La situation économique de la zone euro inquiète de plus en plus la Banque Centrale Européenne. Crise dans le secteur énergétique, hausse des prix à la consommation… voilà qui augmente encore le risque de récession. Et les banques pourraient connaître des difficultés sur le moyen et long terme, ce qui fait planer le risque d’une crise systémique.
La récession a 80% de chances d’arriver selon la BCE
Près de 80 % de chances que la zone euro soit en récession
Dans sa dernière Revue de stabilité financière, la Banque Centrale Européenne est loin d’être sereine. Désormais, selon ses prévisions, il y a 80% de chances que la zone euro soit en récession en 2023. La confirmation des prévisions déjà noires qu’elle avait dévoilé en septembre 2022. La BCE anticipait alors un risque d’une récession de 1% pour la BCE en 2023, à cause de la guerre en Ukraine et de l’envolée des prix. Avant cette crise, si la croissance devait ralentir par rapport à 2021 lorsqu’elle a été exceptionnelle, et même à 2022, l’économie de la zone euro devait rester dans le vert. La BCE prévoyait un scénario de référence avec une croissance de 0,9% en 2023.
Mais l’horizon s’assombrit, semble-t-il, alors que la crise en Ukraine s’enlise. Elle fait grimper les prix à la consommation, l’inflation en France ayant atteint le record de 6,2% en octobre 2022. Et les ménages sont les premiers touchés. Les deux moteurs majeurs de l’inflation sont l’énergie et l’alimentation, qui ont allègrement franchi la barre des 10% de hausse de prix en un an.
Un risque systémique sur les crédits ?
Pour lutter contre l’inflation, la BCE relève ses taux directeurs. Dernière hausse en date : fin octobre 2022. Après une nouvelle hausse des taux de 0,75%, le taux principal, celui de refinancement, est passé à 2%. Et ce n’est probablement pas la dernière hausse qui sera annoncée. « Je crois que le principal risque pour la stabilité financière aujourd'hui, c'est le fait d'avoir une inflation aussi élevée », a commenté mercredi 16 novembre 2022 Luis de Guindos, vice-Président de la BCE. Comprendre : l’établissement va continuer sa politique de hausse des taux jusqu’à la stabilisation des prix et la baisse de l’inflation.
Mais cette politique a un corollaire : « on observe des signes de détérioration de la qualité du crédit ». L’augmentation des taux directeurs conduit directement à une augmentation des taux des crédits accordés aux particuliers et aux professionnels. Or, des taux élevés présentent un plus gros risque d’insolvabilité.
Les banques sont donc à un moment charnière. Dans les mois qui viennent, les taux élevés des crédits qu’elles accordent vont augmenter leurs gains. Mais à moyen et long terme, ces mêmes taux élevés présentent un risque : les emprunteurs pourrait ne plus réussir à les rembourser.