Ce mercredi, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) a pris une décision marquante qui secoue le paysage audiovisuel français : C8 et NRJ 12 ne se verront pas réattribuer leurs fréquences sur la TNT. En lieu et place, Ouest-France TV et RéelsTV auront l’opportunité de développer de nouvelles chaînes. Une décision qui s'inscrit dans un contexte de sanctions répétées contre C8, mais qui soulève également des interrogations sur l'avenir des chaînes concurrentes.
L’Arcom en action : une décision attendue
L’Arcom a coupé court aux spéculations en annonçant les résultats de la réévaluation des chaînes candidates à la diffusion télévisuelle. Cette annonce a fait l'effet d’une onde de choc dans les milieux médiatiques, notamment pour le groupe Bolloré qui détient C8 et CNews. « L’Autorité va désormais établir des conventions avec chacun des candidats retenus, condition indispensable à la délivrance d’une autorisation d’usage de la ressource radioélectrique sur la TNT », précise l’Arcom dans son communiqué.
Les mises en garde concernant C8 étaient déjà dans l'air, notamment en raison des amendes cumulées qui s’élèvent à 7,5 millions d’euros, conséquences d’une gestion des contenus jugée laxiste. La chaîne s'était engagée à améliorer sa ligne éditoriale en modifiant son émission phare, « Touche pas à mon poste ! », tout en ajoutant un différé de diffusion pour éviter de nouvelles sanctions.
Nouveaux entrants : Ouest-France TV et RéelsTV
L’arsenal législatif du secteur audiovisuel a permis aux nouvelles chaînes de se positionner sur le marché. RéelsTV, soutenue par Daniel Kretinsky, mise sur une approche axée sur le débat public, espérant séduire un public en quête d’authenticité dans l’information. De son côté, Ouest-France TV a le projet ambitieux de devenir « la chaîne de la vraie vie » depuis sa base à Rennes, se posant ainsi en alternative aux chaînes historiquement parisiennes.
Ces deux nouveaux entrants se différencient radicalement des chaînes existantes par leur promesse de proposer des contenus "proche des préoccupations quotidiennes des Français". Cette démarche pourrait apporter un vent de fraîcheur dans un paysage audiovisuel souvent critiqué pour son homogénéité.
Les répercussions sur l'écosystème médiatique
Le non-renouvellement des fréquences pour C8 et NRJ12 pourrait faire évoluer la dynamique de la concurrence dans le secteur. Alors que CNews, elle, a réussi à conserver sa fréquence malgré un passé controversé, cela soulève des questions sur la régulation de la pluralité des voix dans les médias. L’éventualité de voir C8 perdurer sur son contenu et sa ligne éditoriale fait débat, notamment parmi les observateurs qui dénoncent des dérives.
Maxime Saada, président du directoire de Canal +, défendait récemment l'idée que maintenir C8 et CNews permettrait de conserver un équilibre. Toutefois, cette position ne repose pas sur des bases solides, face aux critiques croissantes de la société civile et des responsables politiques. Le climat actuel est propice à de nouveaux défis pour l'audiovisuel français qui, avec ces mutations, devra naviguer entre innovation et responsabilité éditoriale.
L’Arcom a donc tranché dans le vif, ouvrant un nouveau chapitre pour la télévision française un brin secouée mais peut-être apte à se réinventer, au-delà des enjeux de fréquences, dans un monde où la diversité et la qualité de l’information sont plus que jamais sollicitées.