En RDC, le Groupe Forrest veut renforcer l’accès aux infrastructures de soin

Faisant face à de lourdes difficultés systémiques dans l’accès au soin, le pays d’Afrique centrale met progressivement en œuvre une couverture santé universelle. Pour pallier le manque criant d’infrastructures, la RDC peut aussi s’appuyer sur des initiatives privées, à l’image de l’hôpital CMC, un établissement géré par Groupe Forrest International ou encore du projet du minier TFM à Fungurume.

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Par Rédacteur Publié le 21 juillet 2024 à 8h00
D’après la Banque mondiale, la crise sanitaire a ainsi entraîné une chute drastique des consultations hospitalières et prénatales en RDC,
En RDC, le Groupe Forrest veut renforcer l’accès aux infrastructures de soin - © Economie Matin
64,72 MILLIARDS $Le PIB de la RDC en 2022 était de 64,72 milliards de dollars.

Un premier pas vers une couverture santé universelle (CSU) en République démocratique du Congo (RDC) ? Depuis septembre 2023, les accouchements et les soins des nouveau-nés pendant leurs 28 premiers jours sont, dans ce pays d’Afrique centrale, intégralement pris en charge. S’inscrivant dans le cadre de l’atteinte des objectifs de développement durable (ODD), cette initiative destinée à lutter contre les mortalités maternelle et infantile est soutenue par les Nations unies (ONU). Elle a, dès son lancement, bénéficié d’un financement de 42 millions de dollars, 200 millions de dollars supplémentaires ayant été provisionnés pour l’année 2024.

La couverture universelle, un engagement de long terme

Dans les cartons des autorités congolaises depuis 2019, le projet a été conduit par un Conseil national de la CSU (CNCSU) créé pour l’occasion. Lancé à Kinshasa par le président congolais en personne, Félix Tshisekedi, ce premier paquet de soins préfigurant une future couverture santé universelle a, depuis, été étendu à une dizaine de provinces de la RDC. Il devrait, d’ici à la fin de l’année, concerner l’ensemble du territoire congolais. Selon ses promoteurs, la future CSU congolaise devrait permettre d’« assurer », à l’horizon 2030, « l’accès pour tous à des services de santé essentiels de qualité ». « La mise en place de la couverture santé universelle est et a toujours été une priorité de notre gouvernement », avait, en septembre dernier, assuré Félix Tshisekedi lors du lancement de l’initiative à Kinshasa.

Si le principe d’un meilleur accès aux soins ne semble pas faire débat au sein de la société congolaise, sa mise en œuvre rencontre, cependant, quelques difficultés, certains établissements de santé déplorant que l’État ne rembourse les avances de frais que de manière incomplète, ou avec beaucoup de retard sur les délais annoncés. De quoi émouvoir le Syndicat national des médecins (Synamed) de RDC, qui s’est inquiété du risque d’un « fiasco complet » et qui a regretté, notamment, la non-prise en charge de certains actes (échographie, biologie, etc.). À l’inverse de l’Union nationale des infirmiers et infirmières du Congo (Unic), qui s’est quant à elle engagée à soutenir sans réserve le projet.

De nombreux obstacles

Priorité gouvernementale, la généralisation progressive de la CSU en RDC se heurte, par ailleurs, à un certain nombre d’obstacles inhérents au contexte congolais. Certains de ces freins sont structurels. Peuplé de plus de 100 millions d’habitants, le pays n’investit en effet que l’équivalent de 4 % de son PIB en faveur de la santé. La RDC affiche également l’un des taux de mortalité infantile les plus élevés au monde, avec 79 décès pour 1 000 naissances. Et, d’une manière générale, « la couverture en soins de santé de qualité pour la population de la RDC est encore insuffisante », comme le reconnaissent, noir sur blanc, les rédacteurs du Plan national de développement de la RDC pour la période 2019-2023.

En cause, selon la même source : le « déficit de satisfaction des besoins en infrastructures, en équipements, en médicaments et intrants essentiels ainsi qu’en personnel de santé de haut niveau ». À ces freins structurels s’ajoutent, enfin, des difficultés d’ordre conjoncturel. Dans un pays marqué par d’incessants conflits, crises humanitaires et épidémies de choléra, de rougeole ou d’Ébola, la pandémie de Covid-19 a achevé de déstabiliser un système de santé déjà exsangue. D’après la Banque mondiale, la crise sanitaire a ainsi entraîné une chute drastique des consultations hospitalières et prénatales en RDC, mais aussi un effondrement de la vaccination des enfants et une hausse significative de l’insécurité alimentaire comme des violences sexuelles et sexistes.

Avec le CMC de Lubumbashi, le groupe Forrest International opère un établissement de pointe dans le Haut-Katanga

Comme le laisse entrevoir ce sombre tableau, l’État congolais ne peut, en dépit du volontarisme affiché par ses élus et représentants, s’attaquer seul à la problématique de l’accès de sa population aux soins les plus élémentaires. L’intervention du secteur privé demeure donc, dans ce contexte, indispensable pour pallier les insuffisances de l’action publique. Un constat qui vaut, singulièrement, dans le domaine des infrastructures, qui demeurent très sous-dimensionnées au regard de la taille et des besoins de la population congolaise. Propriété de l’entreprise Groupe Forrest International (GFI), le Centre médical de la communauté (CMC) de Lubumbashi entend, justement, proposer une réponse à ce déficit d’infrastructures.

Situé dans le chef-lieu de la province du Haut-Katanga, dans le Sud de la RDC, le CMC dispose d’une cinquantaine de lits, d’une équipe soignante qualifiée (généralistes et spécialistes), d’un centre d’urgence accessible 24 h/24 et 7 j/7, le tout aligné sur les meilleurs standards internationaux, explique la communication du groupe. Le CMC dispose surtout d’équipements haut-de-gamme, rares dans la région, comme un scanner, une radio digitale et plusieurs échographes. Le CMC de Lubumbashi est, par ailleurs, le seul centre médical régional à avoir la capacité de délivrer une interprétation immédiate des résultats par un médecin radiologue.

Autre exemple, le minier TFM, qui a annoncé en octobre 2022, vouloir construire un hôpital général de référence à Fungurume, où il opère un vaste site minier, doté d’une capacité de 200 lits et à destination des 400 000 personnes de la communauté, comprenant de nombreux spécialistes, notamment des gynéco-obstétriciens, des pédiatries, médecins internes ou encore des chirurgiens. Un projet d’ampleur qui s’inscrit dans la volonté de TFM de faciliter l’accès aux soins de santé au sein de ses concessions minières.

Les autorités congolaises intensifient leurs efforts

Privé d’un côté, public de l’autre : l’amélioration de l’offre de santé en RDC marche sur ses deux jambes. Comme le rappelle le Plan de développement précédemment cité, « l’ambition du gouvernement est d’atteindre la couverture universelle des soins de santé primaire pour tous, d’ici à l’horizon 2030 ». Pour ce faire, les autorités visent plusieurs objectifs : développer des zones de santé et assurer la continuité des soins ; investir dans les infrastructures et équipements ; renforcer la gouvernance du secteur ; et améliorer l’accessibilité aux soins de santé de la mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent. En bref, un vaste chantier qui oblige les autorités politiques congolaises à la mobilisation.

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