, sans gain réel d’emplois manufacturiers. Les investisseurs se souviennent également de la chute brutale des marchés lors des précédents chocs tarifaires.

À cela s’ajoute un contexte économique tendu : ralentissement chinois, fragilité de l’économie européenne, tension sur les matières premières. Les États-Unis n’évoluent pas en vase clos. Une onde de choc tarifaire pourrait amplifier des déséquilibres déjà bien ancrés.

L’économie sous haute tension, la récession en embuscade

Le scénario n’est pas encore joué, mais le signal d’alarme est désormais lancé. Les États-Unis pourraient entrer en récession d’ici la fin de l’année si les politiques tarifaires de Donald Trump sont maintenues en l’état. Et avec eux, une bonne partie de l’économie mondiale.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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